Il s'était préparé à tout sauf à gagner. Equipier modeste tant dans les rangs de l'équipe nationale du Danemark qu'au Team Roskilde, son club, Jakob Egholm a finalement terminé la journée drapé de... l'arc-en-ciel de Champion du Monde Juniors. "Gagner en solo, je l'avais déjà fait au Danemark mais de là à y parvenir sur un Mondial", s'étonne-t-il.

18 ans, un style atypique sur le vélo et un gabarit de puncheur, Egholm a littéralement écrasé les pédales lors des 10 derniers kilomètres sur le circuit de The Pearl au Qatar. Présent avec ses coéquipiers Kron et Johanssen dans l'échappée décisive de 19 hommes, il est parti en duo avec le prometteur Johanssen avant de finir en solo. "Je ne m'attendais jamais à résister à des mecs forts comme McNulty. Ce n'est qu'après la flamme rouge que j'ai commencé à comprendre ce qui m'arrivait !"

Il lève les bras en coupant la ligne et ses poursuivants se présentent à peine en bout de ligne droite. Voilà, de loin, son plus beau succès inscrit à son palmarès qui ne comptait jusque là qu'une seule victoire en UCI, la première étape du Trophée Centre Morbihan. "En fait, je pensais me préserver pour le sprint pour accrocher une médaille car je suis rapide dans un petit groupe. Mais une opportunité s'est présentée et je m'y suis engouffré."

EMOTION

Au pied du podium, ses cinq coéquipiers fêtent la victoire et entonnent « Der er et yndigt land », l'hymne national du pays de la petite sirène. En larmes, Mikkel Bjerg ne parvient plus à contenir sa joie. "C'est mon meilleur ami alors le voir gagner une telle victoire, je suis ému", souffle le puncheur de Vaerlose, une bourgade au Sud de Copenhague. "Je sais qu'il a travaillé vraiment dur pour y arriver."

Le collectif danois s'est montré intraitable, couronnant cette unité formée par cinq représentants du Team Roskilde et un du Team Python. "Nous sommes plusieurs à vouloir gagner mais depuis des mois, nous avons préparé cet événement ensemble", affirme le Champion du Monde à DirectVelo. "On devait normalement emmener Frederik Madsen pour le sprint. Mais notre amitié est tellement forte qu'on se motive."

RETROUVER L'EQUIPE NATIONALE

Le gamin de Holbaek, un petit port niché au milieu des Fjords, à une demi-heure à l'Ouest de Copenhague rêve modestement d'une carrière professionnelle. Mais il conçoit les épreuves qui l'attendent auparavant, comme son passage en Espoirs chez Giant-Scatto. "On veut montrer que le Danemark a une belle génération de jeunes", sourit Egholm, toujours prêt à vanter le collectif. "Moi, je voudrais intégrer le groupe national pour disputer les classiques et les Mondiaux en Norvège ou je pourrai contribuer à une victoire collective."

Son rêve absolu est d'imiter ses idoles, Greg Van Avermaet et Peter Sagan. "Je les admire ! Ils sont capables de passer les côtes, le plat, le chrono, gagner au sprint massif. Moi, j'adore les classiques du printemps, surtout les pavées comme le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Je me suis éclaté en les découvrant chez les Juniors. Mais je veux aussi découvrir le Tour de France", lance l'ancien vététiste qui a profité de son agilité dans le labyrinthe de The Pearl.