On a retrouvé : Antony Chamerat-Dumont

Crédit photo Hervé Dancerelle / DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle / DirectVelo

Champion de France Cadets de cyclo-cross en 2010, Antony Chamerat-Dumont a connu son heure de gloire, dans les sous-bois de Liévin (Pas-de-Calais), à l'occasion de cette victoire. Si depuis cet exploit, l'ancien sociétaire de Charvieu-Chavagneux IC n'a jamais retrouvé le coup de pédale qui lui a permis de devancer le gratin national de l'époque, le Lyonnais conserve un souvenir ineffaçable de ce succès, acquis devant sa famille. Pour DirectVelo, il se replonge dans ses années de compétition.

DirectVelo : Enfant, puis adolescent, tu pratiquais beaucoup de disciplines différentes. En fait, le vélo t'a bercé dès tes plus jeunes années ?
Antony Chamerat-Dumont : Mes parents m'ont rapidement fait découvrir l'univers du sport. Vers mes sept ans, j'ai tout d'abord commencé par le triathlon et j'ai pratiqué cette activité durant toutes mes années à l'école primaire. Vers dix ou onze ans, je me suis mis au VTT parce que je ne pouvais plus faire de course à pied en raison d'un petit retard de croissance au niveau d'un talon. Je me suis donc rabattu sur la discipline où j'étais meilleur en triathlon, à savoir le vélo. Je participais aux épreuves du Trophée France des Jeunes Vététistes. J'ai tout de suite marché et j'ai ensuite intégré Charvieu-Chavagneux en Minimes 2 où j'ai commencé la route et le cyclo-cross. En 2008, j'ai été Champion Rhône-Alpes dans les deux disciplines.

À cette époque, le vélo rythmait ta vie...
En étant gamin, à part le vélo et l'école, je n'ai rien connu d'autre. À haut-niveau, avec les entraînements et les cours, il ne me restait pas de temps pour faire autre chose. Beaucoup de personnes disent que le vélo est l'école de la vie, c'est sûrement le cas. À quatorze ou quinze ans, comme tout le monde le fait au lycée, j'aurais pu fumer des cigarettes ou des pétards mais je ne l'ai jamais fait parce que je courais à haut-niveau. Je n'y ai pas touché alors que sans le vélo, peut-être que j'aurais fait comme les autres. Je pense avoir appris des choses. Le vélo force à adopter une rigueur qui évite les débordements et qui nous garde dans le droit chemin. Je repense également à toutes les sélections avec le comité Rhône-Alpes pour faire les manches nationales. Les Espoirs étaient avec nous et on roulait tous ensemble donc c'était bien de les avoir. C'était nos références.

En 2010, tu as remporté le Championnat de France Cadets de cyclo-cross. Que représentait ce titre pour toi ?
C'est vraiment quelque chose de difficile à expliquer... J'étais préparé pour ça, c'était l'objectif de ma saison (relire sa réaction d'après-course ici). Je n'avais pas réalisé un super Challenge National (désormais appelé Coupe de France, NDLR), j'étais ''seulement'' cinquième alors que j'avais terminé troisième la saison précédente pour ma première année chez les Cadets. Sur chaque manche, j'avais un problème, qu'il soit physique ou mécanique, j'étais très déçu. J'ai pris le départ de ce Championnat de France sans pression et tout s'est bien passé. Pendant la course, je n'ai pas couru n'importe comment, j'ai essayé de gérer sans m'affoler. Franchir la ligne d'arrivée a été un instant grandiose.

