La vie d’un club en 2021 : La Roche Vendée Cyclisme

Crédit photo La Roche-sur-Yon Vendée Cyclisme

Crédit photo La Roche-sur-Yon Vendée Cyclisme

Ce 6 février, la Fédération française de cyclisme a 140 ans. Pour fêter l'anniversaire et marquer le coup sans s'essouffler avec 140 bougies, DirectVelo vous propose de découvrir la vie d'un club en 2021. Ce club c'est celui de La Roche Vendée Cyclisme. Il est né en 1974, à l'époque, il s'appelle l'AC Bourg, du nom d'un quartier de La Roche-sur-Yon, puis Vendée La Roche Cyclisme. Il est à l'origine du Vendée U. Quand Jean-René Bernaudeau crée son équipe professionnelle, Bonjour en 2000, les deux entités se séparent. Le club prend alors le nom de La Roche-sur-Yon Vendée Cyclisme.

Pour parler de ce club, DirectVelo donne la parole à son président, Yannick Le Clerc et à Kévin Fouache, le directeur sportif de l'équipe de N2 mais pas seulement car il passe aussi une partie de son temps auprès des Juniors, de l'école de vélo et des actions de formation car La Roche-sur-Yon Vendée Cyclisme est un club de tous les vélos. Il est même le premier club à avoir la double affiliation FFC et FUB (Fédération des usagers de la bicyclette).

SIX SALARIÉS

"Nous avons 270 licenciés. S'il n'y avait pas l'attente liée à la crise sanitaire, nous pourrions être à 300", indique Yannick Le Clerc. RVC a fait le choix de la diversification et de la professionnalisation. "Nous comptons six salariés, quatre ou cinq Service civique, des stagiaires (DE, BPJEPS)". La dernière salariée arrivée au club est Justine Gégu, qui est aussi compétitrice au Team Groupama Elles Pays de la Loire, et intervient en milieu scolaire.

« Notre premier salarié est arrivé au moment où nous nous sommes diversifiés par rapport aux activités sportives. Nous avons créé des activités connexes avec l'apprentissage du vélo en milieu scolaire. Ce sont les activités annexes qui nous apportent des compléments de financement grâce aux subventions des collectivités, de l’État. Nous répondons à des appels à projets de grandes sociétés. Cela nous permet aussi d'acheter du matériel et de mettre en place des actions de développement. Nous faisons aussi des actions de marquage de vélos sur la côte vendéenne pour éviter les vols .
Nous avons aussi créé la Maison du Vélo en centre-ville en tant que sous-délégataire de service de l'Agglo Yonnaise qui gérait auparavant une flotte de 70 vélos en location. Depuis qu'on l'a reprise, nous en sommes à environ 300 vélos. Elle occupe deux salariés mais ils s'occupent aussi de l'encadrement des jeunes le mercredi. Chez nous, un éducateur sportif doit être capable d'aller aussi en milieu scolaire ».

CRÉER DE L’ACTIVITÉ POUR PÉRENNISER L'EMPLOI

« Nous avons un salarié axé mécanique. Il a créé des formations sur la mécanique tournées vers le grand public et aussi vers les migrants qui ont besoin de vélos pour se déplacer. Nous avons créé le Bricovélo avec l'adoption de vélo. Le principe c'est de récupérer trois vieux vélos pour en faire un qui roule. Nous les proposons aux migrants et aux étudiants contre un chèque de 40 euros. Au bout de six mois, s'ils gardent le vélo, on garde le chèque et s'ils nous rendent le vélo, on leur redonne la caution. Cette action nous apporte aussi du financement ».

Pour financer ces emplois, le club passe par des demandes de subventions. « Les demandes de subventions ne sont jamais faciles, il faut se pencher dessus tous les ans. Les dossiers avec la ville, la région, ce sont les mêmes dossiers. En revanche, dès qu'on crée une activité, il faut savoir présenter les choses et aller à la pêche ».

