Pénalité, « honte » et grosse tension aux 4 jours des As

Crédit photo Nicolas MABYLE - DirectVelo

Crédit photo Nicolas MABYLE - DirectVelo

Scénario rarissime, ce dimanche, sur les routes des 4 jours des As-en-Provence. Alors que Jérémy Cabot pensait avoir fait le plus dur après avoir remporté la 2e étape, pris le maillot jaune, puis enfoncé le clou avec ses coéquipiers lors du contre-la-montre par équipes, le leader du SCO Dijon a finalement perdu l’épreuve en plein coeur de la 5e et dernière étape, après avoir écopé d’une pénalité en temps de vingt secondes. La raison invoquée par les arbitres et commissaires ? “L’abri recherché et prolongé derrière un engin motorisé”, au cours de l’ascension d’Aurons, précise-t-on pour DirectVelo. Vingt secondes, c’est justement le retard qu’accusait Sten Van Gucht, le deuxième du classement général, sur Jérémy Cabot, au départ de la dernière étape. 19’61”, précisément, avaient séparés les formations de Dijon et de Villefranche lors du chrono par équipes de la Barben alors que samedi soir, les deux hommes se tenaient toujours dans la même seconde. Dans les rues de Salon-de-Provence, Sten Van Gucht est même parvenu à sortir le maillot jaune de sa roue, coupant la ligne quatre secondes avant lui. Et s’assurant ainsi la victoire finale, dans un drôle de contexte.

Tout a donc commencé dans la côte d’Aurons, principale difficulté de ce circuit dominical. Jérémy Cabot est victime d’une crevaison et rentre, au moins partiellement, à la faveur de l’aspiration de la voiture de son directeur sportif, Matthieu Gallet. “Je l’ai ramené au niveau de la dernière voiture d’assistance course, qui ferme la marche. Jérémy a dû faire 800 mètres dans mon coffre. Puis un équipier l’a attendu et l’a ramené jusqu’en tête de peloton. Et on nous met une pénalité de vingt secondes pour ça…”, peste ce dernier. “On me dit que j’ai fait un kilomètre et demi derrière la voiture, mais c’est faux”, promet également Jérémy Cabot.

UNE SITUATION TRÈS CONFUSE POUR CONNAÎTRE LE LEADER VIRTUEL 


Peu de temps après le retour du maillot jaune au peloton, l’ensemble des équipes est informé, via Radio-Tour, de cette sanction à l’encontre de Jérémy Cabot. La confusion est alors totale. Cabot et Van Gucht se retrouvent à nouveau dans le même temps au général, mais qui est le leader virtuel ? “C’était compliqué, répond Anthony Barle, le directeur sportif du VC Villefranche Beaujolais de Sten Van Gucht. Le commissaire est d’abord venu me dire que ça se jouerait au centième, alors on a changé notre tactique de course en abandonnant l’idée d’attaquer. J’ai dit à Sten qu’il avait juste à finir dans le même temps que Cabot, dans sa roue… Mais 45 minutes plus tard, on nous a finalement dit que ça se jouerait aux places, puis au temps… En gros, Cabot gagnait si les deux finissaient ensemble. Alors il fallait bien attaquer”. Une situation bien curieuse puisque Jérémy Cabot, pour sa part, avait un temps compris tout l’inverse. “Le discours des commissaires n’était pas clair. Je pensais qu’il fallait que je l’attaque car je me retrouvais derrière, alors j’ai attaqué dans la descente”. Le dernier mot revient donc finalement au Belge. 

À l’arrivée, le porteur du maillot jaune se montrait incrédule devant le camion des commissaires. “Comment vous pouvez nous faire ça ?”, s’exclame-t-il. Matthieu Gallet, le directeur sportif du SCO Dijon, rejoint son leader, bientôt suivi par les autres représentants de la formation bourguignonne. Anthony Barle vient également aux nouvelles, mais la situation n’évoluera plus. Sten Van Gucht est déclaré vainqueur. “On n'aime pas les victoires comme ça. Ce n’est pas une victoire qui me satisfait par rapport à la façon de faire”, résume modestement Anthony Barle. L'organisateur de l’épreuve, Robert Irla, faisait part de sa colère. “Sur toutes les courses d'Élite Nationale, les directeurs sportifs ramènent leurs coureurs de cette façon-là après une crevaison. Et en plus, c’était le leader. Malgré cette décision, on est solide. On a de très bons coureurs, et ils reviendront parce que l’épreuve leur plaît”, a-t-il tenu à souligner.

UN SENTIMENT DE DEUX POIDS DEUX MESURES POUR LE SCO DIJON 

"C'est une honte", n'avait plus qu'à lâcher un Jérémy Cabot dépité, la voix cassée. Le leader du Challenge BBB-DirectVelo, tout comme Matthieu Gallet et l’ensemble du SCO Dijon étaient d’autant plus frustrés à l’arrivée qu’ils ont perdu, ce dimanche matin, plusieurs secondes durant leur chrono par équipes en raison de la présence d’un véhicule civil en plein milieu de la chaussée, à la sortie d’un virage. “Je vais voir si je peux porter réclamation avec photo à l’appui”, imagine Gallet.

Dernier élément de tension, enfin, une situation de course, en début de semaine, durant laquelle Sten Van Gucht aurait lui-même profité de la protection de son véhicule pendant plusieurs centaines de mètres. “Après une crevaison, comme moi, il est revenu derrière sa voiture. Et lui, il a pris vingt euros pour abri prolongé. Moi, vingt secondes !”, peste Cabot. Réponse au camion des commissaires : “Pour Van Gucht, c’était momentané, sur une centaine de mètres. Là, d’après les dires de l’arbitre, ça porterait sur un kilomètre”. Voilà, quoi qu’il en soit, une bien curieuse façon de mettre fin à cette édition 2019 des 4 jours des As-en-Provence, qui se sera voulue particulièrement tendue pour son dénouement.


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Portrait de Jérémy CABOT
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