Il n’est pas commun de voir Bryan Coquard dans une échappée. Pourtant, le sprinteur de la B&B Hôtels p/b KTM s’est essayé à l’exercice, ce samedi, à l’occasion de la troisième et avant-dernière étape des Boucles de la Mayenne (2.Pro). Il en a ainsi profité pour grappiller six secondes de bonifications avant de se relever puis de tenter sa chance au sprint (voir classement). DirectVelo a interrogé l'ancien lauréat de l'épreuve, en 2016, sur sa tactique du jour.

DirectVelo : Pourquoi avoir pris l’échappée ?
Bryan Coquard : Ce n’était pas prévu au briefing. Enfin… On avait supposé l’éventualité d’y aller si un gros groupe partait avec dix ou quinze coureurs. J’ai suivi une vague et finalement, on n’était que quatre… Ce n’était pas la situation idéale mais une fois projeté à l’avant, on a fait le choix d’aller jusqu’au second sprint bonifications pour gratter six secondes dans la journée. L’idée était d’ensuite se relever et d’essayer de faire un bon sprint à l’arrivée. Bon, le sprint ne s’est pas super bien goupillé mais j’avais encore de bonnes sensations dans le final. C’est de bon augure pour la suite, sachant que je suis ici pour travailler et retrouver une bonne condition physique.

L’entente n’était pas bonne dans cette échappée, avec des intérêts divergents…
Ce n’était pas fluide. On n’avait pas un but commun. Moi, je voulais arriver jusqu’à la deuxième bonif en me fatiguant le moins possible. Le coureur de Bingoal (Ludovic Robeet, NDLR) était plus loin au général, mais pas trop loin non plus… Le peloton ne nous a jamais laissé plus de trois minutes et on a tout de suite compris qu’on n’avait pas grand-chose à faire. En plus, l’Alpecin (Tobias Bayer, NDLR) ne roulait pas. Mais de toute façon, mon but était clairement de prendre les bonifs puis de me relever.

« J’AI PERDU DIX PLACES D’UN COUP »

Car tu n’es pas encore à 100% de tes capacités physiques…
J’ai souvent l’habitude de revenir très fort après mes coupures. Je l’avais encore montré l’an passé en gagnant directement à la reprise, sur la Route d’Occitanie. Mais j’étais un peu moins bien sur le Tour de France, un mois et demi plus tard. Alors, cette fois-ci, on a fait le choix d’essayer de décaler mon pic de forme. Je ne suis donc pas encore au top mais une journée comme celle-là peut m’aider à retrouver une très bonne condition, c’était du bon travail.

Sur le papier, il ne semble pas facile d’aller faire le sprint après avoir passé la journée dans l’échappée !
De ce côté-là, je suis satisfait, ça allait plutôt bien en fin de course. Je n’ai pas trop toxiné pendant le sprint. J’étais plutôt bien placé au kilomètre mais il y a eu un accrochage entre mon poisson-pilote et deux/trois autres coureurs dans le dernier virage. J’ai été obligé de piler pour ne pas tomber. J’ai perdu dix places d’un coup et je me suis retrouvé vers la douzième position. Après, c’était impossible de faire mieux.

« CE N'ÉTAIT VRAIMENT PAS LE VÉLO QUE J’AIME FAIRE »

Tu avais déjà montré de belles choses jeudi, en décrochant un accessit !
Bien sûr ! J’avais attaqué à 500 mètres de l’arrivée. Par contre, pour ne rien vous cacher, j’ai connu une journée très galère hier (vendredi). Pourtant, il n’y avait pas de canicule ou autre, mais c’était une journée horrible. Sur le papier, le parcours me convenait bien, mais c’était vraiment la galère. Du coup, je suis soulagé ce soir, car je réalise que ce n’était qu’une journée sans. J’allais beaucoup mieux sur cette étape.

Te voilà en quatrième position au général ! Espères-tu encore gagner la course ?
Oulah…. On s’est lancé dans une opération remontada. Clairement, Arnaud (Démare) a une bonne avance sur moi (18 secondes, NDLR) et le général n’est plus jouable. Mais on essaiera de viser la victoire d’étape demain (dimanche). Au moins, je me suis rassuré sur mon niveau physique après la bonne galère d’hier. Ce n’était vraiment pas le vélo que j’aime faire. Sur l’étape d’hier, je n’aurais pas pu faire ce que j’ai fait aujourd’hui. J’avais même du mal à suivre le peloton dans le final…