Tour de France : Sur les traces de... Geraint Thomas

Crédit photo ASO - Pauline Ballet

Crédit photo ASO - Pauline Ballet

C’est reparti pour un Tour ! Une nouvelle fois, tout au long de la “Grande Boucle”, DirectVelo vous propose de partir “Sur les traces de” coureurs du Tour de France, en évoquant grâce à un coéquipier, un adversaire, un dirigeant ou un proche, ses saisons dans les catégories de jeunes, ou en Amateurs. Pour ce nouveau numéro de notre rubrique, DirectVelo a contacté Jonathon Mozley, lequel a très bien connu Geraint Thomas, l'actuel maillot jaune du Tour de France, dans les catégories de jeunes. Il était notamment son coéquipier de sélection lorsque le Gallois a remporté Paris-Roubaix Juniors, en 2004. "Je ne suis pas surpris de le voir grimper si bien aujourd’hui. Pour moi, il a toujours été bon dans tous les domaines", explique "Jon" Mozley, qui nous raconte ses souvenirs du vainqueur des étapes de La Rosière et de l'Alpe d'Huez.  

« Pour moi, Geraint est l’un des mecs les plus sympas du peloton. Il ne se prend pas la tête, il est cool, décontracté… Dès les plus jeunes catégories, on pouvait remarquer qu’il avait quelque chose. Sa façon de pédaler était déjà très fluide et efficace. On a très vite vu qu’il était spécial. Cela dit, c’était difficile de l’imaginer faire une carrière, encore plus à ce niveau-là, pour une raison très simple : la plupart des Britanniques n’arrivaient pas à faire carrière en Europe au plus haut-niveau, une fois en Elites. Mais on a quand même senti qu’il se passait quelque chose avec notre génération, et que des garçons allaient sûrement se révéler parmi les meilleurs mondiaux. Et Geraint faisait partie de ces coureurs très prometteurs. Je ne sais pas vraiment s’il prenait tout ça au sérieux au début. Je pense que le déclic a eu lieu lorsqu’il a rejoint l’équipe nationale sur la piste, en Juniors. A partir de là, il s’est rendu compte, selon moi, de son talent. Il est devenu Champion du Monde Juniors sur piste et il a réalisé qu’il pourrait vivre du cyclisme.

« JE N’ARRIVAIS PAS À CROIRE QUE LE PLAN FONCTIONNAIT SI BIEN »

Je me rappelle très bien de cette période-là, lorsque Geraint (Thomas) était Junior. Il faut dire que pour ma part, ce sont mes meilleurs souvenirs et les plus beaux moments de ma carrière, pour être honnête (sourires). J’ai de souvenirs très précis du Paris-Roubaix Juniors 2004, notamment. Nous avions 144 kilomètres dont 55 de pavés. On reprenait le parcours des pros juste après la forêt d’Arenberg. Geraint, Ian Stannard et moi-même portions le maillot de la “South East Cycling” et nous étions dirigés par John Barcley. A cette époque-là, on nous connaissait déjà bien dans le peloton en Belgique, notamment, car on y gagnait pratiquement tous les week-ends. Du coup, sur ce Paris-Roubaix, il y avait un duel entre nous et les Juniors belges. Chacun de nous avait pu mettre trois coureurs dans le groupe de tête. C’était eux contre nous ! Ian Stannard en a mis une grosse à 40 bornes de l’arrivée et avec “Gez” (Geraint Thomas), nous n’avions plus qu’à contrôler. On attendait de voir comment allaient réagir les autres. Puis finalement, “G” a placé une grosse contre-attaque… C’était parfait ! Et il a bouché le trou sur Ian ! Je n’arrivais pas à croire que le plan fonctionnait si bien, et ils se sont retrouvés tous les deux en tête. Geraint a gagné, ils ont fait le doublé, et nous avions reçu le prix de la meilleure équipe lors d’une fête pour célébrer la fin de carrière de Johan Museeuw (qui avait de terminé 5e de son dernier Paris-Roubaix, NDLR).

Outre sa victoire à Roubaix, Geraint m’avait aussi marqué lors d’un Tour d’Irlande Juniors. Et cette histoire montre à quel point ce mec était sympa ! Je courais pour la sélection britannique avec Ben Swift, Dan Martin et Ian Stannard, encore lui. Ian avait le maillot jaune et c’était la dernière étape. On était sur le mode défensif. Geraint était là avec l’équipe du Pays de Galles. Il venait d’être sacré Champion du Monde Juniors du scratch et il était sur ce Tour d’Irlande sans réelle ambition. C’était surtout pour entretenir sa forme sur la route. Toujours est-il qu’il a fallu que je roule pour défendre le maillot de Ian, car une échappée était sortie et comptait 3’00” d’avance, avec un coureur dangereux au général à l’avant. Mon rôle était de rouler pour combler l’écart sur le plat, et Dan Martin devait faire l’effort dans les bosses. Mais j’avais pété dans une bosse…. Eh bien Geraint m’a ramené ! Alors qu’il n’était même pas dans mon équipe ! Il m’a fait le train dans la montée puis à la bascule, et j’ai pu rentrer, ce qui m’a ensuite permis de passer un bout en tête de groupe. On a fini à huit petites secondes de l’échappée et Ian a pu sauver son maillot jaune et remporter la course.

« IL ACCOMPAGNAIT DAN MARTIN DANS LES ASCENSIONS »

Il parait que certains sont surpris aujourd’hui de le voir grimper de cette façon sur le Tour de France. Vraiment ? Pour moi, il a toujours été bon dans tous les domaines. Je ne l’ai jamais vu comme un spécialiste de la piste… Dès les Juniors, il était très fin tactiquement, capable de longs efforts en solitaire pour tenir un peloton en respect, capable de bien descendre… Il gagnait même des sprints massifs chez les Cadets ! Mais après, c’est devenu plus dur pour lui au sprint car à partir des Juniors, tu commences à faire face à de sacrés bêtes au sprint et physiquement, il ne pouvait plus être aussi rapide que ces mecs-là. Il a toujours été beau à regarder sur un vélo. Il pédalait de façon souple, aérienne… Et ça le rendait vraiment efficace.

Je ne suis pas surpris de le voir grimper si bien aujourd’hui. Déjà, il faut dire qu’il a perdu beaucoup de poids. Mais il l’a fait de façon lente et progressive, ce qui est selon moi la meilleure façon de procéder. Quant au fait de bien grimper les cols… Eh bien, il a toujours été bon contre-la-montre ! Grimper un col, c’est plus ou moins la même chose : il faut connaître son corps et bien gérer son effort. Pour ceux qui ne l’ont pas connu dans les jeunes catégories, je rappelle aussi qu’il accompagnait Dan Martin dans les ascensions. En fait, il a toujours été bon dans les ascensions ».

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Geraint THOMAS