On a retrouvé : Nicolas Rousseau

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Nicolas Rousseau espérait sans doute mieux de sa carrière. Beaucoup mieux. En dépit d'une victoire d'étape à la Route du Sud en 2009, puis à la Tropicale Amissa Bongo en 2010, l'ancien sociétaire d'AG2R La Mondiale et de BigMat-Auber 93 conserve un ''sentiment amer'' vis-à-vis de la fin de ses années professionnelles. Perturbé, puis opéré d'une artère iliaque en 2010 et d'une hernie discale en 2011, le coureur originaire d'Indre-et-Loire a préféré raccrocher le cyclisme de haut-niveau au terme d'une saison à l'Entente Sud Gascogne, en 2013. Après une dernière année au Stade Montois Cyclisme, en 2e Catégorie, il a décidé de reprendre ses études dans l'optique d'assurer sa reconversion professionnelle. Désormais éloigné des pelotons, l'ancien coureur âgé de 35 ans, se replonge dans ses souvenirs pour DirectVelo.

DirectVelo : Après ta carrière, tu as repris tes études (voir ici). Comment cela s'est-il passé ?
Nicolas Rousseau : Avant de passer professionnel, j'avais obtenu un DUT Génie Mécanique. Pour me remettre dans le bain et préparer ma reconversion, après la saison 2014, j'ai décidé de refaire une année de Licence dans un secteur qui marche pas mal et qui me plaisait. Comme j'habite le Sud-Ouest, le secteur aéronautique est un secteur plutôt dynamique. Derrière, j'espérais trouver du travail rapidement.

Et ça a été le cas ?
Oui, sans trop de soucis. En septembre 2014, j'ai fait de l'intérim, puis j'ai décroché un CDD de six mois, jusqu'à l'été 2015. Ensuite, à la fin de l'année, j'ai signé un CDI. Tout s'est vraiment bien passé pour moi. Désormais, je travaille pour le Ministère de la Défense. Je suis technicien, je m'occupe de moteurs d'hélicoptères.

« PLUS LES MOYENS DE MES AMBITIONS »

Pourquoi ce choix de reconversion ?
C'est le côté mécanique et high-tech qui me plaisait bien dans ce boulot. Je ne souhaitais pas rester dans le milieu du cyclisme, non pas parce que j'en étais dégoûté ou autre chose, mais tout simplement parce que ça aurait impliqué un certain nombre d'obligations. Pour moi, le vélo devait rester un plaisir. Il ne devait plus y avoir de contraintes. En revanche, aujourd'hui, j'ai envie de rendre tout ce que les bénévoles ont fait pour moi. Avec mes enfants, je serais content de le faire à moyen terme.

Te voici donc de retour à la vie « normale »...
Je suis comme une personne lambda. Mon quotidien, ce n'est pas métro, boulot, dodo car j'essaie d'aller travailler en vélo. En fait, c'est plutôt vélo, boulot, dodo (rires). J'ai deux enfants, c'est vraiment super mais ça prend pas mal de temps. La maison était en travaux donc c'était pas mal prenant. C'est compliqué de rouler mais c'est une étape de la vie.

Justement, tes années vélo te manquent-elles ?
D'un côté, je ressens un petit peu le manque de compétition. J'ai parfois la nostalgie des superbes choses que j'ai vécues comme les Jeux Olympiques, Paris-Roubaix ou encore un grand Tour. Je suis revenu à la vie normale. Quand on est coureur, tout est centré autour de nous. On ne pense qu'à être performant. Une fois tout cela derrière soi, la vie peut revenir fade. Parfois, quand je tombe sur un papier ou sur une course télévisée, plein de souvenirs me remontent en tête.
Par contre, d'un autre côté, mes dernières années ont été compliquées . Je n'avais plus les moyens de mes ambitions. Arrêter était pour moi le bon choix, voire un soulagement. Je ne prenais plus de plaisir et je n'étais plus performant. Je me faisais plus mal qu'autre chose.

