Adrien Carpentier, l'acharné du vélo

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo.com

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo.com

Après un bon début de saison 2017 (une victoire, plusieurs Top 5, sélection en équipe de France), Adrien Carpentier disparait des radars du cyclisme en avril-mai pour ne plus jamais y revenir de l’année. Dans l’entretien qu’il accorde à DirectVelo, le sprinter du VC Rouen 76 nous explique les raisons de son absence mais aussi son choix de changer d’équipe en 2018. Il nous fait également part de son amertume face à ce qu’il juge comme un manque de compréhension des dirigeants du club normand.

DirectVelo : On ne te voit plus depuis 6 mois : comment vas-tu ?
Adrien Carpentier : Je vais bien, physiquement et moralement. Mais ça n’a effectivement pas été le cas toute la saison qui a été, c’est un euphémisme, compliquée… Compliquée en mars-avril par un virus proche de celui de la mononucléose, puis par une micro-fissure au genou suite à une chute début mai et enfin, par la réaction du VC Rouen 76 qui n’a plus voulu m’engager à partir de septembre.

Le début de saison s’annonçait pourtant bien avec une victoire et plusieurs Top 5...
La réalité, c’est que j’étais constamment fatigué dès les premières courses. J’ai de bons résultats, mais je vois tout de suite que quelque chose ne va pas. Hélas, les diagnostics, à ce moment-là puis, pour mon genou, ont été posés avec un temps de retard.  Ça n’a pas arrangé les choses.
Pour le virus, il est décelé après des énièmes tests médicaux en avril. Avant cela, les premières prises de sang montraient des carences en fer et magnésium, mais c’est tout. Du coup, avec le virus, j’aurais dû me reposer. Au lieu de ça, je tapais dur dans les entraînements, je faisais des courses… Tout ce qui aggravait les choses. Bref, ne sachant pas ce que j’avais, j’ai fait tout ce qu’il ne fallait pas faire !
Et pour mon genou en mai, le premier examen décèle une bursite qui nécessite « seulement » un mois d’arrêt. Je reprends, mais la douleur a ensuite persisté quatre mois. C’est une IRM qui a permis de découvrir que c’était lié à une micro-fissure du haut de la rotule. J’ai espéré plusieurs fois que la roue allait tourner, mais ce n’était vraiment pas mon année.

« JE N'AI JAMAIS PENSÉ ARRÊTER »

Comment as-tu géré cette longue période d’absence ?
Moralement, c’était difficile. Je suis passé par des périodes, en avril notamment, où je n’avais plus aucun plaisir sur le vélo. Ce sont des moments où on se remet énormément en question. Tu te dis que tu peux te fixer tous les objectifs que tu veux, si tu n’as pas la chance de ton côté pour réussir, ça ne marche pas. Dans ces gros moments de doute, j’essayais de positiver tout simplement parce que j’adore ce sport et que je veux me battre pour passer professionnel. Et puis, ce n’est pas dans mon caractère de baisser les bras ! Jamais par exemple, je n’ai pensé arrêter.
J’ai profité de cette coupure forcée pour passer du temps avec ma famille. C’est un temps où je n’ai pas déconné, pas sorti, pas fait la fête. Je pensais toujours vélo. En fait, je suis acharné de ça !  Et j’avais en tête de reprendre en fin de saison. Mais mon club en a décidé autrement.

Que s’est-il passé avec le VC Rouen 76 ?
Ça faisait trois ans que j’étais au club et cette année, je n’ai pas trouvé ma place dans l’effectif, en plus de mes problèmes de santé et de l’absence de résultats. Je voulais tourner cette page et repartir à zéro dans un autre club, avec un nouveau directeur sportif, un nouveau vélo. Bref, je voulais changer ! Ça peut se comprendre je crois. Quand j’ai annoncé à Rouen mon attention de partir, ça s’est mal passé. En gros, je pense qu’ils ont mal pris de s’être investis pour moi sans que je leur apporte ce qu’ils attendaient de moi : un passage chez les pros. Au final, ils m'ont mis hors de l’effectif et ont refusé de m’engager sur les courses de fin de saison, comme Paris-Tours, Paris-Vierzon, Paris-Conneré…. Des courses que je voulais faire pour éviter une saison blanche et me tester. Si l’idée était de m’ennuyer, ils ont parfaitement réussi !

SOUS L'AILE D'ADRIEN PETIT

En 2018, tu rejoins le CC Nogent-sur-Oise, pourquoi ce choix ?
Je l’ai décidé fin juille après plusieurs contacts. Je voulais vraiment retrouver mes sources, des gens que je connaissais… C’est un club qui m’a toujours tenu à cœur. Pas mal de pros y sont passés, et notamment Adrien Petit qui est un exemple pour moi. J’aimerais refaire ce qu’il a fait dans ses années amateurs et je voulais aller dans le même club. En plus, je retrouve au CC Nogent, Arnaud Molmy que j’ai eu comme entraîneur à Wasquehal, en Juniors. J’ai un très bon feeling avec lui. On s’entend très bien, nous sommes sur la même longueur d’ondes, nous avons la même vision des choses. Tout ça m’a mis en confiance. Arnaud m’a dit que le club me voulait dans son effectif en tant que sprinter, ma qualité première.. Je peux leur apporter des victoires.

Après cette saison chaotique, comment te prépares-tu cet hiver ?
J’ai repris la préparation assez tôt. Depuis septembre, je fais des activités qui entretiennent ma forme. J’ai l’impression de développer de nouveau mes qualités. Je vais aussi rouler avec Adrien (Petit) qui habite à 600m de chez moi et qui va me prendre sous son aile. Nous avons programmé un stage ensemble en janvier. Il m’a récemment fait comprendre que j’avais tous les atouts pour passer professionnel  : ça m’a ému qu’il me dise ça. Ensuite, pour être honnête, je ne sais pas où je me situe au niveau des compétitions. Comme je n’y ai pas pu me jauger depuis six mois, je suis dans le flou. Mais je m’entraîne et fais les choses comme il faut ! Pour tenir toute cette année, je me suis souvent répété que tout ce qui ne tue pas rend plus fort. Si cet adage se vérifie, je vais être très fort l’année prochaine !

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