Francis Mourey : « Transmettre, c’est ce que j’aime »

Crédit photo Philippe Pradier

Crédit photo Philippe Pradier

Nul doute que Francis Mourey imaginait d’autres débuts dans la peau de directeur sportif à l’AC Bisontine. Alors que l’ancien coureur professionnel venait tout juste d’être officiellement nommé à son nouveau poste (lire ici), la saison 2020 s’est interrompue pour plusieurs mois. “C’est vraiment particulier, je n’ai encore rien fait”, préfère-t-il sourire auprès de DirectVelo au moment d’évoquer cette drôle de situation. “On est en train de construire la fin de saison. On espère pouvoir courir dès la fin juillet, en Suisse, mais il n’y a rien d’acté. Il faudra voir si c’est possible, et s’il y a de la place pour nous car tout le monde va vouloir courir et ça risque de jouer des coudes au niveau des engagements”, confirme-t-il à propos d’une équipe qui est désormais en N1. “Dans un premier temps, on va déjà essayer d’organiser un stage pour le mois de juillet mais rien n’est encore totalement calé car on attend de savoir comment la situation sanitaire va évoluer, quelles règles mettre en place etc”.

« CE N’EST PAS COHÉRENT »

Le Franc-Comtois précise que son homologue du club bisontin, Alexis Brodbeck, est en train de préparer le calendrier de fin de saison. Avec, malgré tout, encore beaucoup de questions sans réponses. “J’ai peur que ce soit quand même compliqué. Beaucoup de courses vont être concentrées sur un laps de temps réduit. Il y aura beaucoup de déplacements et les saisons route et cross vont se chevaucher. C’est problématique, notamment pour les clubs et les comités”. L’ancien nonuple Champion de France Élites de cyclo-cross sait de quoi il parle, lui qui a passé toute sa carrière à jongler entre les deux disciplines. “Quand on voit que la première manche de la Coupe de France de cyclo-cross se retrouve en même temps que le Championnat de France de l’Avenir… Ce n’est pas cohérent. Les coureurs vont devoir choisir et ce n’est pas une bonne chose. Je pense que pour les courses sur route, on aurait dû se contenter de laisser les courses qui étaient déjà prévues en septembre, par exemple, et rester là-dessus sans rajouter d’autres courses reportées. Je ne vois pas l’intérêt de vouloir absolument ajouter, par exemple, des Championnats régionaux en octobre”.

Dans ces conditions, l’homme de 39 ans sait qu’il va falloir faire preuve d'ingéniosité pour trouver les meilleures solutions, ou plutôt les moins mauvaises. “Pour les pros, je comprends car c’est leur métier. Mais chez les amateurs et les jeunes, on ne devrait pas tout chambouler. Les jeunes ne vont plus savoir quoi faire. Quant aux comités, ça va être un casse-tête pour assurer tous les déplacements. Déjà qu’en temps normal, ce n’est pas toujours facile, alors là… Ce sera du bricolage”.

« JE GARDE TOUJOURS LA MÊME LIGNE DE CONDUITE »

Malgré ces différentes inquiétudes, Francis Mourey a hâte de retrouver le terrain, lui qui se lance donc en tant que directeur sportif. “Transmettre, c’est ce que j’aime. Je veux partager mon expérience, que ça serve aux générations futures. L’an dernier, mon expérience au sein du comité Bourgogne-Franche Comté était très sympa, sur la route comme en cyclo-cross. Forcément, on aimerait toujours pouvoir en faire plus mais les finances ralentissent les envies de chacun. J’ai quand même vu que le comité régional s’investit et c’est très bien. C’est de bon augure pour la suite. La présence du comité est importante pour de nombreux jeunes. C’est une étape importante et une première pierre à l’édifice lorsque l’on se construit en temps que coureur de demain. Porter le maillot du comité est un honneur. En tout cas, c’était une fierté pour moi lorsque j’avais l’occasion d’être sélectionné”. Alors qu’il a toujours semblé assez réservé et discret, l’ancien coureur de la Française des Jeux et de Fortunéo-Vital Concept promet avoir trouvé chaussure à son pied. “Quand je prends la parole, je ne me force pas car ça reste en interne, avec les coureurs et les encadrants. Je garde toujours la même ligne de conduite. Je ne m’exprime pas pour dire tout et n’importe quoi”. Le voilà donc qui suit son “bonhomme de chemin, de l’autre côté de la barrière”. Un plaisir différent. “Une nouvelle page s’est ouverte. On verra de quoi l’avenir est fait mais je m’imagine rester dans le milieu un moment”.

En parallèle, l’ancien vainqueur du Tro Bro Léon et d’étapes sur le Circuit de la Sarthe ou la Route d’Occitanie continue de “faire pas mal de vélo”. Et pour cause : il se lance encore et toujours de nouveaux défis. Cette fois-ci, dans la discipline du Gravel. “J’organise, avec des copains, une épreuve dans les Pyrénées, les 12 et 13 septembre. Entre temps, il y aura peut-être un autre événement le 15 août, où je devrais me rendre (Gravel Châtel-Chablais-Léman Race, NDLR). Je n’aurai pas le temps de m’ennuyer même si pour l’instant, on reste dans le flou. C’est dur de se projeter mais il faut quand même anticiper et avoir des objectifs”.

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