« J'AIMERAIS QUE ÇA ME LAISSE EN PAIX »

Les problèmes de santé te laissent-t-ils un goût d'inachevé quant à ta carrière ?
À un moment donné, il faut tourner la page. Avec des ''si'', on fait beaucoup de choses. Parfois, ça me laisse un sentiment amer quand j'ai des périodes compliquées à la maison, à cause ma santé. Le travail permet de passer à autre chose mais ces problèmes me poursuivent toujours malgré la fin de ma carrière et une vie plus « sédentaire ». Après, ça a été une chance que de faire six années professionnelles. Ce n'est pas donné à tout le monde. J'essaie d'en garder que le positif.

Encore aujourd'hui, tu ressens ces problèmes de santé ?
Je n'ai jamais retrouvé 100% des moyens. J'ai des hauts et des bas. J'ai, par exemple, dû rester alité ces derniers temps. C'est compliqué. J'aimerais que ça me laisse en paix. Je suis surtout embêté quand je ne fais pas de sport. C'est un petit peu contraignant d'être obligé de toujours en faire, mais ça peut m'éviter des périodes difficiles.

Tu as donc continué à rouler pour le plaisir ?
En 2014, j'ai pu me faire plaisir au Stade Montois Cyclisme. J'ai terminé sur une bonne note avec une troisième place sur la cyclosportive des 24h du Mans. Depuis, c'est compliqué de rouler avec le boulot. Je roule comme ça et je me suis mis un petit peu au triathlon. Ça me force à avoir une hygiène de vie. L'an prochain, si j'ai plus de temps, je ne dis pas non pour courir pour le plaisir et la santé.

« IMPRESSIONNÉ POSITIVEMENT »

Après quatre saisons passées au sein de l'équipe AG2R La Mondiale, que te reste-t-il de cette expérience ?
J'en garde un bon souvenir. Vincent Lavenu m'a fait confiance et j'ai pu faire de grandes courses. Personnellement, je n'ai plus de liens avec l'équipe. J'en ai indirectement parce que j'ai croisé Stéphane Poulhiès chez les amateurs, quand je courais encore. C'est dommage, j'étais pourtant assez proche de certains coureurs, comme Christophe Riblon avec qui j'ai fait de la piste. Le peloton professionnel, c'est comme le monde professionnel, nous avons plutôt des relations de collègue à collègue. Aujourd'hui, je suis surtout en contact avec des coureurs avec qui je courais chez les jeunes.

Que te dis-tu quand tu vois ce que cette formation est devenue ?
Je suis impressionné positivement de les voir jouer les premiers rôles dans les plus grosses courses au monde, comme le Critérium du Dauphiné où ils ont pris les choses en main. En 2007, on jouait les premiers rôles avec Christophe Moreau, mais simplement parce que c'était une très forte individualité. Maintenant, ils ont le collectif et la confiance pour faire la course. Ça me fait plaisir car je sais d'où vient Vincent Lavenu. Il a construit son équipe à partir de rien. C'était difficile de trouver des sponsors mais à force de persévérance, il est parvenu à avoir un potentiel vainqueur du Tour de France dans son équipe. C'est un grand passionné. C'est top pour le cyclisme français. Il faut que cela donne envie aux gamins de faire du vélo.

Comment juges-tu leur évolution par rapport à ton époque ?
J'ai l'impression qu'ils ont franchi un cap dans l'encadrement, la préparation et le matériel. Je pense que Romain Bardet n'y est pas pour rien. Il a amené de nouvelles choses : du matériel, des grosses ambitions mais aussi un excellent recrutement. L'équipe s'est adaptée et a suivi l'évolution du monde professionnel. Avant, c'était encore à l'ancienne. C'était le cas de toutes les équipes françaises. Elles étaient en retard par rapport aux équipes étrangères sur certains plans.

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