Julien Gonnet : « Je n'aurais jamais cru à cet arrêt »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo.com

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Quand il a appris la dissolution de l'équipe de l'Armée de Terre, ce vendredi, Julien Gonnet a "eu les boules". Pourtant, il savait que l'annonce de l'arrêt de l'équipe Continental était dans les tuyaux. "Mais je pensais que David [Lima Da Costa] allait trouver la solution comme il l'a déjà réussi dans le passé. Je n'aurais jamais cru que ça puisse arrêter", commente-t-il auprès de DirectVelo.

Les souvenirs du coureur de 36 ans le ramènent à 2011, au moment où l'équipe s'est montée. "L'Armée voulait communiquer par le biais du vélo. En tant que militaire de carrière, j'étais fier que mon sport soit choisi", rappelle-t-il. Avant la création de l'équipe, l'ancien Champion de Bretagne était retenu dans des sélections militaires avec d'autres cyclistes engagés. "C'était déjà novateur. Si le sport militaire existe depuis très longtemps (1), c'était nouveau de se confronter aux civils en tant qu'équipe militaire", indique-t-il.

« UNE FIERTÉ D'AFFICHER NOTRE APPARTENANCE À L’ARMÉE »

L'installation du service course reste un moment très fort. "L'Armée nous avait donné des locaux mais c'était à nous de les aménager. On a mis sur pied l'atelier en plein hiver. On était tellement heureux qu'on s'y est tous mis. Je dormais même sur la moquette du service course !".

Dans le peloton et sur le bord des routes, les coureurs se font tout de suite remarquer par ... le camouflage de leur maillot. "L'équipe était un outil de communication, il fallait se montrer. C'était une fierté pour nous, militaires de carrière, d'afficher notre appartenance à l'institution. On s'est peut être trop montré justement...".

Au début, l'accueil des autres équipes de DN n'est pas toujours chaleureux. "Nous avons tout de suite senti de la jalousie, c'est vrai. On entendait, "c'est l'argent du contribuable", "c'est de la concurrence déloyale". Mais il y avait et il y a toujours eu des partenaires privés dans l'équipe. Les coureurs s'investissaient aussi dans leur carrière militaire. Avec les résultats, les mauvaises langues se sont tues", note-t-il.

Les maillots camouflage aimaient restés groupés sur les lignes d'arrivée. A leur tableau de chasse, les militaires comptent plusieurs tirs groupés mémorables. "Je me souviens qu'à Troyes-Dijon, on avait fait 1,2,3,4, d'un triplé à Bordeaux-Saintes. On a du mal à l'expliquer mais il y avait une dynamique de groupe. On était tout le temps ensemble, pendant les stages, on partait aussi au ski ensemble. Le premier hiver, nous étions tout le temps à la caserne", rappelle-t-il. 

« DAVID PEUT ÊTRE FIER »

Le sociétaire de Sablé, parti de l'équipe fin 2015, garde toujours des liens forts avec ses anciens équipiers. "Cette année, j'étais au mariage de Romain Combaud. Il y avait Marc Sarreau et Julian Alaphilippe, des anciens de l'Armée de Terre". Avec l'exemple du vainqueur de Xorret de Cati sur la dernière Vuelta, Julien Gonnet met aussi en avant le rôle formateur de l'équipe de l'Armée de Terre. "Julian est arrivé à 18 ans, avec des problèmes de genou. L'équipe lui a permis, et à d'autres plus tard, de prendre leur temps pour pouvoir faire carrière. David peut être fier", dit-il pour rendre hommage au manager de l'équipe.

La carrière pouvait être sportive mais aussi militaire. "Etienne Tortelier est un bon exemple de reconversion. Malheureusement, il a été blessé pendant son année dans l'équipe mais il s'est engagé dans une carrière militaire. Il est aujourd'hui moniteur de sport à Rennes et continue en DN à Sablé. Autre exemple, Yann Guyot a suivi toutes les formations pour devenir moniteur de sport. Nous ne sommes pas des imposteurs", insiste-t-il.

A l'heure, donc, de fermer un chapitre marquant de sa carrière, Julien Gonnet remarque que l'équipe de l'Armée avait fini par faire partie des meubles. "Ce soir, personne dans le milieu du vélo ne va dire que la disparition de l'équipe est une bonne nouvelle". 


(1) Rien que dans le domaine du cyclisme, la vélocipédie militaire remonte à la fin des années 1880. Des championnats militaires de 100 km étaient organisés. En 1901, une discipline est même inspirée du rôle des estafettes cyclistes, pour les préparer à emprunter les chemins, les bois, les champs, à travers les fossés et les haies, sans abandonner leur petite reine : le cross cyclo-pédestre devenu le cyclo-cross.

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