On a retrouvé : Guillaume Blot

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Guillaume Blot a la passion du sprint dans la peau. L'adrénaline de la vitesse, l'excitation de la victoire et l'art de frotter l’ont bercé dès ses premiers tours de roue. Au cours de sa carrière, l'ancien sociétaire de la Cofidis, puis de la Bretagne-Schuller, a tenté de faire parler sa pointe de vitesse pour se forger un palmarès. A son tableau de chasse : une étape du Tour de Normandie et le Grand Prix de Fourmies, deux succès acquis en 2011. Après quatre ans chez les pros et un petit retour chez les amateurs du côté de l’USSA Pavilly Barentin, le Breton a pourtant vu son rêve prendre fin plus rapidement que prévu, il y a quatre ans. Aujourd'hui éloigné des pelotons et commercial au sein d'une entreprise spécialisée dans le bâtiment, l’ancien Champion de France Cadets de vitesse se replonge dans ses souvenirs pour DirectVelo.

DirectVelo : Cette semaine se dispute le Tour de Normandie, une épreuve dont tu as remporté une étape au sprint il y a maintenant sept ans !
Guillaume Blot : Quand on me parle du Tour de Normandie, je repense d'abord aux mauvaises conditions météos que l'on avait quand on le faisait. Malheureusement, ça ne tombait jamais la bonne semaine (rires). C'est une très belle course même si je suis davantage attaché au Tour de Bretagne par chauvinisme (sourires). Ma victoire d'étape en 2011 est un très bon souvenir. Cette année-là, en début de saison, j'étais tombé à l’Étoile de Bessèges. Quand je suis revenu de blessure, j'ai été percuté par une voiture au cours d'une séance de derrière scooter. J'ai eu plusieurs côtes cassées. Le Tour de Normandie était ma course de rentrée, c'était vraiment bien de gagner une étape. Aujourd'hui, je regarde encore les résultats des étapes.

Dès tes débuts sur le vélo, tu t'étais rapidement mis en évidence grâce à une belle pointe de vitesse, comme l'atteste ton titre de Champion du France de vitesse Cadets en 2001...
C'est vrai que j'ai toujours eu la chance d'avoir une bonne pointe de vitesse. Chez les jeunes, c'est quelque chose d'hyper important pour gagner des courses. Des coureurs naissent grimpeurs, certains sont rouleurs, puncheurs… ou sprinteurs. C'est une catégorie à part entière, même si maintenant, les coureurs rapides sont assez complets. Personnellement, j'étais avant tout un sprinteur mais à côté, j'aimais bien les Classiques car il y avait une ambiance spéciale sur ces courses. Il régnait une certaine concentration qui me plaisait.

« PARIS-ROUBAIX ESPOIRS, UN SACRÉ BON SOUVENIR »

Tu as été bercé dans le vélo dès tes plus jeunes années ?
Je suis issu d'une famille de coureurs. Mon père, mon grand-père et mes oncles couraient. J'ai toujours trempé dans l'univers du vélo. J'y suis venu naturellement. Avec l’école en parallèle, c'était toute une organisation. Il fallait apprendre à gérer les programmes scolaires et les entraînements. Par la suite, j'étais dans un lycée privé donc je rentrais tard le soir. Il fallait composer en fonction. J'ai toujours réussi à concilier le vélo et l'école jusqu'au moment où j'ai obtenu mon bac économique et social. Une fois Espoir, j'ai rejoint le VC Roubaix-Lille Métropole. Gérer les études en même temps que le vélo était devenu impossible.

Revenons à ton attirance pour les Classiques : tu as terminé deuxième de Paris-Roubaix Espoirs 2007. Que t'inspire cette course ?
Plein de bonnes choses ! C'est un sacré bon souvenir. Dans le final, j'étais avec Damien Gaudin, j'avais eu des crampes et il a gagné. C'était l'un de mes objectifs et j'ai réussi à répondre présent le Jour-J. Pour moi, Paris-Roubaix est la plus belle des courses, la « reine des Classiques ». On aime ou on aime pas, mais il n'y a pas de demi-mesure.

Si tu avais gagné la « reine des Classiques » chez les Espoirs, en 2007, ta carrière aurait-elle été différente ?
Non, je ne pense pas. Je suis passé professionnel deux ans après. Faire 1 ou 2 ne change pas grand-chose à ce moment-là… C'est davantage l'adaptation aux courses professionnelles qui fait qu'une carrière s'arrête à un certain moment ou non... J'ai réussi mon adaptation chez Cofidis (en 2009, NDLR) dans un groupe avec un beau programme de courses. J'ai pu faire des résultats dès la première saison et ensuite, ça s'est enchaîné tout doucement avec Bretagne-Schuller.

