Steven Henry : « On fait le dos rond »

Crédit photo DirectVelo.com

Crédit photo DirectVelo.com

Les pistards français de l'endurance étaient de retour en Grande-Bretagne la semaine dernière. Ils participaient à la manche de Coupe du Monde à Londres. Mais depuis le Championnat d'Europe, cet été à Glasgow, c'est un fantôme écossais qui flotte au-dessus d'eux avec le boulet des portes de la finale qui se referment sur une erreur et qui plombe leur course à la qualification olympique (lire ici). "Depuis ce 3 août, on sait qu'on a grillé notre joker", se souvient Steven Henry. L'entraîneur national fait le point pour DirectVelo après les quatre premières manches de la Coupe du Monde.

DirectVelo : Après la manche de Londres, l'équipe de France masculine est 6e du classement pour la qualification olympique en poursuite par équipes et les filles, 8e. Est-ce de bon augure pour la qualification pour Tokyo ?
Steven Henry : Il faut relativiser, les classements sont trompeurs car des équipes comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et l'Australie n'ont pas encore leurs trois résultats en Coupe du Monde (1). Pareil chez les filles avec le Canada. En réalité, je pense que nous nous situons à la 9e place chez les hommes. Ce qui m'inquiète surtout, c'est l'écart de 500 points avec la Belgique et l'Allemagne. Si nous étions allés en finale à Glasgow au Championnat d'Europe, c'était 450 points minimum. Nous n'avons pas encore gommé notre retard. A Hong-Kong, il faudra faire mieux qu'à Londres (9e, NDLR). Nous savons que nous ne finirons pas dans le haut du panier du classement. Chez les filles, on vise la 7e-8e place, on n'a pas de marge.  On fait le dos rond pour l'instant, avec des coureurs qui ne sont pas blessés. Il nous manque des coureurs même si ceux qui sont présents aujourd'hui font le travail.

UNE ÉQUIPE TRÈS JEUNE À LONDRES

Que penses-tu des résultats de l'équipe de France à Londres ?
Avec les blessures de dernière minute de Louis Pijourlet et Marion Borras, le groupe manquait d'expérience. L'équipe était très jeune avec cinq Juniors sur neuf athlètes. Les résultats ne sont pas bons en poursuite par équipes. Donavan Grondin vaut mieux physiquement que sa 13e place. Sur le physique, il valait un Top 8 mais il n'y a pas que le physique qui compte.

En Omnium, Laurie Berthon décroche une bonne 4e place...
Laurie revient bien dans l'Omnium alors qu'elle n'est pas encore à 100%. Elle retrouve la confiance dans le scratch, des automatismes en élimination pour frotter notamment, et elle ne subit plus la course dans la tempo et dans la course aux points.

LES EUROPÉENNES MEILLEURES À L'AMÉRICAINE

A l'Américaine aussi, l'équipe était jeune chez les garçons...
Louis Pijourlet devait disputer l'Américaine à Londres. Valentin Tabellion et Donavan Grondin ont couru pour faire un bon résultat en prenant des risques plutôt que d'attendre dans les roues, sans tenter de marquer des points et de prendre le risque de perdre un tour en contre-coup. C'est ce qui est dommage avec le format de l'Américaine en Coupe du Monde. Elle dure 120 tours (30 kilomètres) alors qu'elle qualifie pour les JO ou les Championnats du Monde où la finale se dispute sur 200 tours. Les Américaines plus longues favorisent les coureurs français grâce à leur technique. A Hong-Kong, au Championnat du Monde 2017, c'est dans les trente derniers tours que Morgan Kneisky et Benjamin Thomas font la différence. Avec ce format plus court, les Espagnols ont changé leur façon de courir et jouent les points dans les premiers sprints.

Chez les femmes, les chutes restent nombreuses, est-ce que le niveau technique progresse ?
A Londres, Laurie Berthon et Marie Le Net ont été balancées par les Américaines au bout de 20 tours puis les Italiennes leur cassent un passage de relais. Les équipes européennes sont plus aguerries que les paires américaines ou asiatiques. C'est grâce aux Six Jours et à la densité des pelotons. Si on ne pratique pas l'Américaine à haut niveau et avec du monde sur la piste, on ne progresse pas. Les Françaises valent mieux que leur 9e place car elles étaient parmi les équipes qui tentaient de sortir mais sans marquer de points. Leur place est dans le Top 5 mais, là aussi, la course est trop courte pour que les équipes faibles perdent un tour.

STAGE EN ALTITUDE CHEZ LES BIATHLÈTES

Sais-tu sur quels coureurs tu pourras compter pour le Championnat du Monde de Pruszkow ?
C'est en réflexion car il faut composer avec le programme de tout le monde et les blessés. Nous irons avec la meilleure équipe possible avec des coureurs qui seront impliqués dans le programme piste en janvier et février. Les coureurs présents à Pruskow auront une occasion de grimper dans la hiérarchie de l'équipe de France.

Quel sera le programme de préparation avant Pruszkow ?
Il va commencer par la Coupe de France de Roubaix (4-6 janvier) où il y aura un très gros plateau, qui sera suivie par un stage route et piste à Anadia au Portugal. Un groupe ira à la Coupe du Monde à Hong-Kong (25-27 janvier). Bryan Coquard ira à Bourges en janvier, d'autres iront courir le Grand Prix de Gand (27-28 janvier). Avant de partir pour la Pologne, il y aura encore un dernier stage à Roubaix. Il y aura une grosse activité piste en janvier et février.

Et après le Championnat du Monde ?
Pendant tout le reste de la saison, il faut que les coureurs viennent régulièrement faire du spécifique piste pour continuer de progresser. Cet été, nous remettrons en place un stage en altitude à Prémanon chez les biathlètes. Mais pour tout cela, il faut aussi composer avec leur activité route.

(1) : le système de qualification comptabilise les trois meilleurs résultats en Coupe du Monde dont obligatoirement un dans un autre continent.

Mots-clés

En savoir plus