La Grande Interview : Clément Bétouigt-Suire

Crédit photo Corentin Photographies Cyclisme

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C’est l’histoire d’un jeune homme promis à un très grand avenir, et dont les rêves se sont écroulés en quelques mois. Fin 2015, Clément Betouigt-Suire passait à quelques centimètres du titre de Champion du Monde Juniors sur le circuit américain de Richmond, en Virginie. Une performance on ne peut plus prometteuse pour un garçon qui avait déjà gagné deux fois avec l'Équipe de France, sur des manches de Coupe des Nations, quelques mois plus tôt. Le Girondin est l’un des phénomènes du peloton international et il signe dans la réserve de la Team Sunweb dès sa sortie des rangs Juniors. Son grand-père, Jacques Suire, qui a notamment participé à deux Jeux Olympiques dont ceux de 1960, à 17 ans seulement, ne tarit pas d’éloges sur son petit-fils. “C’est un futur Bernard Hinault”, lâchait-il à l’époque. “Tout le monde connaît les cycles Suire sur Bordeaux. Quand tu es un petit Suire, tu dois gagner des courses”, rigole Clément. Sauf qu’il a, entre temps, perdu la flamme. Le garçon est “totalement blasé” et ne trouve plus aucune raison d’aller s’entraîner. Au printemps 2017, au fin fond de la campagne croate, le voilà qui jette l’éponge pour de bon. Il abandonne ses équipiers de la Sunweb lors d’une séance d’entraînement, pose son vélo sur le bas-côté et demande à ses directeurs sportifs de le ramener à l’hôtel. Le garçon n’a plus enfilé le moindre dossard depuis. Après une longue traversée du désert, l’athlète de désormais 20 ans envisage de faire son retour à la compétition. Dans la peau d’un homme nouveau, mais non sans avoir tiré les leçons du passé. Il souhaite d’ailleurs mettre en garde les jeunes sur les dangers d’une pratique trop excessive de leur discipline sportive durant leurs plus jeunes années.

DirectVelo : Ta dernière apparition en compétition remonte au 1er avril 2017. Comment vas-tu depuis ?
Clément Bétouigt-Suire : J’ai fait un burn-out, on peut le dire. Je restais chez moi pendant des journées entières, à ne rien faire. Je ne voulais pas sortir. Pourtant, j’avais ma famille, ma copine… D’ailleurs, ça devenait compliqué même avec ma copine. Elle essayait de me bouger mais je ne savais plus quoi faire de ma vie. J’ai vécu des moments vraiment difficiles et je n’oublierai jamais cette période. Je devais reprendre la compétition au GSC Blagnac, début 2018, mais ça ne s’est pas bien goupillé. Je ne me sentais pas encore prêt à reprendre. J’étais toujours dans cette phase où le vélo me dégoûtait totalement. J’en avais tellement marre du vélo que je préférais même aller à la boulangerie à pied plutôt qu’à vélo.

Tu as passé un an et demi enfermé dans ta chambre ?
Non, pas du tout. J’ai eu des périodes très difficiles, mais je ne voulais pas totalement me morfondre non plus. J’ai fait des choses. Je me suis rendu compte de ce qu’est la “vraie vie”, à côté du vélo, en bossant dans la société de transports de mon père. Avant ça, j’ai travaillé un peu partout en intérim, sur les chantiers, dans des secteurs qui ne me plaisaient pas. Mais j’ai appris. J’ai vu d’autres choses, d’autres secteurs, d’autres gens, et ça m’a fait du bien.

« J’AI FAILLI NE MÊME PAS ALLER AU MONDIAL »

C’est donc grâce au travail que tu as relevé la tête ?
C’est d’abord et surtout grâce à ma copine. On vivait déjà ensemble et elle me disait de me réveiller. Et puis, d’autres personnes ont réussi à me convaincre de ne pas me laisser abattre. Je pense notamment à Thomas Boudat. En juillet, il était sur le Tour de France et même là, il a pris le temps de m’appeler pour me dire de me bouger le cul (sourires). Franchement, ça m’a beaucoup touché. Et j’ai fait l’effort de me ressaisir.

