Ryan Mullen : « Pff, à 5 secondes du titre... »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

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Comment relativiser ? Comment se satisfaire d'une médaille de bronze lorsque l'on est passé à cinq secondes du titre sur un Championnat d'Europe Elites contre-la-montre, à 22 ans ? Ryan Mullen se pose encore la question. L'Irlandais de la Cannondale-Drapac est passé tout proche de la consécration jeudi dernier, sur un circuit d'Herning (Danemark) qui - de son propre aveu - lui allait comme un gant. En tête à la mi-course, il s'est imaginé créer l'exploit. Avant de voir le Belge Victor Campenaerts lui voler la vedette (voir classement). DirectVelo s'est entretenu avec l'Irlandais après l'arrivée. 

DirectVelo : Tu avais déjà terminé 5e du Mondial chrono au Qatar l'an passé, te voilà maintenant médaillé de bronze à Herning. Te considères-tu comme l'un des meilleurs rouleurs au Monde ?
Ryan Mullen : Non ! Je ne suis pas encore assez complet pour dire ça. J'ai encore tellement à apprendre. Je fais des résultats sur des chronos très spécifiques, à savoir quand c'est tout plat, avec de longues lignes droites. J'ai besoin de progresser dans beaucoup de domaines. J'aimerais vraiment pouvoir me diversifier à l'avenir et je compte bien le faire car pour le moment, je ne peux espérer faire de gros résultats que sur ce type de chronos-là. Et puis, encore une fois, je n'ai que 22 ans. Il y a des mecs dans le peloton qui gagnent des chronos depuis cinq ou six ans... Je ne peux pas me comparer à eux et considérer que je fais partie des meilleurs.

« C'ETAIT PARFAIT POUR MOI »

En tout cas, tu fais partie des meilleurs rouleurs au Monde chez les moins de 23 ans... C'est intéressant pour le futur !
C'est sûr que je suis plus fort qu'avant et que je continue de me développer et d'apprendre. Je pense être clairement meilleur que je ne l'étais l'an dernier alors j'espère que l'an prochain, je serai encore bien meilleur que je ne le suis actuellement.

Revenons à ce chrono danois. C'était donc le circuit idéal pour toi ?
Oui, c'était parfait pour moi. Ca ne pouvait pas être mieux. A vrai dire, je crois même que c'était le contre-la-montre le mieux dessiné pour moi de toute ma carrière. Je ne pouvais pas rêver mieux.

« IL MANQUE CINQ MECS, D'ACCORD... ET APRES ? »

C'était donc l'occasion rêvée pour décrocher le titre...
C'est ça ! Et je ne gagne pas pour cinq secondes... Merde ! Et c'est sur un chrono d'une heure en plus. On est quatre mecs en 10 secondes. Franchement c'est... Pff ! J'avais le meilleur temps au deuxième intermédiaire puis j'ai perdu un tout petit peu de temps. Je roulais en étant un poil au-dessus du seuil. Normalement je monte à 440 Watts et là j'étais à 450, avec vent de face, 430 de dos. Mais ce n'était pas assez pour gagner. Je ne sais même pas vraiment où j'aurais pu reprendre ces cinq secondes. Peut-être que j'ai pris les virages un peu trop doucement... Encore une fois, je suis à cinq secondes du titre européen ! Je n'arrive pas à m'y faire.

On a beaucoup parlé du niveau de ce Championnat d'Europe et du fait que la plupart des meilleurs n'étaient pas présents. Qu'en penses-tu ?
Je crois qu'il y avait sept ou huit rouleurs de très haut-niveau sur ce contre-la-montre. On ne peut pas dire que ce soit un mauvais niveau. C'est vrai qu'il y a quatre-cinq mecs qui manquent mais de toute façon, le reste de l'année, les meilleurs se retrouvent très rarement ensemble. A quel moment as-tu tous les mecs sur la même course ? Il manque cinq mecs, d'accord, et après ? Il y a eu une sacrée bataille pour le titre. Le niveau était très bon et le vainqueur mérite sa victoire (Victor Campenaerts, NDLR). Le deuxième Maciej Bodnar vient de gagner sur le Tour de France... Ce ne sont pas de mauvais coureurs (rires).

« ME FAIRE UN NOM SUR LE CONTRE-LA-MONTRE »

Comment se passe ta saison 2017 au sein de la Team Cannondale-Drapac ?
Ca se passe vraiment bien. Beaucoup mieux que la saison passée qui avait été très compliquée pour moi. L'équipe me donne un très bon programme avec pas mal de courses WorldTour qui me permettent de me développer encore plus et de prendre de la force. Je travaille pour l'équipe et on me laisse aussi ma chance. Sur des courses par étapes avec des chronos, on me laisse l'opportunité de garder un peu de forces la veille des chronos, pour que je sois au top le Jour-J. Il y a une dizaine de chronos dans l'année durant lesquels je peux jouer ma carte. Même si je suis équipier le reste de l'année, je me dis que c'est très bien. Ca fait dix opportunités de gagner ! Combien d'opportunités les chasseurs de Classiques ont-ils dans une saison ? Pas plus.

Tu pourrais toi-même devenir un chasseur de Classiques, non ?
J'aime ces courses-là, le Tour des Flandres, Paris-Roubaix... J'aimerais m'y consacrer dans le futur mais pour le moment, je voudrais surtout me faire un nom sur le contre-la-montre.

Pendant la conférence de presse, tu as acquiessé d'un signe de la tête le discours de Victor Campenaerts, lorsqu'il a expliqué
qu'aucun des trois coureurs présents sur le podium à Herning ne ferait un résultat à Bergen sur les Championnats du Monde...
Oui, bien sûr : le circuit n'aura rien à voir. A vrai dire je ne ferai même pas le chrono individuel là-bas. Ca servirait à quoi ? Je ne vais pas y aller pour faire le touriste ! Par contre, je participerai au chrono par équipes.

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