Vitesse par équipes : Démarrer du bon pied

Crédit photo DirectVelo.com

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Ce jour-là, la séance d'entraînement de la vitesse par équipes rentre dans le vif du sujet. Grégory Baugé se lève de son banc en bord de piste et se dirige vers le bloc de départ. Les conversations s'arrêtent, on n'entend que le décompte électronique du compte-à-rebours. Tous les yeux sont fixés sur le coureur de l'US Créteil qui, au signal, s'arrache de la mâchoire de la boite rouge. "Le poste de démarreur génère beaucoup de stress. J'ai l'impression qu'on attend beaucoup plus d'un démarreur que d'un finisseur. C'est toi qui lance la machine et l'équipe. Tout le monde compte sur toi", ressent François Pervis.

François Pervis et Grégory Baugé seront les deux démarreurs de l'équipe de France vendredi prochain, le premier jour de la Coupe du Monde sur piste à Saint-Quentin-en-Yvelines. Herman Terryn, l'entraîneur national, les fera tourner sur les deux premiers tours. "Nous sommes encore en phase de test. Nous attendons de la progression chronométrique et que les chronos descendent plus on s'approchera de Tokyo". Le sociétaire de l'US Créteil est bien conscient de l'attente. "A cette manche de Coupe du Monde, toute l'équipe, les coureurs et l'encadrement veulent améliorer les temps du démarrage réalisés depuis Rio", dit le démarreur des Jeux de 2016.

FRANÇOIS PERVIS : « LE DÉMARRAGE ME FASCINE »

Depuis les Jeux de Rio, aucun titulaire indiscutable ne s'est imposé au poste de démarreur. Benjamin Edelin a lancé le trio tricolore vers un titre européen et une médaille de bronze au Championnat du Monde de Hong-Kong. Puis François Pervis a été préféré pour les deux derniers Championnats internationaux avec une médaille à chaque fois. "Mais je n'arrive pas à être régulier", concède le recordman du monde du 200 mètres lancé, "j'arrive à faire des coups d'éclat mais sans savoir pourquoi. Je me cherche encore dans l'approche des compétitions, dans l'échauffement," reconnaît le sociétaire de Laval Cyclisme. La difficulté est d'arriver au bloc rouge de départ, un peu comme une bonne entrecôte de Limousine bien saisie et bien saignante. "Il faut être au départ suffisamment chaud et débloqué tout en restant percutant".

Le recordman du monde du kilomètre prend la quête du poste de démarreur comme un nouveau défi : "Je ne maitrise pas encore le démarrage mais ça me fascine. Ce défi me transcende, me galvanise" indique le Mayennais. "J'ai toujours eu une qualité de démarreur correcte. J'ai toujours travaillé le démarrage pour le kilomètre mais pas aussi intensivement qu'aujourd'hui. Je suis encore loin des meilleurs mondiaux mais je me donne à fond sur ce poste".

Sa performance à la Coupe du Monde de Saint-Quentin-en-Yvelines pourrait décider de son avenir à cette place stratégique et le chronomètre sera le juge de paix. "Si je suis le meilleur Français avec un très beau chrono de 17"4-17"5, je resterai à ce poste avec plaisir pour apporter le plus à l'équipe de France. Mais si je ne fais pas mieux qu'au Championnat d'Europe, où j'ai fait 17"7 ou si Grégory ou un autre, car Sébastien Vigier démarre très très bien lui aussi, font de meilleurs temps que moi, je vais me retirer naturellement et essayer de gagner ma place à un autre poste, en 2 ou en 3. J'espère sincèrement que Grégory revienne à son meilleur niveau et à des temps que je n'ai jamais faits", assure-t-il.

GRÉGORY BAUGÉ : « IL FAUDRAIT FAIRE MIEUX QU'AVANT »

Justement, Grégory Baugé pense pouvoir rééditer ses temps de 2016 (17"23 à Rio). "Je me dis que je peux refaire ce que j'ai fait, sauf qu'il faudrait faire mieux". A Apeldoorn en mars dernier, Nils van Thoenderdaal, le démarreur des Champions du Monde hollandais a réussi 17"0 et Jack Carlin, le lanceur de la cavalerie anglaise, 17"1.

Le Champion du Monde de vitesse à Saint-Quentin en 2015 pose le problème. "Depuis Rio, l'équipe de France n'a pas retrouvé les temps des Jeux olympiques. Il faudrait un démarreur qui fasse mieux que 17"2. J'ai dit aux entraîneurs que je pense en être capable. On a mis un plan en place". Pour y parvenir, l'équipe de France est ouverte à la nouveauté. "Notre nouveau préparateur physique nous en fait baver mais ça fait du bien. Nous sommes moins fermés à la nouveauté que par le passé, y compris dans le braquet du démarrage. Il y a un bon échange avec les entraîneurs", apprécie-t-il.

Grégory Baugé sait, lui aussi, qu'il n'est pas le seul coureur sur les rangs pour ce poste. D'ailleurs, Benjamin Edelin devrait être du voyage au Canada pour la seconde manche alors que François Pervis devrait être absent du bloc de démarrage à cette occasion. L'étape de Saint-Quentin doit poser les premiers jalons du redressement des chronos. "On a du temps pour travailler mais il faut améliorer les temps en compétition, la manche de Saint-Quentin est importante à ce niveau", insiste le Parisien.

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