Y’a-t-il des personnes, dans le monde du cyclisme, qui t’ont toujours soutenu pendant cette période très difficile ?
J’ai pu compter sur quelques personnes, oui. Rares, mais précieuses. Je pense notamment à Julien Thollet (le sélectionneur national de l'Équipe de France Juniors, NDLR). Il m’a appelé plusieurs fois pour prendre de mes nouvelles. Il a toujours été attentionné et c’est quelque chose qui m’a fait du bien. Je le remercie pour cela. C’est celui qui a pris le plus régulièrement de mes nouvelles. D’ailleurs, il m’a encore appelé il y a deux mois de cela. Je n’oublie pas non plus que lorsque je courais, il m’a toujours laissé ma chance en Equipe de France, même lorsque ça allait moins bien et que je commençais déjà à douter.

C’est à dire ?
J’ai eu des périodes de gros doutes dès ma première année chez les Juniors. J’ai terminé 2e du Championnat du Monde à Richmond, aux Etats-Unis, mais ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est que j’étais déjà mal à cette période-là et en fait, j’ai failli ne même pas aller au Mondial ! Je ne voulais pas y aller. J’avais d’ailleurs bâché sur une autre course quelques jours plus tôt. Après ça, je me suis retrouvé à discuter pendant 2h30 dans une chambre avec Julien (Thollet) et Fabrice (Brochard), le préparateur mental. Ca n’allait pas. Je voulais rentrer chez moi et arrêter le vélo, déjà… Mais Julien avait trouvé les mots et il m’avait remotivé. Une semaine plus tard, je gagnais une course. Puis j’ai été à quelques centimètres de devenir Champion du Monde.

Que s’est-il passé pour que tu n’aies plus l’envie de faire du cyclisme, toi qui faisais partie des plus grands espoirs mondiaux chez les Juniors ?
Beaucoup de choses se passent à cet âge-là. Lorsque tu es Junior ou Espoir, tu es à un âge où tu peux être très tenté par tous les “à-côté” : c’est la période durant laquelle tu passes ton permis, où tu commences à sortir, à vouloir aller draguer les filles, aller faire des apéros avec les potes... Bref, du classique. Sauf que quand tu es sportif de haut-niveau, tu dois te priver de toutes ces choses-là, très souvent. Et à 18 ans, ce n’est pas simple ! Certains en ont juste marre et finissent par craquer.

«ON M’A DÉGOUTÉ DU VÉLO, ET ON DÉGOÛTE TROP DE JEUNES »

C’est la raison de ton propre “craquage” ?
Pas vraiment car en réalité, je dois avouer ne jamais avoir fait totalement le job. Je ne faisais pas n’importe quoi non plus, mais j’ai toujours aimé profiter, voir mes amis etc. Je ne me privais pas. En fait, j’étais simplement dégoûté du vélo. Et en plus, j’ai pris plusieurs grosses gamelles qui ont fini de m’achever. C'en était de trop. J’en avais marre de rouler, d’aller m’entraîner. J’étais blasé.



Mais pourquoi ?
On m’a dégoûté du vélo, et on dégoûte trop de jeunes ! A nous prendre pour des pros quand on est encore que des gamins, en Cadets… Il ne faut pas proposer des sorties de trois heures à des Cadets au mois de novembre ! A un moment donné, il faut juste arrêter les conneries ! C’est honteux ! Pourquoi nous met-on dans cette situation ? Ce n’est pas de notre faute. Quand on a 14 ou 15 ans, on ne réalise pas. Mais les adultes qui nous font faire ces choses-là devraient cogiter un peu plus… A l’époque, il m’arrivait de courir en Rhône-Alpes, puis de monter sur Paris le lendemain, et de me retrouver vers Bordeaux le surlendemain. Tout cela avec l’école en parallèle. Sérieusement ? J’aurais aimé moins en faire. Mais bon, je me disais qu’il fallait passer par là, que ça faisait partie du parcours à suivre pour faire carrière. Alors je me rassurais en me disant que j’allais gagner ma vie grâce au cyclisme un peu plus tard et que j’allais vivre de superbes moments sur le vélo. On m’a vendu du rêve, mais pour avoir quoi au final ? Pour être dans quel état ? J’utilise encore ce mot, mais c’est dégoûtant.

