Erwann Corbel : « Je ne voulais plus entendre parler de vélo »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

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Dossard 167 sur le dos, tatouage imposant sur tout l’avant-bras (voir photo) et maillot de l’ES Torigni sur les épaules, Erwann Corbel n’est plus le même que lors de ses années professionnelles, entre 2013-2014 avec Bretagne-Séché et 2017-2018 avec Fortuneo puis Vital Concept. Désormais de retour chez les amateurs après une saison 2019 loin du cyclisme, celui qui avait terminé son aventure avec les « Men in Glaz » est parvenu à montrer sa grande carcasse à l’avant du Tour de la Manche, notamment lors de la troisième étape de l’épreuve Elite Nationale.

"C’est le plaisir de retrouver des sensations. C’est un peu compliqué de repenser aux souvenirs, les sensations de l’époque… Maintenant que je travaille et que je suis papa, c’est difficile d’allier la performance et les à-côtés. Aller s’entraîner aussi. Je fais une sortie la semaine, mais je vois que sur la Manche ça revient bien car je fais des kilomètres de course". Logiquement en difficulté lorsque la route s’élevait, celui qui a davantage un gabarit de rouleur puissant met l’essentiel ailleurs. "On a un bon petit noyau avec des jeunes qui se découvrent, qui prennent confiance. Avec Cyrille (Patoux), on est là pour encadrer le truc. C’est un bon Tour de la Manche dans l’ensemble".

« LE VÉLO EST UN MONDE ASSEZ BIZARRE »

Ce retour marque une véritable fracture avec son passé de coureur professionnel. "C’est bizarre de passer des pros aux amateurs mais c’est un plaisir de revenir dans le peloton. Ça m’étonnerait que je continue encore des années quand même. Cette saison je m’amuse, c’est complètement une autre sensation que la performance pure du passé". Surtout que tout ne s’était pas terminé de la meilleure des manières. "Je n’avais pas été gardé chez Vital sur une fracture de la clavicule. Ça allait avec le milieu professionnel finalement, c’est un milieu très compliqué…". Désormais âgé de 30 ans, Erwann Corbel a pris du recul. "Je souhaite à tout le monde d’en faire son métier mais il faut vraiment être très solide mentalement".

Une solidité qu’il n’est pas parvenu à trouver. "Je n’en pouvais plus. Je suis bien content que ça se soit terminé. J’ai fait deux ans sans vélo, je ne voulais plus en entendre parler". Bien loin désormais du monde professionnel, celui qui avait remporté trois manches de Coupe de France N1 en 2016 garde un souvenir amer. "Même en revenant, je vois qu’il y a des situations qui me parlent. Le vélo est un monde assez bizarre. C’est tellement compliqué qu’il y a vite des jaloux, des ragots, etc. Je ne suis plus du tout dans cet esprit. Je n’ai plus envie de me prendre la tête avec ces conneries", lâche celui qui évolue désormais en N3.

« FAIRE LA TRANSITION AVEC LES JEUNES »

Avec l’ES Torigni, le Rennais est prêt à s’investir sur le vélo et en dehors. "Je suis revenu car Torigni m’a appelé à l’hiver dernier pour avoir un rôle d’encadrant auprès des jeunes. Je me suis dit pourquoi pas, mais j’avais oublié que c’était dur de revenir au haut niveau, plaisante-t-il. Ça revient au fil des courses mais on va voir ce que ça va donner, je vais faire une saison complète". Puis viendra rapidement le moment de réfléchir à la suite. "Je ne sais pas si je resterai après dans le milieu, j’ai un rôle de capitaine de route qui me tient à cœur. C’est important de faire la transition avec les jeunes".

Mais là aussi, Erwann Corbel se questionne. "Même dans ce domaine, ça a changé de mentalité. Je n’ai pas beaucoup de jeunes qui viennent demander des conseils. C’est peut-être de la pudeur, mais il ne faut pas hésiter. Ceux qui me connaissent savent que je suis le premier à en donner". Puis à titre personnel, c’est le vent qui le portera. "Ça viendra comme ça viendra. Je n’ai jamais marché à la pression. Rien que l’ambiance de course, ça change. C’est un autre monde. Je suis passé deux fois pro, j’ai gagné des belles courses amateurs, je pense avoir fait le tour. Maintenant je ne pense pas que tout ça puisse m’apporter grand-chose à part apprendre aux petits jeunes, parce qu’il faut transmettre dans le vélo !". Et oublier, pour Erwann Corbel, le parfum de ses années mortes.

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