Corentin Ermenault : « Je ne voulais pas jouer avec ma vie »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Corentin Ermenault n’a pas le temps de s’ennuyer en ce début de saison. Après s’être fait opérer de l’appendice xiphoïde en décembre dernier, puis avoir préparé sa première année chez Vital Concept sous le soleil californien pendant deux mois, le coureur de 22 ans a repris la compétition en France relativement tard, le 25 mars dernier. En jambes dès ses premiers tours de roues en compétition, le Picard a vécu un drôle de scénario ce mercredi au Grand Prix de l’Escaut (voir classement). “J’ai été l’un des premiers à m’arrêter devant le passage à niveau, peut-être même le premier. Ensuite, la course était terminée pour moi”. Il fait le point avec DirectVelo avant de participer, ce dimanche, à Paris-Roubaix, “un rêve de gosse !”.

DirectVelo : Que s’est-il passé à ce Grand Prix de l’Escaut ?
Corentin Ermenault : Tout a commencé au moment du ravitaillement. La Quick-Step a créé un coup de bordure et ça a mis tout le monde en ligne. Il y avait une voiture sur la gauche de la route qui a provoqué une chute, puis des bordures. A peine deux minutes plus tard, il y a eu ce fameux passage à niveau… Le premier groupe est passé sans problème, puis le feu s’est mis au rouge au moment où le deuxième groupe est passé. De mon côté, j’étais à cinquante mètres de ce  groupe.

Et tu n’es donc pas passé !
Dans le groupe devant moi, j’ai vu quelques coureurs dont Arnaud Démare passer. Je le comprends : il n’allait quand même pas piler alors que ça s’est mis au rouge au moment où il s’engageait ! De mon côté, j’ai décidé de m’arrêter car je suis arrivé un peu plus tard. Tous mes collègues à côté de moi sont passés. En fait, j’ai été l’un des premiers à m’arrêter devant le passage à niveau, peut-être même le premier. Je ne voulais pas jouer avec ma vie (sourires). Puis on a attendu, longtemps, très longtemps… trop longtemps (sourires). Evidemment, devant, on ne nous avait pas attendus et la course était terminée pour nous. On a continué tranquille jusqu’au premier passage sur la ligne puis on est allé aux bus.

Lorsque tu es reparti, as-tu espéré un instant que la course soit neutralisée à l’avant ?
On s’est quand même posé la question. Dans la panique, c’était compliqué. Mais étant donné que l’on avait attendu environ trois minutes et que les commissaires étaient restés avec nous, il semblait évident que c’était fini pour nous et que l’on allait jamais revoir l’avant de la course.

« SEUL CONTRE DIX, C'ÉTAIT IMPOSSIBLE »

Ce Grand Prix de l’Escaut n’était que ta quatrième compétition de l’année…
Après mon opération de l’appendice xiphoïde, j’ai passé six semaines sans faire de sport. J’ai repris l’entraînement fin janvier et j’ai décidé de partir deux mois aux Etats-Unis, à Los Angeles. Un ami vit là-bas : Evens Stievenart. J’ai pu rouler dans des conditions exceptionnelles. J’ai d’ailleurs décidé de revenir en France au dernier moment, avant ma reprise, pour profiter jusqu’au bout de ces conditions. J’ai pris le risque d’être un tout petit peu moins bien sur les toutes premières courses mais vraiment, ça valait le coup. Cette expérience américaine, c’était une chance inouïe. J’ai bien travaillé mais j’en ai aussi profité pour découvrir plein de choses, pour visiter le coin. C’était génial.

Et finalement, tu as semblé déjà très en jambes dès tes premiers jours de compétition, à Cholet puis à la Route Adélie de Vitré…
Je ne savais pas du tout où me situer par rapport aux autres en arrivant à Cholet. Mais à ma grande surprise, ça s’est très bien passé. Je pensais avoir un coup de mou en passant la barre des 150 kilomètres mais pas du tout. Sur ces premières courses, j’ai même été à l’attaque, je suis allé chercher des coups… Bon, j’ai quand même souffert dans le final à Vitré notamment, mais globalement, les sensations étaient bonnes et j’étais très heureux de ma reprise.

Dimanche, après la Roue Tourangelle, déjà longue de 200 kilomètres, tu as refait une séance juste après la course !
Déjà, je dois avouer que j’étais déçu de mon final (18e). J’ai manqué de peu de me retrouver dans le premier groupe à cause d’un problème de placement au pied de la dernière bosse. J’ai d’ailleurs essayé de faire l’effort pour rentrer après le sommet mais seul contre dix, c’était impossible. Pour le reste, j’ai effectivement prolongé ma sortie à la demande de l’équipe et du coup, j’ai fait 275 kilomètres dimanche.

« BOUFFER DU PAVÉ »

Pourquoi ?
Je vais disputer Paris-Roubaix ! Je n’étais pas encore fixé dimanche dernier mais j’avais donc la consigne de rallonger au cas où, pour me préparer.

Disputer Paris-Roubaix dès cette année, qui plus est alors que tu as repris la compétition fin mars, ce n’est pas rien ! 
C’est la course de mes rêves ! C’est un rêve de gosse… Ca représente beaucoup de choses pour moi. Je vais aller là-bas pour ouvrir grand les yeux et prendre de l’expérience. Et pour bouffer du pavé ! C’est un immense plaisir.

Et ensuite ?
Je ne sais pas encore si je ferai le Tro Bro Leon mais c’est une possibilité. Pour le reste, on a décidé avec l’équipe que j’enchaîne les courses par étapes, pour prendre de la caisse avec pas mal de jours de course. J’irai donc au Tour de Bretagne, aux Quatre Jours de Dunkerque, au Tour de Belgique… L’idée, c’est de “rattraper mon retard” en nombre de jours de compétition, comme j’ai commencé en décalé. Mais bon, il y a d’abord un gros morceau dimanche !  

 

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