La semaine passée, Nikola Noskova a fait briller les couleurs de la République tchèque lors des Championnats d’Europe disputés à domicile, dans les villes de Brno et de Zlin. Médaillée de bronze du contre-la-montre, lauréate de l’épreuve en ligne, elle a décroché les deux seules médailles tchèques sur l’ensemble des quatre jours de compétitions. Mais comment se porte le cyclisme tchèque dans sa globalité, et notamment chez les hommes ? A 20 ans, Jakub Otruba - notre photo - est passé à une seconde de la médaille de bronze lors de l’effort chronométré chez les Espoirs. “J’étais à domicile, sur un Championnat forcément spécial pour moi, alors je voulais tout donner et ne pas me poser la moindre question. Je suis passé sous les 30’00” et c’était mon but (29’59”, NDLR). Toute ma famille est venue me voir et me supporter ici. C’est une fierté de faire un bon résultat devant ses proches, sa famille…”, racontait auprès de DirectVelo celui qui connaissait très bien ces routes pour vivre une centaine de kilomètres au nord du circuit de Brno, à Olomouc.

Pour trouver trace du deuxième tchèque au classement de ce chrono Espoirs, il faut descendre au 21e rang, et y retrouver Richard Holec. Sur la course en ligne, c’est Adam Toupalik qui a décroché une belle 6e place en U23. Pourtant, Tomas Konecny, le sélectionneur national, croit surtout en ses Juniors. “En ce moment, nous avons une très belle génération chez les Juniors, notamment avec Karel Vacek, qui a eu de très bons résultats depuis le début de saison. Chez les Espoirs, il faut avouer que Jakub Otruba est le seul coureur de niveau international actuellement. Les autres sont un peu plus en difficulté. Mais lorsque notre génération de Juniors va encore progresser et débarquer chez les Espoirs, ça pourrait être vraiment intéressant”, lâche-t-il, avant de confirmer que les années se suivent mais ne se ressemblent pas forcément pour le cyclisme national. “Cela dépend des années : il faut avouer que nous n’avons jamais dix talents qui débarquent d’un coup dans le peloton en un hiver. Parfois, il y a de très bons jeunes qui arrivent et d’autres années, c’est plus difficile de sortir des talents des catégories Juniors et Espoirs. C’est comme ça, c’est la vie”.

« ON Y A PENSÉ DÈS L’AN DERNIER »

S’il peut sembler un brin fataliste, Tomas Konecny est sans doute surtout prudent. Mais il croit en ses talents. “Je suis heureux de voir les coureurs que nous avons en Juniors. C’est la base ! Si l’on veut avoir de bons professionnels dans quelques années, ça passe par la formation”. Et une détection qui se résume souvent à la partie sud-est du pays, à Brno ou Olomouc, notamment. “Ce sont des zones spéciales ici. C’est une région de vélo, plus qu’ailleurs dans le pays. Pendant toute la période du communisme, il n’y avait que deux grands clubs de cyclisme dans le pays  : le Dukla Prno et le Ruda Hvezda Plzen. Il fallait impérativement courir dans ces régions-là pour faire du vélo…”.

Avant ces Championnats continentaux de Brno et Zlin, la République tchèque avait accueilli un Championnat d’Europe à Olomouc, en 2013. Sans compter les organisations en cyclo-cross, notamment sur le circuit de Tabor. “C’est important pour le pays d’organiser ce type d’événements. Cela permet de ramener du monde et de montrer l’intérêt du pays pour le cyclisme”, rappelle Konecny, comme l’avait également fait le vice-Président de l’épreuve, Vladimir Krejci, au terme de l’événement (lire ici). Ce Championnat, la sélection tchèque l’aura préparé sérieusement, pendant un an. “On a commencé à penser à ce Championnat très tôt. En fait, on y a pensé dès l’an dernier, lorsque l’on a su que nous allions accueillir l'événement. Courir à la maison était forcément quelque chose de particulièrement important pour tous les Tchèques, dans le milieu du cyclisme, alors nous ne voulions pas nous rater”. Avec deux médailles dont un titre chez les féminines et plusieurs places d’honneur chez les hommes, le bilan semble plus que convenable pour le cyclisme tchèque. En attendant l'éclosion d’un nouveau grand talent.