Tu en veux donc beaucoup à certains éducateurs…
J’ai beaucoup réfléchi à tout ça, et ce qu’il en ressort, c’est que ces gens-là sont souvent des frustrés, qui espéraient réussir une carrière dans le milieu et n’y sont pas parvenus. Ils n’ont pas réussi, et ils veulent, soi-disant, nous éviter de reproduire les mêmes erreurs qu’eux. Mais je me suis souvent pris la tête avec des éducateurs pour ça. Quand tu vois des gamins de 15 ans aller à l’entraînement à reculons… Ce n’est pas normal ! Forcément, on n’a pas la bonne méthode avec eux, on ne leur donne pas envie d’aller rouler le mercredi après-midi. C’est terrible. Ca m’est arrivé. A 16 ans, il m’arrivait déjà de dire à certains : “vous me faites chier avec votre vélo !”. Quand tu en arrives là, en principe, ce n’est déjà pas très bon signe.

Te sentais-tu seul dans ces moments-là, ou avais-tu des compagnons de route qui partageaient les mêmes sensations que toi ?
C’était délicat car je gagnais pas mal de courses, donc je n’avais pas vraiment le droit de me plaindre. Je traversais toute la France, je partais à l’autre bout du Monde pour des événements… Je pense notamment à un déplacement au Canada, à 17 ans. Quand tu aimes voyager, c’est beau. Le premier à qui j’en ai vraiment parlé, c’est Matthieu Legrand. On se comprenait et d’ailleurs, il a même arrêté le vélo avant moi. Sinon, je n’en parlais avec personne.

« J’AI EXPLOSÉ EN PLEIN VOL »

Lorsque tu es arrivé dans la réserve de la Sunweb, dès ta sortie des rangs Juniors, on pouvait t’imaginer prêt à embrasser une grande carrière...
J’ai toujours rêvé de faire carrière dans le vélo et quand je suis arrivé chez Sunweb, c’est comme si je touchais au but. C’était impressionnant, tout était super beau, carré… Je ne manquais de rien. J’avais déjà l’impression d’être pro, en fait. D’ailleurs, le fait d’avoir la même tenue que l’équipe WorldTour rend la chose encore plus vraie… Mais je n’étais simplement pas prêt. Et j’étais surtout au bout du rouleau. Tout le monde me disait : “Tu es fou, tu ne vas pas craquer maintenant… Mec, t’es chez Sunweb !”. Mais bon, j’ai explosé en plein vol et la Sunweb n’y pouvait pas grand-chose. Le mal était déjà fait.

Tu es donc passé du rêve au cauchemar…
Complètement ! Je ne supportais plus rien. Le truc qui m’a le plus gonflé, pendant toutes ces années, c’était de croiser ces personnes qui me demandaient : “alors, comment ça va le vélo ?”. Pourquoi me résumer à un cycliste ? Franchement, ça me saoulait tellement… Parfois, j’avais envie de leur dire : “Tu ne veux pas d’abord me demander comment je vais moi, tout court ?”. Pourquoi parler directement du vélo ? On me demandait où j’allais courir, ce que j’allais faire comme sortie à l’entraînement le lendemain… Pff. Inversement, c’est d’ailleurs ce qui m’a plu quand je bossais aux chantiers, car les gens ne savaient pas qui j’étais. Je me suis retrouvé avec des mecs de 40 ans et on parlait de tout… Sauf de vélo ! Ça m’a fait du bien.

Lorsque tu as décidé de faire un break au printemps 2017, savais-tu que tu ne porterais plus du tout le maillot de l’équipe ?
J’ai été réglo avec le staff de Sunweb. Ils m’avaient proposé de me garder les deux années de contrat, mais je leur ai vite dit que je ne me sentais pas capable du tout de continuer. Je me forçais à l’entraînement. Je me souviens d’une séance de six heures en Croatie. C’était au lendemain d’une course de 160 bornes (le Trophée Porec, en Classe 2, NDLR). Ca me gonflait de rouler autant, à 19 ans… Après trois heures d’entraînement, je suis descendu du vélo et j’ai demandé à ce qu’on me ramène à l’hôtel. Je suis monté dans la bagnole et je ne voulais plus rien savoir. Ce n’était même pas la peine de discuter avec moi… Sur le coup, je me souviens qu’on m’avait dit : “eh bien, si tu veux rentrer à l’hôtel, d’accord, mais en vélo !”. On était encore à 40 bornes de l’hôtel, je leur ai dit que c’était des fous. Je ne voulais pas mettre un coup de pédale de plus.

Tu arrivais à te faire comprendre, en anglais ?
Quand tu es énervé, tu trouves toujours les mots. Et puis de toute façon, je crois qu’ils le voyaient à ma tête… Il n’y avait pas besoin de trop parler.

