La Championne du Monde « impatiente de montrer le maillot »

Crédit photo Maxime Segers - DirectVelo.com

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20 ans, quatre titres de Championne du Monde et une participation aux Jeux Olympiques. Amalie Dideriksen est un talent précoce. Dans la dernière ligne droite du Championnat du Monde de Doha (Qatar), la Danoise s'est parfaitement faufilée entre ses concurrentes pour sauter sur le fil la favorite néerlandaise Kirsten Wild. "Je n'ai jamais osé rêver de la battre car elle a la top classe. C'est incroyable", sourit-elle, en laissant échapper quelques larmes de joie.

Dideriksen avait pourtant été victime d'une chute à quatre tours de l'arrivée, forçant ses deux uniques équipières Julie Leth et Cecilie Uttrup à se découvrir avant même le final entamé. "On a joué un coup de poker", conçoit la Française Catherine Marsal, expatriée depuis une dizaine d'années au Danemark et coach des Dames. "Mais à trois bornes de l'arrivée, je lui ai crié qu'elle pouvait le faire et j'ai compris qu'elle allait réussir."

"Je suis restée calme toute la course", explique la nouvelle Championne du Monde. "Je n'ai pas pris un seul bidon moi-même, pour éviter les risques. Mes équipières m'ont ravitaillée, ramenée au peloton,..." Avant, tout de même, de devoir jouer des coudes et user de son expérience sur la piste pour se placer en vue du sprint. "Tout le monde voulait prendre la roue de Kirsten car c'était la fille à battre. C'était vraiment compliqué mais j'y suis parvenue. Je venais ici pour un Top 10, car je ne savais pas comment j'allais réagir à la chaleur. Finalement, je reviens avec la médaille d'or autour du cou. Le rêve est devenu réalité", s'émeut-elle auprès de DirectVelo.

"Je ne m'attendais pas à la voir gagner", avoue la Belge Jolien D'Hoore, médaillée de bronze en Omnium à Rio, citée parmi les favorites de ce mondial et seulement dixième. "Elle est très forte, mais pas une pure sprinteuse. Chapeau à elle, elle ira loin !" La Championne en titre et coéquipière chez Boels-Dolmans Elizabeth Deignan s'est elle réjouie en échangeant une chaude accolade après l'arrivée.

JUSTE FOU

Son parcours de globe-trotteuse a commencé à Kastrup, une presqu'île au Sud de Copenhague célèbre pour héberger l'aéroport international de la capitale danoise. Dès les Cadettes, elle écrasait ses concurrentes de classe d'âge sur la route, la piste et contre-la-montre. Restait à confirmer à l'échelon supérieur et international, ce qu'elle est presque trop facilement parvenu à faire à Florence (Italie), se couronnant Championne du Monde Juniors pour la toute première fois.

Mais lorsqu'on se drape de l'arc-en-ciel, on s'y accroche. A Séoul, en Corée du Sud, l'année suivante, la Danoise s'est offert le titre mondial sur piste cette fois, dans l'Omnium, avant de doubler sur la route à Ponferrada (Espagne), toujours en 2014. "A cette époque, je n'aurais jamais pensé gagner ici. Les filles dans le peloton Elites sont tellement fortes. C'est juste fou..."

OBJECTIF RIO

Passée chez les Elites au sein de Boels-Dolmans, la longiligne sprinteuse s'est immédiatement adjugée le titre de meilleure Danoise à 18 ans à peine, attestant une fois de plus sa progression jusqu'à présent toujours sans frontière. Cette année encore, elle a pu profiter des conseils d'Elizabeth Deignan ou des expérimentées Chantal Blaak, Ellen Van Dijk et Evelyn Stevens.

A 20 ans, elle touche déjà le rêve de tout athlète. Sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Rio sur la piste, Dideriksen frotte des coudes et parvient à décrocher une cinquième place à l'Omnium, devancée par des concurrentes bien plus âgées et expérimentées qu'elle. "C'était l'objectif de ma saison. Mais ensuite, je tenais à continuer, à m'entraîner jusqu'à la fin de saison."

SUR TOUS LES TERRAINS

Lauréate au sprint de la première étape du Boels Ladies Tour en septembre, sa première victoire en UCI en deux années chez les Espoirs, la pistarde a donc remporté le titre de Championne du Monde Dames Elites sur route ce samedi. Mais qu'espérer désormais ? "Je suis vraiment impatiente d'être en début de saison prochaine pour montrer mon maillot", répond-elle. "Je veux maintenant me concentrer sur la route pour voir ce que je peux faire au sprint."

Son rêve absolu reste de décrocher une médaille olympique, que ce soit sur la route ou la piste. Mais aussi d'émerger sur les plus prestigieuses classiques du calendrier, comme sur le Tour des Flandres qu'elle n'a jamais disputé. "Elle est capable de gagner sur beaucoup de terrains", apprécie pour DirectVelo Cathy Marsal, Championne du Monde en 1990. "Il faut lui laisser le temps de savourer cette victoire et de grandir mais elle peut encore apprendre beaucoup."

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Portrait de Amalie DIDERIKSEN