Les secrets de la piste Orange

Crédit photo Francis Spruyt - DirectVelo

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Les Pays-Bas ont remporté le classement des médailles du Championnat du Monde sur piste à Apeldoorn. Avec douze breloques dont cinq en or, les Bataves ont brillé à la plus grande surprise du sélectionneur national de l'endurance Peter Schep. "Nous avons travaillé d'arrache-pied pour être prêts pour ce rendez-vous. Mais de là à récolter autant de titres mondiaux et de médailles, c'était au-dessus de nos espérances. Nous avions misé sur un titre avec Kirsten Wild, mais je ne pensais pas qu'elle dominerait ainsi la concurrence. Voir lutter Jan-Willem Van Schip pour l'or au scratch et à l'Omnium était également une belle surprise", souligne-t-il à DirectVelo.

RIEN À VOIR AVEC LE PATINAGE DE VITESSE
Si l'effet de courir à domicile n'est pas à négliger et permet de se transcender, il n'explique pas à lui seul le succès des Oranges sur ce Mondial. Et si les Néerlandais, férus de patinage de vitesse, étaient avantagés pour tourner sur la piste ? "C'est clair que cela ressemble à du short track en patinage", compare le coureur néerlandais Matthijs Büchli, mais "cela n'a rien à voir. C'est un cliché. Il n'y a pas un coureur qui s'entraine sur la glace pour préparer la piste. Regardez Lauren Van Riessen. Elle est passée du patinage au cyclisme sur piste, mais il lui a fallu deux ans pour commencer à récolter les premiers résultats intéressants", insiste Peter Schep. "En revanche, ils font beaucoup de BMX car c'est également un sport où il faut être à bloc constamment." D'ailleurs, le Champion du kilomètre Jeffrey Hoogland a commencé sa carrière dans cette discipline.

"Je pense tout simplement que la culture de la piste est plus développée chez eux qu'en Belgique, surtout au niveau du sprint. Les spécialistes néerlandais en font un objectif précis et se préparent à 100% en conséquence. Tandis que les coureurs belges concilient souvent avec la route et passent beaucoup de temps sur les Six Jours", estime le sélectionneur de la Belgique, le Néerlandais Peter Pieters.

Aux Pays-Bas, la vitesse et l'endurance sont pris chacune en charge par un coach spécialisé, avec Bill Huck pour le sprint et Peter Schep pour l'endurance. "C'est clair que cela permet d'établir des programmes différents. Je sais que Bill a passé beaucoup de temps sur le vélodrome d'Alkmaar avec les sprinteurs tandis que j'ai emmené mes coureurs en préparation au Portugal (comme les Belges, NDLR). Mais d'autres grandes nations, comme la Grande-Bretagne, procèdent de la même manière. Donc, résumer notre succès aux deux coachs n'est pas suffisant".

En endurance, les médailles en endurance sont venues majoritairement de Kirsten Wild (quatre dont trois en or) et d'Annemiek Van Vleuten (l'argent de la poursuite individuelle). "Ce sont deux talents exceptionnels sur la route, mais elles ne sont plus toutes jeunes non plus. C'est un élément à prendre en compte", rappelle Peter Pieters.


300 KG DANS UNE JAMBE

Chez les sprinteurs néerlandais, le programme de musculation intensif en vue d'Apeldoorn a payé. Roy Van Den Berg avait même le tour de cuisse le plus important sur ce Championnat du Monde avec 75 centimètres. "Nous passons plus de temps en salle de sport que sur le vélo. Après un entrainement musculaire, je me sens dans le même état qu'après quatre ou cinq heures de vélo", explique Theo Bos, le coureur de BEAT Cycling. Point de vue nuancé par l'entraineur Peter Schep. "C'est juste que les poids développés sont importants. Par exemple, Matthijs Büchli pouvait soulever 300 kilos avec une seule jambe. Avec une telle puissance, on peut développer des braquets plus importants", termine-t-il. Les adversaires s'en sont bien rendu compte :  "Ils poussent plus gros et ont trouvé un nouvel équilibre", a remarqué Quentin Lafargue, devancé d'une demi-seconde par Theo Bos pour la médaille de bronze du kilomètre.
 

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