« ILS SE RENDENT COMPTE DU NIVEAU QUE J'AVAIS »

Bientôt huit ans plus tard, en gardes-tu des souvenirs précis ?
Même si je suis Lyonnais, mes grand-parents habitent dans le Nord, à Douai, donc j'étais en quelque sorte à domicile sur le circuit de Liévin. Toute ma famille était présente. Devant, en tête de course, on était cinq à se disputer la victoire. À l'époque, il y avait surtout Quentin Jauregui qui était le super favori et qui s'est sans doute mis la pression au départ. Il a attaqué d'entrée. Anthony Turgis est parti derrière lui mais je ne me suis jamais affolé. Derrière, je gérais ''tranquillement''. On est revenu sur Quentin Jauregui dans le final et je me suis dit qu'à ce moment précis, il fallait attaquer. Je suis parti à l'opposé de la route et Quentin (Jauregui) est tombé à ce moment là, je ne sais pas comment. J'ai fait le dernier tour avec Anthony Turgis. J'étais assez bon sprinteur, j'ai tout donné jusqu'à la ligne et ça l'a fait. C'est un super souvenir ! J'ai une jolie photo avec mon oncle après la ligne d'arrivée, avec le maillot. La famille d'Anthony Morel avait également réalisé une jolie vidéo qui me donne des frissons quand je la revois. Quand on parle de vélo avec des amis et que j'évoque cela, ils se rendent compte du niveau que j'avais et se disent que je n'étais pas n'importe qui. C'est tellement intense comme émotion...

Ce titre sonnait-t-il comme une revanche après ta deuxième place en 2009 ?
Pas tellement ! En 2009, je n'étais que Cadets 1. J'ai terminé deuxième derrière Pierre-Henri Lecuisinier qui était le plus fort. Je ne pensais vraiment pas gagner. Je pense qu'avec cette victoire en 2010, j'ai davantage confirmé que pris une revanche.

Sur certaines vidéos, on te voit passer les escaliers en vélo, comme à Quelneuc en 2012...
Les compétitions de VTT que je faisais en étant jeune, les Trophées France, m'ont énormément apporté. Leur philosophie était de montrer et de faire découvrir toutes les disciplines : le trial, la descente, du cross-country et l'orientation. Pour pouvoir gagner des courses, il fallait être bon partout. Je pense que c'était un avantage de pouvoir manipuler le vélo comme je le voulais. Il y avait toujours des endroits techniques où j'arrivais à passer alors que d'autres coureurs descendaient de leur machine. Et tu gagnes du temps ! Je me souviens qu'en Cadets, Clément Venturini ne sautait pas les planches alors que moi, tous les week-ends je le faisais. Ça lui a donné très envie d'apprendre.

« CLÉMENT VENTURINI N'A PAS LÂCHÉ MON SILLAGE »

Tu veux dire que tu as influencé Clément Venturini ?
Tous les mercredi, il s'entraînait pour y arriver et perdre le moins de temps possible. Mais nous n'étions qu'en Cadets...

Et du coup, vous vous êtes disputés des victoires par la suite ?
Je me souviens d'un Inter VTT face à lui. Il sortait du BMX et n'avait aucune expérience dans cette discipline. Moi, j'en avais un peu plus donc dès le départ, il a sauté dans ma roue jusqu'à l'arrivée. Je marchais bien mais il n'a pas lâché mon sillage de la course. J'étais un peu surpris parce que j'avais l'habitude d'être tout seul devant et là, j'avais un coureur du Team Vulco dans la roue tout au long de l'épreuve... Je l'ai quand même battu au sprint même si c'était l'embouteillage sur la ligne d'arrivée avec d'autres catégories qui finissaient en même temps. Ce n'était pas un sprint à la régulière. Sinon, peut-être qu'il aurait pu gagner. On ne le saura jamais... En ce moment, j'ai un collègue qui va rouler avec lui. Peut-être que j'arriverai à rouler une petite sortie avec lui, ça serait vraiment sympa. Mais je pense que cette fois-ci, c'est moi qui tenterais d’accrocher sa roue (rires).

Tu as également été Champion de la région Rhône-Alpes dans les rangs Juniors en 2011...
Oui et cette fois-ci, c'était devant Clément Russo. Romain Seigle avait tout fait seul devant avant de casser son dérailleur, le pauvre ! J'ai pris ma revanche puisque l'année précédente, j'étais en tête avant de tomber. Et Romain Seigle en avait profité pour me doubler.

