Julien Thollet : « Ils s’en souviendront »

Crédit photo PATRIK PATEK PATRESS.CZ

Crédit photo PATRIK PATEK PATRESS.CZ

Les courses se suivent mais ne se ressemblent pas pour l'Équipe de France Juniors de Julien Thollet. Après son gros coup de gueule lors du GP André Noyelle (lire ici), le sélectionneur national a cette fois-ci vu ses jeunes coureurs faire preuve d’un tout autre comportement sur les routes de la Course de la Paix. Les Bleus ont même remporté l’épreuve suite au numéro d’Hugo Toumire sur la 1ère étape, ce dernier profitant ensuite du travail de ses coéquipiers tout le week-end pour conserver son maillot de leader jusqu’au bout. DirectVelo est revenu sur cette semaine tchèque pleine de réussite avec Julien  Thollet.

DirectVelo : Une victoire d’étape, un doublé, plusieurs places d’honneur, un maillot à défendre puis une victoire finale… Cette semaine en République tchèque semble avoir été très riche pour ton groupe !
Julien Thollet : Elle l’a été ! On ne vit pas souvent ce genre d’émotions dans une saison. C’est même très rare. Pour ma part, je n’avais pas connu ça depuis un bon moment. Il y avait eu Plumelec, avec le doublé sur le Championnat d’Europe (Nicolas Malle devant Emilien Jeannière, en 2016, NDLR). Mais après… On essaie toujours de construire des sélections dans l’espoir que ça marche comme ça. J’ai pris beaucoup de plaisir à coacher cette équipe sur la Course de la Paix. Les brief et les debrief étaient à chaque fois très riches, et je sentais un groupe où tout le monde était concerné, et à l’écoute. Il y avait chaque jour un gros enjeu pour nous. C’était très intéressant pour ces jeunes.

« J’AI TROUVÉ EN FACE DE MOI SIX COUREURS SOUDÉS »

Le premier jour, Hugo Toumire a fait coup double en réalisant un sacré numéro dans le final. L'Équipe de France a même signé un doublé et a placé trois hommes dans le Top 10 (voir classements). Quel a été ton discours avant la 2e étape, pour ne pas que les jeunes imaginent que le plus dur était déjà fait ?
Déjà, avant la première journée, j’avais expliqué aux garçons que c’était une étape très importante, qui allait sans doute marquer la suite de la course. C’était l’occasion d’enclencher, potentiellement, une spirale positive. Ce devait être l’occasion de se mettre sur les bons rails. Après ce très bon résultat du premier jour, j’ai simplement dit aux garçons qu’il fallait se battre pour garder le maillot jusqu’au bout, et que ça allait être le seul objectif du reste de la semaine.

Tu as donc demandé aux cinq autres coureurs de mettre toutes leurs ambitions personnelles de côté ?
C’est ça. Ils devaient se battre pour une cause commune, la victoire finale au classement général. Et j’ai trouvé en face de moi six coureurs soudés, qui se sont battus pour Hugo (Toumire). Sans que je ne lui dise rien, Hugo allait, tous les soirs, remercier tous ses coéquipiers de lui-même. Il leur disait que c’était presque trop, tout le travail réalisé. Je le sentais pratiquement gêné, et très reconnaissant. J’ai aimé ce qu’il s’est passé entre eux.

A leur âge, ces garçons ont tous envie de montrer leurs qualités personnelles aux yeux du plus grand nombre. Est-il difficile de leur demander de se sacrifier pour un coureur qui n’est même pas leur coéquipier le reste de la saison, en club ?
Il y a forcément une petite part de frustration. Ils sont ambitieux et ont l’envie de se montrer. La Coupe des Nations est une grande vitrine pour chacun d’entre eux. Mais mis à part Axel (Huens), j’avais déjà eu tous les autres en sélection et ils connaissent nos discours, nos valeurs. En Equipe de France, tu te bats pour le groupe. Ensemble, on est plus fort et ils le comprennent très bien. C’est une grande aventure humaine pour eux. Bien sûr, il n’y a pas de recette magique, mais je pense que dans l’ensemble, on peut être satisfait du comportement de chacun.

« HUGO (TOUMIRE) EST CAPABLE DE FÉDÉRER UN GROUPE AUTOUR DE LUI »

Voilà qui doit te faire sourire, après les problèmes évoqués lors du GP André Noyelle…
On souffle le chaud et le froid. C’était clairement le grand écart entre ces deux courses. La Course de la Paix, c’était quelque chose de très différent car on a passé une semaine ensemble, du mardi au lundi suivant. Nous étions dans un environnement privilégié, à neuf seulement : six coureurs et trois membres du staff. Forcément, tu as plus de temps pour construire un groupe. Ils ont beaucoup appris, tous. En toute humilité, on peut dire que ça va marquer leur saison. Défendre un maillot, apprendre le sens du sacrifice… Ils ont réussi à le faire et même dans dix ans, ils s’en souviendront. C’est la toute petite pierre que l’on porte à l’édifice de ces jeunes coureurs, et ça fait plaisir. Quand je vois aujourd’hui Nans Peters ou Valentin Madouas briller sur le Tour d’Italie, on se dit que l’on a un tout petit peu contribué, à notre toute petite échelle. Mais ça donne envie de s’investir encore et toujours pour les générations futures.

Hugo Toumire s’est-il affirmé comme l’un des meilleurs Juniors de cette génération ?
Dès le début de saison, on s’est tous dit qu’il allait finir par en claquer une belle. Il est souvent battu dans les sprints à deux, car il est très généreux dans l’effort. Mais là, je pense qu’il a beaucoup appris en terme de gestion. Gagner une étape et un général en Coupe des Nations, ça va le marquer. C’est un garçon très souriant, toujours positif, qui est capable de fédérer un groupe autour de lui.

Quelle est la suite du programme pour l'Équipe de France Juniors ?
Un groupe aux profils de poursuiteurs va participer au Trophée Centre Morbihan. Je n’y serai pas. C’est Léonard Cosnier qui va prendre en charge ce groupe. Il faudra faire un bon chrono pour espérer un bon général. Ensuite, nous irons au Pays de Vaud, juste avant la Classique des Alpes. Puis il y a aura un stage en montagne, en Maurienne, du côté de Sainte-Marie-de-Cuines. Nous y emmènerons dix-douze coureurs. Viendra ensuite le GP Patton, où j’emmènerai sûrement le groupe qui disputera les Championnats d’Europe.

Mots-clés

En savoir plus