L'Agence Nationale du Sport est aussi une source de financement. « Tous les ans nous déposons un dossier pour les créations d'emplois et aussi pour les dossiers de fonctionnement (développer le cyclisme féminin, le vélo santé, le Savoir rouler). Demander des subventions est accessible à tous les clubs, c'est juste une histoire d'hommes. Des clubs n'ont pas la volonté de se professionnaliser. Beaucoup pensent que parce qu'ils n'ont pas d'activité, ils ne peuvent pas embaucher. Il faut penser l'inverse. Le salarié crée de l'activité et pérennise son emploi ».

LES BÉNÉVOLES

« Nous avons un gros réseau de bénévoles et nous nous appuyons aussi sur des associations autour de nous. Mais nous vivons dans une société de consommation chez les jeunes qui sont plus consommateurs qu'acteurs. Il faut dire aussi que la période n'est pas propice au bénévolat car le bénévolat c'est du lien social, le plaisir de se retrouver or nous avons moins organisé en 2020 et ce sera pareil au début de cette saison. Les relations entre bénévoles et salariés du club se passent bien. Les deux sont avant tout passionnés de vélo ». D'ailleurs chez les jeunes, jusqu'aux Juniors, une voiture du club suit les entraînements de groupe avec un bénévole.

LE VÉLO MOYEN DE LOCOMOTION

Depuis 20 ans, le club anime le Centre Vélo, affilié à la FUB, qui s'intéresse aux actions de développement des déplacements doux. "Nous nous intéressons aux déplacements urbains. Nous faisons des formations en entreprise. Nous intervenons aussi en tant que conseil auprès des collectivités dans les aménagements urbains", indique Yannick Le Clerc. "Le déplacement doux s'adresse à tout public, du chef d'entreprise à la personne qui travaille à l'hôpital, précise Kevin Fouache. Pendant le confinement, on a prêté des VAE au milieu hospitalier". Une formation a été mise sur pied à destination des réfugiés pour apprendre le code de la route cycliste.

Le Centre Vélo comptait 292 adhérents en novembre 2020. Le public touché par l'intermédiaire du Centre bascule très peu vers les activités FFC du club. "En revanche, l'inverse est plus fréquent", note le directeur sportif.

LE SAVOIR ROULER AVANT L'HEURE

Pendant longtemps, La Roche Vendée Cyclisme faisait du Savoir Rouler A Vélo (SRAV) comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Bien avant le plan gouvernemental le club intervenait en milieu scolaire et ce fut d'ailleurs sa première action de diversification.

« Pour pouvoir prétendre aux actions du SRAV, il faut des salariés diplômés d’État, sinon on ne rentre pas dans les écoles. Il faut du matériel : des vélos, des casques, des cônes pour tracer les circuits, un fourgon pour tout transporter. Sinon, il n'y a pas de contrainte particulière. Nous participons aussi aux activités périscolaires dans les écoles », présente Yannick Le Clerc.

Grâce à ses visites dans les écoles, Kévin Fouache se rend compte de l'importance de ces actions auprès des enfants. « Il y a des jeunes qui apprennent à faire du vélo grâce à nos interventions, peut-être à cause d'une éducation trop protectrice, ou par peur de la circulation. J'ai l'exemple d'un élève en difficulté, avec un léger handicap, qui savait faire du vélo au bout de trois séances seulement. Sa mère n'y croyait pas. On peut apporter de la joie ».

ATTIRER LES JEUNES

« Pour faire venir les jeunes, c'est le bouche-à-oreille qui marche le mieux. Notre présence à l'école nous offre une grosse visibilité. Sur plus de 1000 élèves par an, on en touche quelques uns. Nous sommes connus dans toutes les communes de l'Agglomération, il y a aussi un bouche-à-oreille entre les familles », analyse le président. Mais il reconnaît la concurrence entre les activités proposées aux jeunes. « Ça peut donner envie à des jeunes de faire du vélo en club mais il y a tellement de sports à choisir ». Mais cette « évaporation » entre les jeunes touchés à l'école et ceux qui rejoignent le club est logique pour Kévin Fouache, "c'est comme ceux qui apprennent à nager à l'école, ils ne prennent pas tous une licence à la fédération de natation ".

