Mauri Vansevenant a bien grandi

Crédit photo ALEXIS COURTHOUD - Www.girovalledaosta.it

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Le staff d'EFC-L&R-Vulsteke n'a pas attendu le retour de Mauri Vansevenant pour boire quelques bulles. Le Belge venait à peine de partir au podium quand un gobelet en plastique a été tendu aux personnes présentes près du camping-car de la formation belge. "C'est un rêve de gagner le Tour du Val d'Aoste. Je travaille depuis 19 ans avec les jeunes. C'est peut-être la douzième fois que je viens ici, il y a eu des années difficiles. Notre premier coureur terminait souvent à la 25e ou 30e place. C'est la plus belle victoire de l'histoire de notre équipe", jubile alors Wim Feys, en se rafraîchissant le gosier.

Avant de partir à la cérémonie protocolaire, le héros du jour est resté de longues minutes assis sur une chaise, au pied des véhicules de l'EFC-L&R-Vulsteke. A chaque arrivée d'un équipier, il s'est levé pour le remercier. "C'est fantastique. C'est une course difficile. Je suis content de la gagner", lâche-t-il comme première réaction.

« RIEN N'ÉTAIT SÛR »

Au départ de Valtournenche (Italie), ce dimanche, le Flamand comptait 4'30'' d'avance sur son premier poursuivant, Adam Hartley (SEG Racing). "J'étais serein au départ de cette dernière étape, reconnaît l'Espoir 2e année. L’équipe a bien contrôlé l'étape, elle était forte. J'étais tranquille. La dernière montée s'est bien passée et au final, le général n'a pas bougé". Mais le Belge, 10e l'an passé, ne voulait pas crier victoire avant d'en finir avec l'interminable montée menant vers la station de Breuil-Cervinia. "Je n'ai pas eu peur pendant l'étape mais ce n'était pas facile pour autant. Tout le monde t'observe quand tu as le maillot de leader. Dans ces cas-là, il ne faut pas être nerveux. J'ai compris que j'avais gagné le général dans le dernier kilomètre de cette ultime étape. Pas avant car rien n'était sûr".

36 ans après Luc Wallays, Mauri Vansevenant est le deuxième belge à inscrire son nom au palmarès de l'épreuve montagneuse. 4e de l'Orlen Nations GP, 5e de la Course de la Paix Espoirs et lauréat du Tour du Piémont Pyrénéen, il était l'un des outsiders de ce Tour du Val d'Aoste. "Avant la course, on le savait en bonne condition. Il a pris plus 16' sur la première étape (voir ici). Je me suis alors dit que c'était un gros problème pour le peloton et beaucoup de favoris, sourit son directeur sportif. Je savais alors que nous avions des chances de gagner le Val d'Aoste". Mais tout n'a pas été simple pour autant. A l'issue de la deuxième étape, c'est le Français Jérémy Bellicaud qui s'est emparé du maillot jaune après avoir pourtant concédé près de trois minutes au Belge la veille. "Mauri a eu de la malchance sur la deuxième étape, fait savoir Wim Feys. Il a cassé sa chaîne. Ça l'a fait changer de vélo. Il a lâché six minutes à Inkelaar. Sans malchance, il n'aurait pas perdu autant ce jour-là".

« UNE GRANDE MARGE DE PROGRESSION »

Mauri Vansevenant a pris le pouvoir le vendredi, sur la troisième étape. Il n'est ensuite jamais apparu en difficulté. Sa victoire devrait lui ouvrir les portes du monde professionnel. De là à imaginer un passage vers l'élite dès la fin de sa deuxième saison Espoirs ? "Il est encore jeune mais il a beaucoup de qualités. Nous avons deux équipes WorldTour en Belgique. Il y a toujours de l'intérêt pour un coureur de 20 ans qui gagne le Tour du Val d'Aoste, juge Wim Feys. Peu importe sa nationalité : Italien, Slovène, Russe... Cette année, c'est un Belge. Mauri et son père (l'ancien pro Wim) décideront de son avenir ces prochaines semaines. C'est une personne naturelle. Il va encore à l'école et travaille à la ferme. Il a une grande marge de progression".

Ancien coéquipier et surtout ami de Wim Vansevenant, le directeur sportif a connu Mauri tout jeune. "Je me souviens de lui bébé. Il avait deux semaines quand je l'ai vu pour la première fois", se marre l'ancien pro. C'était en 1999. Wim Feys s'apprêtait alors à courir une dernière saison avant d'encadrer les jeunes belges. Ce dimanche, un coureur connu bébé lui a apporté sa plus belle émotion de directeur sportif. Mauri Vansevenant a bien grandi et tâchera de le confirmer sur le prochain Tour de l'Avenir. Où ses adversaires ne devraient cette fois-ci pas lui laisser 16' d'avance.

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