« J’EN VEUX AUX ÉDUCATEURS »

Et comment l’aventure s’est-elle terminée ?
J’ai simplement demandé à leur parler. Je leur ai expliqué que j’en avais vraiment marre. Ils ont insisté pour que je reste car j’avais réalisé de très bons tests physiques et ils considéraient que j’avais potentiellement un très bel avenir au sein de la structure. Mais il n’y avait plus rien à faire. Ma décision était prise. En plus, sur ma première course avec eux, au Triptyque des Monts et Châteaux, je suis tombé deux fois en deux jours. Comme je le disais tout à l’heure, c’était de trop. J’étais déjà souvent tombé par le passé, et j’avais pris de sacrées gamelles. Je me suis fait opérer de plusieurs clavicules, des dents, du visage… Je n’étais pas prêt à subir encore tout ça.

Les chutes n’ont donc fait qu’accentuer ton envie d’arrêter...
C’est vrai que sans toutes ces chutes, je n’en serais peut-être pas arrivé à un tel dégoût. A chaque fois que je suis tombé, j’ai eu du mal à m’en remettre. Revenir après trois mois sans vélo, ce n’est pas facile. Car tu repars de zéro, tu es nul… Il faut se battre à chaque fois.



Es-tu toujours remonté envers le monde du cyclisme aujourd’hui ?
Oui, bien sûr. J’en veux aux éducateurs, aux accompagnants, à beaucoup de ceux qui ont fait mon parcours pendant mes jeunes années sur le vélo. Ma famille m’aidait, mais pas vraiment le monde du vélo. Il y a trop de choses que l’on ne voyait pas, que l’on ne traitait pas. D’ailleurs, j’en reviens à Julien Thollet mais lui... C’était le contre-exemple. J’aimais son discours lors des stages de l'Équipe de France. Il nous mettait souvent en garde sur plein de choses, sur le fait que nous avions encore beaucoup à apprendre et que rien n’était fait dans notre jeune carrière, même si sur le papier, on pouvait imaginer faire partie des meilleurs coureurs de notre génération. Ce n’est qu’un exemple, mais il avait un discours sage et posé. Et il ne nous prenait pas la tête. J’espère avoir l’occasion d’en parler aux jeunes un jour. Je ne veux pas que d’autres gamins en arrivent au même stade que moi.

Tu aimerais donc faire de la pédagogie auprès des jeunes, les mettre en garde ?
J’adorerais. J’aurais plein de choses à leur dire. Evidemment, il n’y a pas de généralités à faire, et chaque jeune à son histoire. Mais j’aimerais dire aux enfants qu’ils doivent faire ce qu’ils ont envie. Quand tu es Minime ou Cadet, tu dois uniquement te faire plaisir et t’amuser sur ton vélo. Même en Juniors, on peut être ambitieux, mais il faut que ça reste un jeu et un moment de bonheur. Je me verrais bien rencontrer les coureurs de l'Équipe de France Juniors un jour, par exemple. Ca pourrait être une idée avec Julien Thollet. Tu as des gars qui sont en sélection nationale en Juniors, que tout le monde trouve beaux et forts… Sauf que comme par magie, ils ne font plus de vélo deux ans plus tard. Il y a forcément un problème… Malheureusement, ça ne se résume pas qu’aux gamins.

« JE PENSE QUE LA SUNWEB ALLAIT ME RELANCER »

A quoi penses-tu d’autre ?
J’ai déjà vu des parents hurler sur leur gamin parce qu’il n’avait pas gagné une course… Jeter des vélos qui coûtent une fortune par terre… C’est la pire des choses à faire ! Heureusement, je n’ai pas connu cette situation-là. Et puis, c’est encore un autre problème, mais certains enfants se forcent aussi en voulant rendre fiers leurs parents, leurs proches. Or, on ne peut pas prendre de plaisir dans ces conditions. C’est impossible.

