Championnat d'Europe : Une première encourageante

Crédit photo Maxime Segers - DirectVelo.com

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Le premier Championnat d'Europe Elite sur route s'est refermé ce dimanche par une effusion de liesse lorsque Peter Sagan a rallié le sommet de la Côte de Cadoudal en vainqueur. La victoire était belle, confirmant la supériorité du Slovaque sur ce type d'arrivée et offrant à l'UEC un "le meilleur ambassadeur possible", selon son président David Lappartient. Mais ce premier Euro, qui vient se glisser dans une année déjà chargée par les Jeux Olympiques et un Mondial au Qatar retardé dans le calendrier, fut-il une véritable réussite sportive ?

UN CHRONO SANS CONCURRENCE

Les autorités politiques et sportives vanteront inévitablement le succès de l'événement déménagé en quatre semaines à peine de Nice à Plumelec mais le peloton n'a pas forcément suivi le mouvement. Le constat était flagrant jeudi, dans la lutte face à la trotteuse. Les absents ont toujours tort. Mais aucun des médaillés aux Jeux Olympiques, tous trois Européens, n'ont participé à l'épreuve. Fabian Cancellara, Tom Dumoulin et Chris Froome avançant divers arguments pour se détourner du premier Euro.

"C'est regrettable", avançait le Belge Victor Campenaerts 48 heures avant la conquête de sa médaille d'argent. "Cela ouvre forcément certaines possibilités pour des coureurs de mon calibre, mais la présence de Cancellara ou de Tony Martin aurait permis de donner un autre cachet à l'épreuve." A sa descente de podium, le Champion de Belgique de chrono ne pouvait que savourer sa médaille sans pour autant occulter la faible opposition. Aucun médaillé coureur au départ n'avait d'ailleurs remporté la moindre breloque sur un Mondial.

Jonathan Castroviejo, 4e des Jeux Olympiques, a lui confirmé son statut de favori en triomphant du temps pour remporter son premier titre international. "Il sera compliqué de gagner un mondial", conçoit l'Espagnol de Movistar, déjà 29 ans, et qui a reconnu ne pas avoir préparé spécifiquement ce Championnat. "C'est tout nouveau pour les pros et je suis certain que c'est un événement qui va devenir de plus en plus important au fil des années. Clairement, c'est un titre important et il prendra peut-être encore plus d'importance avec le temps. Je serai à jamais le premier dans le palmarès."

10 HEURES DE CAMPER VERS l'ENECO TOUR

La liste des partants de la course en ligne semblait, à première vue, plus attrayante. Certes, l'ancien Champion du Monde Michal Kwiatkowski a renoncé en dernière minute à s'aligner mais Philippe Gilbert, Peter Sagan et Rui Costa se sont bien présentés au départ. Tout comme Julian Alaphilippe, Fabio Aru, Petr Vakoc, Wout Poels ou Dan Martin. Pourtant, les absents restent nombreux. Pas de Valverde, pas plus que Joaquim Rodriguez ni le Champion Olympique Greg Van Avermaet. Certains avanceront la fin avancée d'une saison usante, d'autres le placement au calendrier, à la veille du départ de l'Eneco Tour qui attribue de nombreux points WorldTour essentiels à l'heure de négocier des contrats et de prolonger les licences d'équipes.

"Je n'ai pas eu de problème particulier pour construire une équipe", affirme Kevin De Weert. Le sélectionneur belge a pourtant dû composer un groupe sans Tim Wellens, Greg Van Avermaet, Oliver Naesen, Dries Devenyns voire même Tom Boonen qui auraient tous pu jouer un rôle sur ce circuit vallonné, presque ardennais, de Plumelec. "J'ai pu aligner les coureurs libres. Aucune équipe n'a manifesté de réserve en ce qui concerne les coureurs sélectionnés." Patrick Lefevere, manager d'Etixx-Quick Step, ne s'est pourtant pas retenu de critiquer l'événement dans la presse néerlandophone.

Chez les Belges toujours, Tiesj Benoot était l'unique à rejoindre Bolsward, au Nord des Pays-Bas, pour se présenter au départ de l'Eneco Tour ce lundi après-midi. Soit plus de 1050 kilomètres et 10 heures de route de nuit dans le camper familial conduit par son père, qui espérait arriver à destination à l'aube, vers 6 heures. "L'enchaînement n'est pas évident", confirme le jeune flandrien de Lotto-Soudal, qui affirme pourtant n'avoir jamais remis une participation en cause. "Il aurait peut-être été mieux placé quelques jours plus tôt." Avec, cependant, la difficulté d'un calendrier déjà dense avec la Vuelta et les Classiques Canadiennes disputées le week-end précédent.

UNE COMPLEMENTARITE

Le nouveau Champion d'Europe a lui opté pour une solution express, réglée une fois sa participation à Plumelec enterinnée. Sagan a d'ailleurs tenté de se soustraire à ses obligations envers la presse pour filer aussi vite que possible vers l'aéroport de Rennes où l'attendait un jet privé. "Il faut de l'organisation", s'amuse le Champion du Monde slovaque. "Je n'ai pas vraiment le temps de profiter."

La solution pour le futur semble donc de trouver une date alternative au calendrier afin d'attirer le plateau le plus sexy possible. Dès 2017, l'événement sera replacé à la mi-août. "L’attrait de la compétition en amènera d’autres", expose le président de l'Union Européenne de cyclisme David Lappartient, qui jure ne pas avoir soudoyé les vedettes mondiales pour se présenter au départ. "L’idée c’est de créer une complémentarité entre les Championnats du Monde et d’Europe. Quand les uns seront faciles, les autres seront plus difficiles."

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