« IL FAUT DE LA RÉUSSITE, DE LA CONFIANCE, ET TOUT UN TAS D’AUTRES CHOSES »

C'est justement sous les couleurs de Bretagne-Schuller que tu as devancé au sprint massif, l'actuel Champion d'Europe, Alexander Kristoff, dans le final du Grand Prix de Fourmies 2011 !
Ça reste la plus belle de mes victoires, c'est un super souvenir. Ce jour-là, il y avait un plateau de très grande qualité. C'est ce qui fait la beauté de cette victoire, mais je retiens également le soulagement que j'ai ressenti après ce qu'il m'était arrivé sur l'ensemble de la saison. J'ai chuté en début d'année avant de gagner une étape du Tour de Normandie. Après, je suis retombé en mai. Pendant un bon moment, j'ai été gêné et je n'ai pas retrouvé mon niveau. J'avais perdu confiance en moi. En août, j'ai retrouvé une spirale positive. Au Grand Prix de Fourmies, j'ai fini une saison qui avait commencé par une victoire mais qui était devenue galère.


Avec la qualité des coureurs que tu as devancé ce jour-là, on pourrait s'attendre à trouver de nombreuses autres lignes à ton palmarès. Que t'a-t-il manqué pour que cela soit le cas ?
Je ne sais pas si j'avais un gros potentiel... Dans le vélo de haut-niveau, il faut de la réussite, de la confiance et tout un tas d'autres choses. Sur un sprint, tout peut arriver alors qu'au sommet d'un col, c'est toujours le plus fort qui gagne. Dans une arrivée groupée, il y a une part de loterie qui fait que l'on peut gagner. Bien sûr, il faut être présent dans le final et être capable de bien sprinter mais il reste ce brin de réussite à avoir. J'aurais aimé rester chez les professionnels plus longtemps. En 2012, je suis tombé sur Paris-Roubaix, ma saison s'est presque terminée ce jour-là. Ce sont les aléas du sport. La seule chose que je déplore, c'est la manière dont j'ai appris la fin de mon contrat : c'était dans les journaux au lendemain du Grand Prix de Plouay ! Je voulais continuer comme tout le monde, mais la vie est comme ça... C'est une décision respectable, mais il y a des manières de procéder. Je déplore le manque d'aspect humain. Même si je n'avais pas de plan, je pensais toujours à la reconversion. C'est hyper important.

Tu parles de confiance en soi, t'en manquait-il ?
Par moments, oui. Quand on tombe, parfois, on ne se sent pas bien par la suite. On cherche les résultats pour se rassurer, mais quand ça ne vient pas, on se met à gamberger. Heureusement, le fait de gagner le Grand Prix de Fourmies m'avait aidé à repartir sur de bonnes bases.

« DE TRÈS BONS SOUVENIRS DE L’USSA PAVILLY BARENTIN »

Après une année sans vélo, tu avais effectué ton retour en 2014, chez les amateurs. Pourquoi ?
J'avais envie de recourir. J'étais en période de transition avec mon futur emploi. J'avais du temps. J'effectuais quelques missions pour ASO, notamment sur le Tour de Picardie, le Critérium du Dauphiné et le Tour de France. J'avais envie de refaire un peu de vélo. Même si je n'ai pas beaucoup couru, j'ai retrouvé des sensations et j'ai pris du plaisir sur le vélo. Par contre, aujourd'hui, les courses ne me manquent pas du tout même si je reste passionné de vélo. Je regarde encore les résultats mais j'ai plein d'autres objectifs dans la vie.

De quoi vis-tu désormais ?
Je suis commercial pour Trecobat, un constructeur de maisons en Ille-et-Vilaine, vers Saint-Malo. Laurent Madouas est le chef de l'entreprise. Je ne suis pas perdu, on parle de vélo (sourires). Emmanuel Hubert est un ami, on s'appelle presque toutes les semaines. Il connaissait bien cette entreprise et il m'a mis en relation avec le patron. Une fois embauché, j'ai passé beaucoup de temps au travail pour emmagasiner de l'expérience et ne pas perdre de temps. Je n'aime pas faire les choses à moitié, alors j'ai décidé d'arrêter la compétition. En tout cas, je vais garder de très bons souvenirs de l'USSA Pavilly Barentin, de Jackie Tiphaigne et de Laurent Genty. C'était une structure familiale avec une bonne ambiance. Tout était réuni pour passer de bons moments.

Même si tu as arrêté la compétition, continues-tu à rouler pour le plaisir ?
Je viens de recommencer samedi dernier ! J'ai été acheter un vélo au magasin de cycles de Jérôme Frémin, un ancien de l'USSA Pavilly Barentin avec qui je courais. Après avoir arrêté, je lui ai toujours dit que quand je reprendrais, j'irais faire un tour à son magasin. Par contre, pour me voir rouler, il faut qu'il fasse beau, pas trop froid et que je sois avec des amis (rires).

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