Europe 2018 : Était-ce trop dur pour les féminines ?

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Des filles de partout dès la fin du premier tour, des écarts particulièrement importants entre les différentes athlètes sur la ligne d'arrivée, des concurrentes qui ont passé l'essentiel de leur course seule dans la nature... Samedi dernier, les Championnats d'Europe Juniors et Espoirs Dames, à Zlin (République tchèque) ont livré un très beau spectacle. Le circuit, long de 10,8 kilomètres et comprenant une montée sèche en pavés puis une ascension de plus de trois kilomètres en forêt, a fait d'énormes dégâts et révélé très vite les écarts de niveau entre les filles engagées sur ce rendez-vous continental. Et le soleil, frappant fort sur le casque des participantes, n'a pas arrangé la situation. "C'est le circuit le plus dur que j'ai fait jusqu'à présent !", lâchait Elena Pirrone après l'arrivée, auprès de DirectVelo. Archi-dominatrice l'an passé chez les Juniors, l'Italienne était tout près de décrocher la médaille de bronze pour sa première saison en Espoirs. "J'ai découvert mes capacités à ce niveau, donc je suis contente. Mais c'était vraiment dur", insiste-t-elle. "Pour les Juniors, ça l'était peut-être un peu trop, mais c'est toujours une bonne expérience malgré tout, je pense".

Un circuit « trop dur », alors ? Letizia Paternoster, médaillée de bronze en Espoirs, n'est pas loin de partager l'avis de sa compatriote. "Franchement, c'était limite. On a vraiment beaucoup souffert sur ce circuit même si pour ma part, j'ai pris du plaisir sur le vélo. Peut-être que je dis ça parce que j'ai la médaille", rigole-t-elle. 4e chez les Espoirs, Nikol Plosaj a elle aussi dû puiser au plus profond d'elle-même pour s'arracher sur ce circuit tchèque. "Il faut être dans un bon jour, sinon, ça devient compliqué. Tout le monde court à sa limite, donc les groupes ont explosé assez rapidement et c'était presque comme un contre-la-montre pour chaque fille".

« UN PARCOURS QUI A TRES VITE MONTRE LES DIFFERENCES DE NIVEAU »

Si toutes les filles interrogées évoquent la chaleur et ces deux montées exigeantes, Aafke Soet – médaillée d'argent en Espoirs – tient également à mettre l'accent sur l'ensemble du parcours, où il semblait presque impossible de souffler. "Après la montée, qui faisait déjà la sélection, la descente était rapide et assez technique. Du coup, quand tu perdais du temps dans la montée, tu n’avais pas vraiment la possibilité de boucher l'écart dans la descente ou alors, au prix d’un très gros effort. Mais tu ne pouvais jamais récupérer. Alors en plus, comme il faisait super chaud, ça n'a pas aidé !".

A chaud, exténuées, les filles ont donc trouvé ce circuit « très exigeant, dur », voire « terrible » pour les termes les plus souvent employés auprès de DirectVelo. Mais qu'en ont pensé les sélectionneurs, présents dans les voitures suiveuses derrière leurs protégées ? "Je pense que c'est un peu trop dur. Dès le premier tour, il y avait de gros écarts et beaucoup de filles distancées. Pour les meilleures, c'est un bon circuit, mais elles sont peu nombreuses. Pour le reste du peloton, c'est trop dur", tranche Hans Falk, le manager norvégien. "Je ne pense pas que c'était "trop", mais c'était sans aucun doute très difficile. La chaleur était très présente aussi, il faisait pas loin de trente degrés. Les positions étaient faites très vite, après cinq tours. On aurait pu faire une course un peu plus courte...", suggère pour sa part Dirk Baldinger, le sélectionneur allemand. "C'est un parcours qui a vite montré la différence de niveau entre les toutes meilleures et les autres filles", ajoute-t-il.

« IL EN FAUT DE TEMPS EN TEMPS »

Au volant de leurs voitures, qu'ont bien pu dire Hans Falk ou Dirk Baldinger à leurs protégées, parfois repoussées à de longues minutes dès les premiers tours de circuit ? "On essaie de motiver les filles à continuer, car elles ont besoin de cet entraînement. Mais on sait que mentalement, c'est difficile", répond Falk. Dans la sélection allemande de Baldinger, c'était sauve-qui-peut pour certaines concurrentes. "J'ai encouragé les filles à rester dans un groupe le plus longtemps possible, pour économiser de l'énergie. L'objectif premier était de finir la course, donc on a couru en fonction de cela".

Alors, faut-il renouveler ce type d'expériences, ou revenir à des circuits plus « classiques » à l'avenir ? "Il en faut de temps en temps. Peut-être pas trop souvent mais pour des filles comme la Tchèque (Nikola Noskova) qui s'est baladée devant, c'est plutôt sympa. Il ne faut simplement pas en abuser, car on ne s'en rend peut-être pas compte mais là, c'était plus dur que ça ne se le sera à Innsbruck. On avait plus de dénivelé, finalement. En Autriche, il y aura une partie en ligne avec une seule bosse, certes très difficile, mais il n'y aura « que » ça. Là, c'était non-stop", analyse Julien Guiborel, à la tête de l’Équipe de France. Et à Hans Falk de conclure : "C'est bien d'avoir une grosse difficulté, mais je pense qu'il faudrait plus de temps pour récupérer à chaque tour".


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