Tour de l'Avenir : Coup de Trafalgar pour commencer

Crédit photo James Startt - Agence Zoom

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L'étape devait se conclure au sprint et sans danger pour les favoris : elle s'est finie samedi sur une échappée à cinq et l'un des principaux clients, le Britannique Tao Geoghegan Hart, prend 50" sur le peloton. « C'est plus qu'il n'en faut pour que la course soit pliée, râle le directeur sportif de l'Equipe des Etats-Unis, Mike Sayers. C'est simple, à part les Britanniques, tout le monde a mal couru ». Le coach de British Cycling, Keith Lambert, en remet une couche : « Comment les autres grimpeurs ont-ils laissé partir Tao ? J'imagine comment ils se sentent aujourd'hui : il faut qu'ils reprennent 50 secondes pour gagner le Tour de l'Avenir... ».


L'épreuve de référence pour les 19-22 ans s'est ouverte dans la confusion, dès la première étape tracée dans les gorges de la Loire. A la vérité, toutes les équipes misaient sur un sprint massif, la Grande Bretagne y-compris. « L'ennui, c'est que le Tour de l'Avenir se court de façon imprévisible », rappelle Stig Kristiansen, le boss des Norvégiens, l'un des rares à ne pas croire au sprint classique.

La course bascule au kilomètre 20, du côté de Vorey, à l'entrée d'un pont qui enjambe la Loire. Virage à droite, rétrécissement de chaussée... C'est la chute. Le peloton éclate. A l'avant, ils sont une quinzaine, avec une quarantaine de poursuivants, des écarts de presque trente secondes séparent les différents groupes. Selon plusieurs coureurs interrogés, la « confusion » règne pendant plusieurs minutes, le temps de comprendre où naviguent les uns et les autres.


LES FRANCAIS LIMITENT LA CASSE

Dans ce chaos, Tao Geoghegan Hart se retrouve bien placé sans trop l'avoir cherché. Il va revenir sur son coéquipier Gabriel Cullaigh, qui roule dans un petit groupe d'éclaireurs. C'est désormais une évidence : la Grande Bretagne est en train de monter un coup. Confirmation un peu plus loin quand le futur coureur du Team Sky se détache dans une montée et se retrouve dans un groupe de cinq qui va au bout, réglé par l'Italien Vincenzo Albanese.

David Gaudu était pourtant dans sa roue. Le coureur de l'Equipe de France, qui s'est engagé à la FDJ pour 2017, admet avoir commis « une erreur ». Il raconte : « Pierre Yves [Chatelon, le sélectionneur] m'avait bien dit de pointer Geoghegan Hart. J'ai laissé les autres faire, je ne pensais pas qu'il prendrait de suite autant d'avance. »


L'Equipe de France a cependant « limité la casse », comme l'explique Chatelon. A vingt kilomètres de l'arrivée, les échappées ont toujours plus de trois minutes d'avance (l'écart est monté jusqu'à 4'25"). Mais Nans Peters embraye, tout comme Valentin Madouas, voire Mathias Le Turnier. Chatelon : « On préfèrerait avoir 50 secondes d'avance que de retard, mais la course n'est pas finie... »


LES BRITANNIQUES REFUSENT DE CONTROLER LA COURSE


Gaudu relativise lui aussi : « On verra les conséquences de cette erreur dans une semaine. Soit Tao paiera les efforts de cette échappée, soit il gagnera le Tour de l'Avenir. Qui sait, il pourrait s'imposer pile avec 50 secondes d'avance... ».

Le directeur sportif des Italiens, Marino Amadori, penche pour la contre-performance : « Les échappées vont avoir cette étape dans les jambes. Ils vont souffrir par la suite, alors que le peloton a passé une journée presque tranquille ». D'ailleurs, la « Squadra Azzurra » prévient qu'elle ne défendra pas le maillot jaune dimanche, sur la deuxième étape entre Montrond-les-Bains (Loire) et Trevoux (Ain). « Ce qui va peut-être nous obliger à sortir de notre réserve et à revenir à nos schémas offensifs comme je les aime ! », glisse Pierre-Yves Chatelon.


La cause est entendue : les Britanniques doivent maintenant assumer le poids de la course. Et pourtant, ils refusent. « On a perdu un coureur sur chute, coupe Lambert. On a aussi deux autres grimpeurs. Si ça se trouve, ils passeront à l'attaque dimanche... ». Tao Geoghegan Hart sourit : « On a eu des surprises samedi, on devrait en avoir d'autres sur cette deuxième étape. Le Tour de l'Avenir est loin d'être fini ! »

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