Canicule : Le GP Cerami a fait la pluie sous le beau temps

Crédit photo James Odvart

Crédit photo James Odvart

L'an dernier, les coureurs du GP Cérami avaient évolué dans un four (cliquez ici). Cette saison, pour la 53e édition, le mercure est encore monté d'un cran. Plus de 40 degrés ont été mesurés sur le parcours, ce jeudi. « Je n'ai jamais bu autant » déclarait Bryan Coquard à DirectVelo après sa victoire. Avant, pendant et après la course, la fournaise était le sujet de conversation. Timothy Dupont (Wanty-Groupe Gobert), 4e, préférait en rire à l'arrivée: « Ca va, il faisait juste bon. Avec ma gabba, j'avais presque froid !" Le sprinteur belge reprenait vite son sérieux. "Il faisait très chaud, surtout au début car le soleil tapait. Je suis content de finir où je suis aujourd'hui dans ces conditions".

« TOUT LE MONDE EST MORT »

Benjamin Declercq s'est classé deuxième, non sans souffrir : "Tout le monde est mort, je pense, lâche-t-il. C'était juste incroyable. Je n'ai jamais roulé à de pareilles températures. Avec l'aide des soigneurs et toute l'équipe, nous devions essayer de nous hydrater un maximum. C'était le plus important. L'allure était moyenne ce jeudi mais certains ne pouvaient pas aller plus vite". Le directeur sportif de Wallonie-Bruxelles, Jean-Denis Vandenbroucke confirme les propos du coureur de Sport Vlaanderen-Baloise : « Nous avons passé toute la journée à faire le passe-passe avec la voiture. On a vu des coureurs craquer très tôt. La course était déjà sélective en elle-même, mais avec la chaleur en plus... Dès que le peloton passait à la vitesse supérieure, il y avait de nombreux  coureurs distancés. Certains ont explosé d'un coup".

Pour rassurer les coureurs, inquiets de devoir rouler dans une telle fournaise, les organisateurs avaient décidé de réduire le kilométrage de 45 bornes au terme de la réunion des directeurs sportifs. "C'était une bonne chose. Les coureurs étaient plus précoccupés par cette décision que par la chaleur en elle-même", explique Jean-Denis Vandenbroucke. Dans plusieurs équipes, certains coureurs avaient le choix de prendre le départ ou pas, à l'image de Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole. "Je ne peux pas les forcer. C'est leur santé. Ce jeudi, ils avaient carte blanche", indique Michel Dernies, le directeur sportif. De manière générale, cette heure et quart de course en moins a été saluée par le peloton. "La course devait avoir lieu, de toute façon. J'ai apprécié le fait que ça a été discuté. Forcément, ça devait être un peu frustrant pour le public, qui préférait sans doute voir les trois tours de circuits locaux...."

« CELA FAIT PARTIE DE LA VIE D'UN COUREUR »

Outre l'écourtement du parcours, d'autres mesures ont été prises pour ne pas mettre en danger la santé des coureurs. Le ravitaillement, par exemple, était autorisé durant toute la durée de l'épreuve. Sans oublier les deux zones "fraicheur", comme les appellent l'organisateur Laurent Haegemann, qui ont été installées grâce au soutien des pompiers de Beaumont, qui arrosaient les coureurs lors de leur passage. "A défaut de pluie, nous l'avons créé nous-même." Une intiative superflue pour Jean-Denis Vandenbroucke. "Ce n'était peut-être pas vraiment utile. Les organisateurs ont fait ce qu'ils pouvaient, et on ne peut pas le leur reprocher... Mais ce que voulaient les coureurs, c'était des bidons et des soigneurs en suffisance". Laurent Haegemann est en tout cas fier de son initiative. "Superflu? Je ne sais pas, mais cela a fait plaisir au moment-même. Certains se sont carrément arrêtés pour reprendre une douche."

Bref, cette édition restera dans les mémoires. "Je n'ai jamais vécu une journée comme celle-ci. Nous n'avons pas arrêté de monter au peloton, nous avons même dû nous arrêter auprès d'un soigneur pour reprendre des bidons car il nous en manquait... ", complète Jean-Denis Vandenbroucke.

Toutefois, le directeur sportif de Wanty-Groupe Gobert Jean-Marc Rossignon rappelle que dans le Sud de l'Europe, ces températures sont normales à cette saison. "Au Tour d'Espagne, le peloton est aussi habitué à une canicule du genre." Jean-Denis Vandenbroucke considère que la canicule fait partie de la vie du coureur. "Un professionnel doit s'adapter à toutes les situations, conclut-il, avant d'ajouter, le véritable problème, c'est qu'ils n'ont pas l'habitude. L'organisme peut mal le digérer, et des coureurs supportent la chaleur mieux que d'autres...."

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