Anna Van der Breggen l'attendait depuis si longtemps

Crédit photo Régis Garnier - DirectVelo

Crédit photo Régis Garnier - DirectVelo

Elle l’a enfin fait ! Après d’innombrables médailles d’argent, de bronze et autres places d’honneur sur les chronos ou les courses en ligne des derniers Championnats du Monde, Anna Van Der Breggen a décroché le titre suprême et le maillot arc-en-ciel ce samedi, dans les rues d’Innsbruck (Autriche). Après un numéro en solitaire durant la dernière heure de course, la Néerlandaise l’a emporté avec un très large avantage sur ses premières poursuivantes (voir classement). Anna Van der Breggen, qui apporte un énième titre mondial aux Pays-Bas chez les féminines, revient sur ce sacre auprès de DirectVelo. 

DirectVelo : Cette fois-ci, le maillot arc-en-ciel est pour toi !
Anna Van der Breggen : C'est très spécial car j'ai gagné beaucoup de courses mais cette victoire-là me manquait énormément. Gagner ici, avoir le maillot pour un an... C'est quelque chose de très grand. Le fait d'avoir attendu ce moment si longtemps, d'en avoir fait un très gros objectif... Puis finalement gagner, c'est un soulagement énorme. Je l'ai fait !

« UNE PÉRIODE DIFFICILE MENTALEMENT »

Ce Championnat du Monde semblait de loin ton plus gros objectif de la saison...
Je sais à quel point il est difficile d'être Championne du Monde. J'aimais vraiment ce circuit, je l'avais reconnu plusieurs fois. J'ai pensé à ce Mondial tout au long de l'année. J'ai tout fait pour arriver au top ici, en essayant d'arriver au mois de septembre plus fraîche que je n'avais pu l'être par le passé. Je dois avouer que la pression était de plus en plus forte au fil que le Championnat se rapprochait. Tu sais que le Jour-J approche et qu'il ne faudra pas se rater. Tu sais aussi que tu n'auras plus beaucoup de chances comme celle-ci. C'était dur à vivre, un peu. Ce matin, je me suis dit que c'était la fin d'une période difficile mentalement : je savais que ça allait se finir, et que j'allais pouvoir ensuite profiter.

Tu sembles avoir tout gagné désormais : le titre olympique, le Giro, la Course by le Tour, la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège... et donc le Mondial. Et maintenant ?
Je ne sais pas du tout (rires). Je crois que je vais me contenter de profiter de courir avec ce maillot sur le dos tout au long de la saison 2019. Ce n'est évidemment pas le moment de penser à mes objectifs de l'an prochain, je vais d'abord profiter.

« ON S’EST DIT QU’ON ALLAIT SE BATTRE ENSEMBLE »

Peux-tu nous expliquer quelle était la tactique des Néerlandaises avant le départ de ce Championnat ?
La tactique n'était pas compliquée à mettre en place sur un circuit comme celui-là. Nous avions deux leaders : Annemiek et moi. On devait se partager les "tâches". Peu importe qui pouvait gagner, nous étions prêtes à travailler l'une pour l'autre. Les médias mettaient beaucoup de pression mais finalement, ça nous a permis de nous serrer les coudes. On s'est dit qu'on allait se battre ensemble, et pas l'une contre l'autre, comme certains pouvaient peut-être l'imaginer.

Les faits de course ont rendu les choses assez simples à lire…
Annemiek (Van Vleuten) a eu une mauvaise chute et elle m'a dit qu'elle n'était pas très bien. Amanda s'est retrouvée devant et je savais que c'était une très bonne grimpeuse. Donc il fallait vraiment bouger dans la deuxième ascension. On ne pouvait pas lui laisser deux minutes d'avance. Alors j'y suis allée, et j'ai pu rentrer. Une fois seule devant, je sentais que j'avais de bonnes jambes donc ça ne me faisait pas trop peur de partir de loin. Je savais simplement qu'il fallait faire bien attention à boire et à m'alimenter pour tenir jusqu'au bout.

« ILS M’ONT FAIT CONFIANCE »

Quand as-tu compris que tu allais gagner ?
Je ne savais pas vraiment quels étaient les écarts. J'ai seulement su que j'avais deux minutes d'avance au sommet de la dernière difficulté. Mais bon, j'ai connu tellement de fins de courses difficiles par le passé que je voulais restée très concentrée et continuer de rouler à fond jusqu'au bout car il aurait pu arriver n'importe quoi.

Cette année, tu avais fait l’impasse sur le Tour de Californie puis sur le Tour d’Italie, deux très grosses épreuves dont tu étais la tenante du titre, pour te consacrer au Mondial : un choix fort !
Je crois que tout le monde est heureux de ces choix-là chez Boels-Dolmans et je dois les remercier. Ce n'était pas une saison facile pour l'équipe, car nous n'avions pas beaucoup de filles pour courir et tourner. Moi la première, je ne voulais pas trop courir, comme je l'ai dit. J'avais bien conscience que c'était dur pour eux de ne pas pouvoir m'aligner sur certaines courses comme une bonne carte, car je voulais préparer le Mondial. Mais ils m'ont fait confiance et m'ont laissé beaucoup de libertés. C'est assez incroyable d'avoir eu cette possibilité-là et je suis vraiment très reconnaissante auprès de l'équipe.

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