Louis Pijourlet : « Je serai attendu »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

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C’est sans doute le moment de vérité pour Louis Pijourlet. Lauréat d’une étape de l’Essor breton (Élite Nationale) et du Tour de Liège (1.12) cette saison, le sociétaire du Vendée U a pourtant connu plus de déceptions que de satisfactions. Gêné par sa fracture du bassin puis, en conséquence, par un manque de foncier tout au long de l’année, il espérait se refaire ces derniers mois dans les vélodromes. C’était sans compter sur un statut de remplaçant en Équipe de France qui l’a obligé à revoir ses plans. Le coureur de 24 ans mise désormais beaucoup sur l’exercice 2020. L’occasion de faire définitivement ses preuves pour rejoindre les rangs professionnels, ou de passer à autre chose.

DirectVelo : Quels souvenirs garderas-tu de ta saison 2019 sur route ?
Louis Pijourlet : C’était une année en dents de scie avec pas mal de galères, malgré quelques bonnes performances. J’ai passé la majeure partie de mon temps à cravacher pour avoir un niveau correct et ce n’était pas évident à gérer. J’étais capable d’être très fort un jour puis vraiment nul le lendemain. Dans ces conditions, ce n’est pas évident de performer de façon régulière mais j’ai dû faire avec.

« JE SAVAIS QUE J’ALLAIS TOUJOURS ÊTRE SUR LE FIL DU RASOIR »

Comment expliques-tu cette situation ?
L’explication est à trouver en grande partie avec ma fracture du bassin en novembre 2018. Ma préparation hivernale avait été complètement tronquée. J’ai voulu revenir vite malgré tout. Sur le coup, ça avait bien réussi. J’étais en forme de février à avril. Sauf que je n’avais pas forcément la base foncière suffisante pour tenir sur une saison complète et je l’ai payé plus tard. En plus, je n’ai pas été épargné par d’autres soucis de santé.

As-tu senti, dès le printemps, que tu aurais dû mal à réaliser une grande saison ?
J’ai fini par comprendre que ça allait être compliqué en effet. Je savais que j’allais toujours être sur le fil du rasoir, en quelque sorte. Mais j’ai continué de m’accrocher, ce qui m’a permis de réaliser de belles performances de temps en temps. Enfin… Encore une fois, il a fallu jongler entre les hauts et les bas jusqu’au bout.

C’est d’ailleurs dans cette même condition physique aléatoire que tu as débuté ta saison sur piste…
Il a fallu que je m’adapte et que je fasse au mieux mais là non plus, je n’arrivais pas totalement à digérer toutes les charges d’entraînement. Au niveau des performances, ça s’est vite ressenti. Plus encore que sur la route car là, ce sont les dixièmes et les centièmes de seconde qui parlent. Tu ne peux pas te permettre d’être un tout petit peu en-dessous ou d’avoir un mauvais jour. Finalement, ma saison sur piste a tourné court.

« STEVEN  (HENRY) A FAIT SES CHOIX ET IL A ÉTÉ CLAIR »

Pourquoi ?
Je me suis vite retrouvé remplaçant en Équipe de France. J’ai échangé avec Steven Henry après les Championnats d’Europe et il m’a fait savoir qu’il ne comptait pas sur moi pour les deux premières manches de Coupe du Monde qui suivaient. Il voulait donner leur chance à d’autres coureurs. La poursuite par équipes a bien fonctionné à ce moment-là et du coup, lorsque l’on a refait le point, il m’a dit une nouvelle fois qu’il ne compterait pas sur moi pour les prochaines échéances. J’ai donc décidé de stopper ma saison sur piste, avec l’idée de bien couper et de repartir sur un gros bloc de préparation avant la saison 2020 sur route.

Comment imagines-tu ton avenir sur la piste ?
Steven (Henry) a fait ses choix et il a été clair pour cet hiver. Ce n’est pas les choix que j’aurais faits, mais je les respecte totalement. Je considère que je reste dans le collectif. Pour autant, la qualification olympique ne dépend plus du tout de moi. Pour cette saison pré-olympique, je ne sais pas si la fédération a prévu de faire tourner ou de garder toujours la même ossature. Ce n’est plus de mon ressort, mais il faudra peut-être attendre la saison 2021 pour envisager un vrai retour sur la piste, suivant les choix qui seront faits.

As-tu la sensation que la situation t’a échappée ?
Je ne le vois pas comme ça. On reste un collectif, j’en suis persuadé. On n’a pas pris le meilleur départ possible pour la qualification olympique mais ce n’est pas perdu et je soutiens les copains à 100%, même si je ne suis plus acteur aujourd’hui. C’est forcément frustrant quand on est compétiteur mais il faut l’accepter. Je le prends de manière positive et non pas comme un échec.

« J’AI SENTI QUE L’ON ME FAISAIT CONFIANCE »

Le “positif”, c’est donc notamment une préparation optimale pour la saison sur route qui se profile…
C’était plus compliqué les autres années, et notamment l’hiver dernier comme je l’expliquais précédemment. Cette fois, j’ai du temps pour tout faire convenablement. Je vais bien prendre mon temps car je ne suis pas du genre à vouloir être à 110% dès le mois de février.

Dans quel état d’esprit es-tu actuellement, après cette saison sur route en demi-teinte et une expérience écourtée sur la piste ?
Tout ça a forcément laissé des traces psychologiquement. Je comptais sur la piste pour me refaire la cerise mais ça n’a pas été le cas, du moins au niveau international. Malgré tout, j’ai senti que l’on me faisait confiance. Le meilleur exemple reste le Vendée U. Je serai toujours dans l’équipe en 2020 car ils ne m’ont jamais lâché. J’ai bien conscience qu’ils font rarement ça pour des coureurs de mon âge. Je veux être optimiste. Tout ce qu’il m’est arrivé récemment peut, paradoxalement, être bénéfique pour l’année 2020 sur la route. J’aurai de nouveaux objectifs !

On imagine que cette saison 2020 sera primordiale pour ton avenir professionnel ?
Totalement. Je pense que je ne referai pas une saison chez les amateurs en 2021. En plus, mon contrat avec l’armée s’arrêtera en mars 2021. Du coup, ma carrière sportive s’arrêtera peut-être en même temps, si je ne passe pas pro entre temps. Mais je n’en suis pas encore là. Il y a plein de belles choses à réaliser l’an prochain. Si la confiance revient bien, je sais que je peux faire une grosse saison. Je serai attendu dans l’équipe, j’en ai conscience. C’est un challenge qui m’attire vraiment. J’espère le relever.

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