Armée de Terre : « Ces victoires vont nous aider »

Crédit photo Camille Nicol

Crédit photo Camille Nicol

La formation de l'Armée de Terre a vécu un week-end historique. Alors que l'équipe Continentale était à la recherche de son premier grand succès professionnel depuis plus de deux ans, elle a coup sur coup décroché deux manches de Coupe de France : le Tour du Finistère - par l'intermédiaire de Julien Loubet - puis le Tro Bro Leon avec Damien Gaudin, deux jours plus tard. Dans le même temps, les militaires Benjamin Thomas et Morgan Kneisky décrochaient l'or durant les Mondiaux sur piste. David Lima Da Costa, manager de l'équipe de l'Armée de Terre, revient sur ce week-end pour DirectVelo. 

DirectVelo : Quel grand week-end pour la formation de l'Armée de Terre !
David Lima Da Costa : C'est énorme ! Il ne faut pourtant pas oublier que jusqu'à maintenant, ça avait été plutôt compliqué pour nous en Coupe de France. Mais j'avais dit aux gars : "écoutez, il faut continuer comme ça, et ça va finir par payer un jour". On savait que l'on arrivait à peser sur les courses et qu'il manquait un tout petit quelque chose. Et finalement, c'est Julien (Loubet) qui a tout débloqué samedi avec sa victoire sur le Tour du Finistère. Puis en même temps, on a eu Morgan (Kneisky) et Benjamin (Thomas) qui sont devenus Champions du Monde sur piste, comme François (Pervis, qui ne fait pas partie de l'équipe professionnelle mais qui est soutenu par le Ministère de la Défense, NDLR). Et maintenant Damien (Gaudin) qui remporte le Tro Bro Leon. C'est un week-end exceptionnel ! 

« SI J'AVAIS PU ME TÉLÉPORTER... »

Ces premières victoires en Classe 1, le groupe les attendait depuis longtemps...
Oui et c'est pour cela qu'il faut profiter de ces moments-là et ne surtout pas oublier d'où l'on vient. Quand je regarde en arrière, je vois qu'on était en DN2 en 2011. Et là, on gagne coup sur coup deux manches de la Coupe de France pro. L'équipe monte, l'équipe progresse. C'est le fruit d'un travail de l'ensemble du staff, des directeurs sportifs, des coureurs, des instances militaires qui sont derrière nous et des sponsors qui nous aident. Il n'y a rien sans rien. Aujourd'hui, on peut vraiment dire que c'est une belle réussite.   

Ne regrettes-tu pas, sur un plan personnel, de ne pas avoir pu partager toutes ces émotions avec le groupe sur place ?
On se partage toujours les courses et cette fois-ci, c'est Vincent (Bengochea) et Jimmy (Casper) qui étaient sur place en qualité de directeurs sportifs. Ils sont tous les deux dans l'équipe depuis un bon moment et je suis content qu'ils aient vécu ça au plus près. Pour ma part, c'est sûr que si j'avais pu me téléporter... (rires). Mais j'ai vécu ça devant ma télé et c'était quand même énorme. On va fêter ça dès que je vais retrouver les gars. 

« IL FALLAIT UN COUP DE POUCE ET C'EST PASSE PAR UN BON RECRUTEMENT »

L'équipe a gravi les échelons année après année depuis le début de la décennie. N'as-tu pas eu peur, ces derniers mois, que l'équipe stagne légèrement pour la première fois ?
Nous avions vécu de très grandes émotions lors de notre dernière saison amateur, avec un très grand nombre de victoires. C'était l'apothéose. Passer pro, c'était déjà exceptionnel. Ces deux dernières années, je sentais qu'on continuait de progresser tout le temps. On ne gagnait pas de grandes courses mais on était là et on pesait de plus en plus sur les courses. Donc en fait, j'ai toujours senti le groupe évoluer. Mais c'est vrai qu'il manquait encore un tout petit quelque chose pour passer ce cap de gagner en Classe 1. Il fallait un coup de pouce et c'est passé par un bon recrutement cet hiver, avec des mecs qui avaient l'habitude de briller et qui n'allaient pas faire de complexes. 

Le groupe a-t-il clairement passé un nouveau cap avec ces victoires ?
C'est évident ! On montre que l'on a des coureurs capables de gagner de très belles courses. Sur le Tro Bro Leon, il a fallu battre des mecs comme Sylvain Chavanel ou Arnaud Démare, des mecs de niveau international. On tente des choses, et ça paie maintenant. 

« LE COLLECTIF, C'EST NOTRE FORCE DE FRAPPE »

Ce week-end, ce sont deux coureurs très expérimentés de ton groupe qui ont pu ramener ces succès, mais tu as toujours clamé haut et fort que la force numéro un de cette équipe de l'Armée de Terre, c'était son collectif...
C'est la fondation même de notre équipe et notre politique depuis le début. On a toujours eu des gros collectifs, soudés. En amateur déjà, nous avions des individualités très fortes, des mecs comme Benoit Sinner ou Yann Guyot, qui ont gagné les plus belles courses du calendrier, mais on a toujours d'abord joué sur le collectif malgré tout. C'est notre force de frappe. On ne peut réussir que tous ensemble. Celui qui se la joue "perso" n'a rien à faire à l'Armée. On gagne en équipe et on l'a encore vu sur le Tro Bro Leon ce lundi. Damien (Gaudin) a fait un numéro mais derrière, Julien Loubet se sentait super bien aussi. Quand tu vois un mec expérimenté comme Stéphane Poulhiès qui s'est sacrifié pendant les 100 premiers kilomètres, à rouler pour Damien parce qu'il voulait durcir la course, ce sont ça les valeurs de l'équipe. 

Ces récents succès peuvent-ils accélérer le processus d'accession à la deuxième division mondial de l'équipe ?
Si dans les prochaines semaines, un nouveau partenaire frappe à la porte et décide de nous aider, alors oui, ça aura accéléré le processus. L'objectif est de passer en deuxième division en 2018. Dans tous les cas, ces victoires vont nous aider. Parfois, il y a des potentiels partenaires qui peuvent te dire : "vous êtes encore une équipe jeune, vous n'avez pas gagné de grandes courses". Maintenant, avec ces deux manches de Coupe de France et les titres mondiaux de nos pistards, on offre des garanties. Ça montre que l'équipe est en place et que l'on commence à peser dans le peloton français. 

« CE N'EST DÉJÀ QUE DU BONUS »

Avec les succès de Julien Loubet et Damien Gaudin, les plus jeunes de l'équipe connaissent la marche à suivre désormais...
Tout le monde a vu que nous étions capables de gagner des Classe 1. Il faudra continuer de courir sans complexes et préparer des objectifs bien précis. La Coupe de France va rester notre fil rouge de la saison. Il va falloir continuer. Il y a d'autres mecs expérimentés comme Steven Tronet ou Yann Guyot qui n'ont pas encore pu pleinement s'exprimer cette année, mais ils commencent à retrouver leur meilleur niveau et la saison est loin d'être terminée. Les plus jeunes aussi ont du talent et peuvent faire de très belles choses.

La saison 2017 de l'équipe de l'Armée de Terre est-elle déjà réussie ?
Bien sûr ! On gagne deux fois en Classe 1 et on a gagné sur le Tour de Normandie et sur Paris-Troyes. Maintenant, ce n'est déjà que du bonus, mais ça ne doit pas nous empêcher d'être ambitieux pour la suite de la saison.

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