On a retrouvé : Benoît Daeninck

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Benoît Daeninck, 38 ans, a toujours l'esprit de compétition. Après sa retraite cycliste, l'ancien pensionnaire de Roubaix-Lille Métropole et du CC Nogent-sur-Oise a disputé des courses de VTT sur sable ainsi que quelques duathlons. Beau-frère d'Arnaud Molmy, directeur sportif à Nogent-sur-Oise, il continue de suivre l'actualité cycliste et en particulier celle de son ancien club. Benoît Daeninck évoque pour DirectVelo ses souvenirs et sa nouvelle vie.

DirectVelo : Trois ans et demi après l'arrêt de ta carrière, que deviens-tu ?
Benoît Daeninck : Comme beaucoup, je suis confiné avec ma femme et mes trois filles à Marck, à côté de Calais. On a la chance d'avoir un grand jardin et le temps est clément contrairement au mois dernier. Sinon, je suis toujours fonctionnaire de police, mais je suis en arrêt maladie depuis le mois de mars de l'an dernier.

Pourquoi es-tu en arrêt ?
À la suite d'une vieille chute datant de 2015, je me suis fait réopérer deux fois du coude. Il y a un an et demi, le chirurgien a fait des examens et on a décidé de réopérer en mars 2019 pour retirer les vis et les petites excroissances osseuses. Malheureusement, après l'opération, j'avais encore plus mal qu'avant et je n'arrivais pas à tourner la main. L'articulation n'avait pas d'amplitude. J'ai revu un autre spécialiste. Soit il rebricolait mon coude comme il pouvait en enlevant des bouts d'os pour redonner un peu d'amplitude, soit il me mettait une prothèse. Heureusement, mon jeune âge m'a sauvé et je n'ai pas eu de prothèse. J'ai donc de nouveau été opéré en septembre 2019 et j'enchaîne depuis les séances de kiné.

DU VTT SUR SABLE ET DU DUATHLON

Du coup, tu ne peux plus faire de vélo !
Oui, après l'arrêt de ma carrière, je ne me voyais pas raccrocher le vélo et ne plus y toucher du jour au lendemain comme certains. L'âme du compétiteur a fait que j'ai essayé le VTT sur sable. J'en ai fait trois-quatre durant l'hiver 2016-17. J'ai pris part à davantage d'épreuves les deux hivers suivants, avant mon opération. Ça représente 15-20 courses à une heure de la maison, sur la côte d'Opale et en Belgique. Je me suis lancé ce défi-là. On ne croise aucune voiture sur le sable, on est tellement bien tranquillement en bord de mer... Mon beau-frère Arnaud Molmy, Steven Tronet et Samuel Leroux (lire ici) en font également.

Tu y jouais les premiers rôles...
J'ai gagné la plus belle, à La Panne, devant tous les Belges et les Hollandais. C'est la plus mythique des courses sur sable, ça restera une référence quoi qu'il arrive.

Tu t'étais aussi mis au duathlon...
Arnaud Molmy m'avait lancé un défi. Il m'a dit "vu tes temps à pied, c'est jouable et en vélo, tu vas plus vite que tout le monde". Je me suis pris au jeu. J'ai décidé de prendre part au Championnat de France de duathlon en 2018 qui avait lieu à Douai, pas loin de chez moi. Un équipementier m'a suivi dans ce pari un peu fou et j'ai quand même terminé 6e.

« MON CORPS ARRIVAIT À SATURATION »

La compétition sur route te manque-t-elle ?
Non, c'est trop de sacrifices au quotidien. Et quand on a des enfants, ça devient plus compliqué. Un, ça va, deux, c'est compliqué, et trois, ce n'est plus possible. En parallèle, je travaillais de plus en plus à mon boulot. Mes belles années de policer détaché étaient derrière moi. Ça ne devenait vraiment pas évident entre la vie familiale, professionnelle, l'entraînement et les courses. En outre, mon corps arrivait à saturation. J'ai eu un problème au nerf sciatique en 2014. Puis, je me suis fracturé le coude et l'omoplate en 2015 et je me suis cassé la clavicule en 2016. Enfin, des adversaires sont morts en compétition et ces évènements tragiques m'ont conforté dans ma décision.