« ENVIE DE VOIR AUTRE CHOSE »

Tu as ensuite disparu des écrans radars...
J'avais un bon niveau en Juniors, j'ai gagné cinq fois en J1, en Troisième Catégorie. Mais j'ai tout arrêté après ma saison en J2. Je n'avais plus envie et mes résultats baissaient significativement. J'en avais marre du vélo, j'ai saturé à force de ne faire que ça depuis toutes ces années et de ne vivre qu'avec ça. J'avais envie de voir autre chose. Vers mes 18 ans, j'avais besoin de m'amuser. Je ne voulais plus en entendre parler, je ne regardais plus de courses à la télévision mis à part le Tour de France.

As-tu des regrets quand tu vois ce que certains de tes anciens adversaires sont devenus ?
Aucun ! J'ai fait mon choix. Je suis content et très heureux pour eux. Énormément de coureurs de ma génération sont passés professionnels. Je suis particulièrement heureux pour Clément Venturini. Je l'ai côtoyé en sélection avec le comité régional Rhône-Alpes, nous courions tous les week-ends ensemble. Il n'a jamais pris la grosse tête, il était là pour apprendre, comme nous. Il était normal, d'ailleurs, je pense qu'il l'est toujours.

Par quoi as-tu remplacé le vélo dans ta vie de tous les jours ?
Je me suis mis à l'enduro en moto pendant deux ans. Je sortais la machine chaque samedi, par tous les temps. C'était beaucoup d'amusement. J'ai appris pas mal de choses avec la moto et j'ai rencontré beaucoup de nouvelles personnes. L'enduro permet de découvrir de nouveaux paysages, c'est un peu l'aventure dans les montagnes, c'est ce que j'aime. Il y a quelques similitudes avec le VTT donc je pense avoir appris d'autres choses au niveau de la technique qui peuvent m'aider en vélo.

« JE SUIS UN EXTRATERRESTRE POUR MES COLLÈGUES »

Quel rapport entretiens-tu avec le vélo, aujourd'hui ?
Après mes deux années de moto, je n'avais plus le temps pour ça donc j'ai décidé de me remettre au vélo. Il y a un an, j'ai pris une licence en FSGT. Depuis, je roule deux fois par semaine. Enfin, quand je peux, car avec le travail... Je fais des petites courses le week-end pour m'amuser. Ça libère l'esprit et à force, je me suis repris au jeu. Cette année, j'ai participé à sept cyclo-cross en FSGT et j'ai gagné... les sept. J'ai de bons restes. Je suis Champion du Rhône FSGT et d'Auvergne-Rhône-Alpes FSGT. Je suis un ''extraterrestre'' pour mes collègues avec qui je roule (rires).

Et de quoi vis-tu ?
J'ai effectué un BTS Maintenance industrielle et je suis aujourd'hui mécanicien de machines industrielles. La particularité de mon emploi est que je travaille uniquement en déplacement, je vais chez les clients. Je bouge pas mal, je suis toujours à un endroit différent donc je découvre plein de choses et je voyage. Ce n'est absolument pas lassant.

Et aujourd'hui, suis-tu de nouveau le cyclo-cross à la télévision ?
Un peu... J'ai suivi Clément (Venturini) aux Championnats de France, je suis très content pour lui. J'essaie de suivre les manches de Coupe de France et de Coupe du Monde. À Quelneuc, j'espère que Clément (Venturini) va doubler la mise... On ne sait pas trop où il en est. S'il reste au niveau de l'an passé, il sera favori. Je ne suis pas surpris qu'il délaisse les sous-bois car c'est la tendance. Le cyclo-cross n'intéresse pas les équipes. C'est dommage car on pourrait avoir un super plateau de Français.

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