Poursuite par équipes : Comment se qualifier pour Tokyo ?

Crédit photo DirectVelo.com

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La meilleure chance de qualifications d'une équipe de France de poursuite pour les Jeux de Tokyo repose sur les épaules des filles.  Avant le Championnat du Monde de Berlin qui débute mercredi après-midi, Marion Borras, Clara Copponi, Coralie Demay, Valentine Fortin et Marie Le Net sont en embuscade. "La qualification des filles, c'est une grosse partie des objectifs", assure Steven Henry, l'entraîneur national.

La situation est claire. Pour aller à Tokyo, la France doit se classer parmi les huit premières nations du classement olympique. Elle est actuellement 9e, à 30 points de la Belgique, 8e. La Corée du Sud, 10e à 100 points de la France, n'envoie pas d'équipe de poursuite en Allemagne, tout comme le Japon, 11e. Il faut descendre jusqu'à la Pologne pour retrouver un quatuor présent au Championnat du Monde. Mais les Polonaises ont 1210 points de retard sur les Tricolores. Il faudrait que la Pologne se classe 2e et la France 10e. Même si les Polonaises prennent un bon petit déjeûner mercredi matin, elles auront du mal à devancer le Canada, l'Australie, les Etats-Unis, les Néo-Zélandaises ou les Anglaises.

« ELLES PEUVENT SE CRAQUER, NOUS AUSSI »

La qualification se jouera donc entre la Belgique et la France. L'équipe qui terminera devant l'autre ira aux Jeux, quelque soit le rang. "Nous avons battu les Belges toute la saison", rappelle Marie Le Net à DirectVelo. "La qualification est possible. On a un peu de marge par rapport à la Belgique. Mais c'est un jour et tout peut arriver sur une seule journée. Elles peuvent se craquer, nous aussi. Rien n'est fait. Il faudra être prête le Jour J", ajoute Valentine Fortin. Lors des qualifications, les Belges partiront d'ailleurs en aveugle, juste avant l'équipe de France.

La dernière fois que les Belges ont fait mieux  que les Françaises, c'était justement au Championnat du Monde, l'an dernier à Pruszkow. "Nous nous sommes toutes remises en question. Depuis, on ne fait que grimper. C'est impossible que ça se passe comme l'an dernier. Tout va en notre faveur. On est là physiquement", rappelle Clara Copponi. Les Bleues sont même allées en finale de la manche de Coupe du Monde à Milton au Canada. "On a senti que ça se passait beaucoup mieux par rapport aux derniers entraînements et ça c'est vu dans les temps. Ça nous a donné encore plus de confiance. Nous sommes sur une pente ascendante", assure Marie Le Net.

« ON POURRA DIRE QUE NOUS SOMMES ALLÉES LA CHERCHER »

Le chrono plaide en faveur des Françaises. Depuis novembre 2019, le record de France est de 4'17"372. Le record de Belgique plafonne au-dessus des 4'20", en 4'20"497. Ce qui fait dire à Valentine Fortin, "battre le record de France, ce serait bien. Si on arrive à faire 4'19"-4'18", les Belges auront du mal à faire mieux".

Ce match avec un seul adversaire stimule les Françaises. "Ça nous donne encore plus envie d'aller la chercher cette qualif', on pourra dire que nous sommes allées la chercher", dit Marie Le Net. Samuel Monnerais, leur entraîneur, résume la situation qui attends les cinq filles : "Notre principal adversaire, ça sera nous".

LES ADVERSAIRES DES FRANÇAIS DOIVENT SE RATER

Chez les gars en revanche, la qualification olympique relève "du miracle", reconnaît Steven Henry. Grâce à une remontée fantastique, la France est revenue à la 9e place du classement olympique.  Comme les filles. Mais la situation est bien différente. Si, à l'image des filles, l'équipe 10e, les Etats-Unis, ne fera pas le déplacement, le retard sur les 8e est supérieur à une place d'écart au Championnat du Monde.

Le classement actuel est le suivant :
7. Suisse 8530 pts
8. Allemagne 8490 pts  
9. France 7120 pts

« ON PEUT ÊTRE CHAMPION DU MONDE ET NE PAS ALLER A TOKYO »

La France doit donc remonter 1370 points sur l'Allemagne ou 1410 sur la Suisse. Sachant qu'il y a 1350 points entre la 1ère et la 8e place, si ces deux pays se classent parmi les huit premiers, les poursuiteurs français n'iront pas aux Jeux. Ce qui fait dire à Steven Henry, "on peut très bien être Champion du Monde et ne pas aller à Tokyo. Nous allons pour finir dans les quatre".

Si la France termine 4e, elle marque 2250 points. Il faut alors que l'Allemagne termine 15e. Problème, il n'y a que treize nations engagées.
Si l'équipe de France se classe 3e, il faut que l'Allemagne termine au mieux 13e.
Si les Tricolores décrochent la médaille d'argent, les Allemands doivent se classer au mieux 11e.
Si les Français sont Champions du Monde, il faut que l'Allemagne termine après la 8e place ou la Suisse, 10e ou au-delà. Mais à Berlin, les Allemands auront tout le vélodrome pour eux. La consigne du directeur des sports de la fédé allemande est claire : "Priorité à la qualification olympique. Nous ne prendrons aucun risque. Nous devons terminer au moins 8e pour assurer le voyage pour Tokyo", dit-il sur rad-net.de.

« TOUS LES ANS UNE GROSSE ÉQUIPE PASSE A TRAVERS »

Corentin Ermenault rappelle donc que "c'est mathématiquement possible de nous qualifier, il faut y croire", tout en sachant que la probabilité est faible. "On y croit sans y croire, ajoute Steven Henry. Mais on y croit car tous les ans il y a une grosse équipe qui passe à travers. Je me rappelle en 2015 à St Quentin, ce sont les Danois. Il y a eu les Anglais au Championnat d'Europe. Cette année, il y a dix-onze équipes capables d'être dans les 8. Il y aura donc deux ou trois malheureux".

La poursuite par équipes va de plus en plus vite. Lors de leur record du monde au Championnat du Monde 2019, les Australiens tournaient à 65 km/h sur le kilomètre lancé. A cette vitesse, la poursuite c'est de la dentelle et gare à la maille qui saute. Ou plutôt au coureur qui saute des roues. C'est la mésaventure qui est arrivée aux Australiens, à Cambridge, en finale de la manche de la Coupe du Monde. La victoire est alors allée aux Suisses.

Les Français n'ont donc pas leur sort entre les mains.

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