Quand as-tu pris cette décision d'arrêter ta carrière à l'issue de la saison 2016 ?
En 2012, quand je suis redescendu chez les amateurs. Tous les quatre ans, il y a le championnat d'Europe de la police. En 2012, c'était en Bretagne et je me suis imposé sur la course en ligne et le chrono. En 2016, c'était en Belgique juste à côté de la maison. Je me disais qu'il fallait arrêter sur cette belle course internationale. Malheureusement, il y a eu les attentats et le championnat a été décalé en 2018. Finalement, j'ai eu la chance qu'il y ait le Championnat d'Europe sur piste à Saint-Quentin en Yvelines. Le demi-fond faisait partie des disciplines et c'était la porte de sortie idéale pour la fin de carrière. Une partie de mes proches était venue.

Que retiens-tu de ta longue carrière ?
Le perfectionniste ne retiendra toujours que le négatif. Mais je ne retiens que le positif. Ça a été de belles expériences, j'ai eu la chance de voyager à travers le monde avec les manches de Coupe du Monde sur piste. Roubaix-Lille Métropole m'a donné l'opportunité de passer pro même si ces deux années ne se sont passées comme je l'aurais espéré. Le double projet route-piste est tombé les mêmes années. J'étais pro et en même temps, je préparais la poursuite par équipes dans la perspective des Jeux Olympiques de Londres. Le cumul ne s'est pas très bien passé, mais j'ai tout tenté et je n'ai aucun regret là-dessus.

« UNE DÉCEPTION DE NE PAS AVOIR DISPUTÉ LES JO »

Tu n'es pas allé aux JO de Londres finalement...
J'avais fait deux hivers complets sur la piste en 2009-2010 et 2010-2011. Lors du troisième hiver, je saturais, il fallait que j'arrête un peu. Au final, personne n'est allé aux JO, l'équipe ne s'est pas qualifiée. Ça reste une déception de ne pas avoir disputé les JO. C'est un rêve d'athlète. Quand on te donne la possibilité de pouvoir prétendre à y aller et que tu n'as pas les capacités pour te qualifier..., c'est la loi du sport.

Avec le recul, dirais-tu qu'il aurait fallu privilégier la route ?
Non, il fallait tenter la piste avec la perspective des JO, c'est une évidence. Il aurait fallu tenter la piste en étant jeune et ensuite passer pro. C'est juste mal tombé. Je ne pouvais pas dire « non » quand on m'a proposé de passer pro. Et puis en 2009, je commençais à avoir fait un peu le tour chez les amateurs. Roubaix m'a donné la chance de passer pro, il fallait saisir cette opportunité.

Que gardes-tu de tes deux années chez les professionnels en 2010 et 2011 ?
Je ne marchais pas trop mal la première année. J'ai essayé de passer à l'échelon supérieur. Quand tu es en Continentale, tu rêves toujours de passer à l'échelon au-dessus. Mais je n'avais pas de connaissances et pas d'agents, c'était peut-être la grosse erreur... Lors de la deuxième année, je ne marchais pas du tout. Pour moi, il était inconcevable de rappeler un directeur sportif d'une autre équipe en lui demandant s'il était toujours intéressé alors que je marchais encore moins que l'année précédente. La meilleure solution était de redescendre et de retourner aux sources à Nogent en repartant avec le couteau entre les dents.

Ton beau frère Arnaud Molmy est justement aujourd'hui directeur sportif au CC Nogent-sur-Oise...
On discute tous les jours. Il habite à un kilomètre de chez moi. Je suis ce qu'il fait et ce que font ses coureurs. J'essaye d'aller voir quelques courses dans le coin. Quand mon problème au coude sera résolu et que la situation ira mieux avec le coronavirus, je prévois de reprendre un vélo de route. J'avais vendu mon vieux vélo pour les sorties hivernales à la fin de ma carrière. J'ai l'intention de faire quelques sorties sur route avec lui et Steven Tronet qui habite juste à côté, à Calais.



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