Sacrifier l'Avenir pour se consacrer à la conquête de l'Europe. Le slogan est aussi puissant politiquement que sportivement. Par un chaud après-midi d'août, en plein coeur des Alpes, Bjorg Lambrecht enterrine sa décision : le lauréat de la Ronde de l'Isard décline le Tour de l'Avenir pour se consacrer à la préparation de l'Euro de Nice. Moins de deux heures plus tard, l'Union Européenne de Cycliste annonce l'annulation de l'événement sur la Côte d'Azur. "Et puis cette semaine, le Tour of South Bohemia est annulé et compromet ma préparation", souffle le grimpeur de poche belge.

Naviguant dans l'incertitude d'abord, il apprend à la mi-août le déménagement des Championnats d'Europe des horizons idylliques des Alpes-Maritimes vers les vallons du Morbihan, à Plumelec. "En soi, le circuit ne me désavantage pas non plus", juge l'Espoir 1 de Lotto-Soudal pour DirectVelo.

Grâce au stage du projet grimpeur dans les Alpes (lire ici), Lambrecht a constaté sa progression dès que les routes s'élèvent. Pas face aux meilleurs grimpeurs de sa catégorie, mais à l'entraînement dans les Vosges puis sur divers interclubs ainsi qu'au stage de cohésion au coeur des Ardennes belges la semaine dernière. "J'espère parvenir à franchir un cap supplémentaire dans le futur", explique le vainqueur surprise de la Ronde de l'Isard.

CAPABLE SUR LES ARRIVEES EXPLOSIVES

Propulsé leader tant chez Lotto que dans le groupe national, bien qu'il ne rechigne jamais à assister un coéquipier mieux placé que lui, Lambrecht semble l'atout numéro Un de la Belgique à l'approche de l'Euro. D'autant que la côte de Cadoudal (1,8km à 7,8%), juge de... paix à Plumelec, lui rappelle les pentes tchèques de Jesenik, là où il s'est imposé en juin à la Course de la Paix. "Cette victoire, la plus belle de ma carrière, est cruciale sur le plan moral", estime le petit escaladeur de Knesselare (1m 69 pour 54 kg). "J'ai pris conscience de mes capacités sur ces arrivées courtes et explosives, alors que je préfère les cols plus longs et usant. Aux GP des Marbriers et de la Magne, j'ai encore pu travailler mon explosivité dans les bosses."

Alors à 19 ans à peine, l'ancien Champion de Belgique Juniors risque de devoir gérer la pression inhérente à son statut d'outsider une fois débarqué en Bretagne. "J'espère avoir un peu été oublié pendant le Tour de l'Avenir", rigole-t-il. "Peut-être que certains me laisseront un peu de liberté. Et sinon, il faudra rester calme. J'ai beaucoup appris du Mondial de Richmond, l'an dernier, où je n'ai presque pas dormi la nuit avant la course. Depuis, je peux relativiser la pression. Personne ne me tirera une balle dans la tête si je ne deviens pas Champion d'Europe. Ma saison est déjà réussie, un bon résultat ajouterait simplement une cerise sur le gâteau", conclut le 4e du Challenge DirectVelo Espoirs qui bouclera ses préparatifs à partir de ce vendredi au Tour de Moselle.