Tu évoques la lassitude de certains jeunes, prêts trop tôt… Mais il y a également des coureurs qui enchaînent les victoires dès les Cadets… Et qui font quinze ans chez les pros par la suite !
Bien sûr, il y a tous les types d’exemples possibles et imaginables, comme je le disais à l’instant. Le monde est complexe, et les gens aussi. Je ne dis pas que l’on va forcément se cramer si l’on marche en Cadets. Le meilleur exemple, pour moi, c’est mon ami Thomas Boudat. Il est encore jeune mais on voit qu’il est parti pour réaliser une belle carrière, et il marchait déjà fort chez les jeunes. A chaque fois que je le vois, il est toujours aussi motivé. Même peut-être encore plus qu’avant (sourires). Chaque personne est différente. Quand un Cadet te dit : “je veux passer pro”, il a le droit de rêver et de le penser. Cela peut être positif. Mais il faut rester prudent. C’est tout ce que je dis… Le sujet est tellement compliqué : il y a aussi des coureurs professionnels qui ne sont même plus motivés, mais ils gagnent bien leur vie alors ils restent dans les pelotons tant qu’ils le peuvent, sans envie particulière. On trouve tous les profils dans un peloton de cyclistes. Moi, je veux y voir des gens heureux d’être là.

Tu fais référence à l’argent : tu n’as jamais pris cette donnée en compte avant d’arrêter ?
Mes parents me disaient : “rends-toi compte de l’argent que tu pourrais gagner en faisant carrière dans le vélo”, mais je m’en foutais. A ce stade-là, gagner 1000 ou 10000 euros par mois ne me faisait absolument pas rêver. Ça me saoulait tellement que l’argent ne pouvait rien changer.

Tu t’es montré critique envers différentes personnes en retraçant ton parcours. Considères-tu avoir également fait des erreurs personnelles ?
Bien sûr ! On fait tous des erreurs. Et de toute façon, je n’ai même pas envie de jeter la pierre à des gens juste pour le plaisir de… Je veux simplement essayer de trouver des solutions pour la nouvelle génération. Pour revenir à mon cas personnel, il y a forcément eu ce choix d’aller dans la réserve de la Sunweb dès ma sortie des Juniors, dont on peut discuter.

« PARTICIPER AUX CHAMPIONNATS DE FRANCE SUR PISTE »

Tu le regrettes ?
Je ne sais même pas si c’est vraiment une erreur, car je n’avais déjà plus envie de faire du vélo. Je pensais que ça allait me relancer, me motiver. J’aurais eu le même souci en DN, je pense. En quelques mois seulement à la Sunweb, et sans avoir vraiment couru, j’avais déjà pu acquérir des bases d’anglais, par exemple, qui me sont toujours utiles aujourd’hui. Ce n’est pas un regret.

Avec le recul, penses-tu t’être vu trop beau à un moment donné ? Tu gagnais beaucoup de courses. Paradoxalement, peut-être que tu ne voyais pas l’intérêt de t’entraîner dur, de courir après des buts… si c’était trop facile ?
Non, vraiment pas. Sincèrement, j’ai toujours eu conscience qu’il y avait des mecs plus forts que moi. Quand j’allais rouler avec Thomas Boudat et d’autres à l’entraînement, je prenais des branlées. Je n’ai jamais considéré être l’un des plus forts. De toute façon, ça ne se joue pas sur la force “brute”. Tous les ans, on voit des mecs passer pro et réussir alors qu’ils n’étaient pas les plus forts sur le papier. Mais ce sont ceux qui avaient le plus envie de réussir. D’autres, plus forts, sont passés à côté. Il y a 50 exemples comme ça.

Où en es-tu aujourd’hui ?
La pratique du cyclisme a fini par me manquer, et je me suis remis à rouler, doucement mais sûrement. J’ai toujours essayé de m’entretenir un minimum, en faisant du foot, du rugby… Maintenant, je roule. Je suis loin de mon niveau de l’époque. J’ai repris les sorties, mais il n’y a rien de fou en terme de durée, de distance et d’intensité. Une fois, j’ai fait 140 bornes à l’entraînement et j’étais mort le lendemain (sourires). Mais j’ai confiance à l’idée de retrouver un bon niveau, et la compétition.

C’est le but ?
Je vais reprendre au plus bas de l’échelle, en 3e catégorie. Ce sera pour me faire plaisir et pour m’amuser chaque week-end, sans avoir la prétention de vouloir passer pro en fin d’année (rires). J’ai envie de retrouver un bon petit niveau petit à petit, mais d’abord pour m’amuser. J’ai envie de participer aux Championnats de France sur piste, par exemple. Ça m’intéresse. On pourrait ré-entendre parler de moi bientôt.

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Portrait de Clément BETOUIGT-SUIRE