En 2021, il y a d'autres routes pour mener des licenciés potentiels vers le club. « Nous communiquons aussi beaucoup sur les réseaux sociaux. Avoir un site internet, c'est bien mais le plus important c'est d'être présent sur les réseaux sociaux. C'est indispensable. Nos organisations, plus ou moins 30 par an en année normale, nous font aussi connaître avec les affiches et les banderoles », ajoute Yannick Le Clerc.

DE L’ÉCOLE DE VÉLO A LA N2

« Nous voulons développer une filière : une belle école de vélo et garder les meilleurs éléments jusqu'à la N2. La communication envers les partenaires se fait là-dessus. La visibilité des partenaires se fait par la vitrine, la N2, mais parmi nos 270 licenciés, 50 % ont moins de 18 ans. Ces jeunes ont des parents, des grands-parents. Par ces jeunes, les partenaires touchent donc encore plus de personnes, et sont importants pour eux ». D'ailleurs, LMP, le partenaire de l'équipe première donne aussi pour tout le club.

Kévin Fouache voit donc l'équipe de National 2 comme la vitrine du club. « Elle fait « rêver » les jeunes. Ils ont la fierté de porter le même maillot que la N2, ils s'identifient . Nous avons une belle équipe Juniors. Nous sommes fiers de compter six jeunes de la N2 passés par l'équipe Juniors depuis 2018. Plus de 50 % de la N2 vient du club. Il y a une vraie passerelle entre l'école de vélo et la N2. C'est un système bien huilé qui peut attirer les jeunes. »

LES ORGANISATIONS

« Nous organisons la Bernaudeau Junior (1.1 Juniors), le Challenge Thomas Voeckler dans lequel il s'investit totalement, d'ailleurs son fils est licencié chez nous.
La principale difficulté pour organiser est financière. Chaque organisation coûte cher. Il y a aussi les moyens humains à trouver . Il faut du monde pour la sécurité. Dans le coût, il y a le poids financier fédéral mais vu les conditions actuelles, ça va être dur de les faire baisser. Mais le plus cher, c'est la sécurité. Il nous faut beaucoup de motos, un médecin mais on ne peut pas rogner dessus.

Il y a peut-être des économies possibles. Par exemple, pour les grosses courses comme la Bernaudeau qui est UCI, beaucoup de commissaires sont présents et un grand nombre vient de loin (le montant de l'indemnité kilométrique FFC à la charge de l'organisateur est de 0,33 euros, plafonnée à 1000 km aller/retour plus l'hébergement la veille de la course, NDLR). J'avais demandé à la FFC de nommer des arbitres plus proches. C'est une économie facile à faire si la FFC nous aide. »

LE DÉVELOPPEMENT DU CYCLISME FÉMININ

« Le cyclisme féminin est pauvre en matière de licenciées. Au club, nous en comptons une trentaine, des plus jeunes aux séniors. Nous mettons des choses en place pour les accompagner. Nous prenons en charge la moitié de leur licence. Nous avons créé un collectif filles, les P'tites Elles du RVC qui a eu des résultats avec Coline Raby, la Championne de France Juniors, Flavie Boulais, Championne de France sur piste et médaillée cette année au Championnat d'Europe sur piste. C'est une bonne image du club. Le milieu du vélo féminin s'agrandit.

Le frein, ce sont les parents qui n'incitent pas les filles à faire du vélo, « c'est dur, c'est dangereux » alors que ce n'est pas plus dangereux que pour un gars. Comme il n'y a pas beaucoup de filles à faire du vélo, ça n'incite pas les autres à s'y mettre. Il faut un effet boule de neige et que le bouche-à-oreille marche. Les performances au haut-niveau, comme celles de Pauline Ferrand-Prévot, ne sont pas assez médiatisées pour attirer des jeunes vers le vélo. Elle est connue dans le milieu du vélo mais une gamine de 10 ans la connaît-elle vraiment ? Mais ça va venir. »

Mots-clés

En savoir plus