Julien Antomarchi : « C’est difficile à accepter »

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

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Julien Antomarchi n’était pas lassé. À 37 ans, le capitaine de route de l’équipe Xelliss-Roubaix Lille Métropole se voyait bien rempiler encore pour un an chez les pros. Mais Daniel Verbrackel, le manager de la Conti nordiste, lui a appris début septembre qu’il ne comptait plus sur lui pour 2022. “Je le sentais venir depuis un moment. Quand ils me l’ont annoncé, je n’ai pas cherché à dire quoi que ce soit… Ils ont des choix à faire et il faut les respecter. Je les comprends”, résume-t-il modestement pour DirectVelo. Le Marseillais est déçu mais lucide. “J’ai vécu deux années compliquées sans apporter de résultats à l’équipe. Et il y a l’âge aussi… Quand j'ai lu l'article de ce mardi, et le fait que certains sont considérés en bout de cycle (lire ici), j'imagine que c'est en partie pour moi. Il faut faire face et l'accepter”.

Touché par la Covid-19 au mois d’avril dernier, Julien Antomarchi a, depuis, du mal à être régulier. Car il lui arrive d’avoir, encore actuellement, de gros coups de fatigue. “C’est une situation qui ne m’était jamais arrivée… Je me retrouve avec des périodes de hauts et de bas très régulièrement, ça fait bizarre”. Ces dernières semaines, il a tout de même senti une légère amélioration, notamment lors de la Route Adélie de Vitré. “La Covid n’a aidé personne mais je crois que pour moi, à mon âge, c’était peut-être encore plus dur que pour d’autres car j’ai vraiment besoin d’enchaîner les jours de course pour être performant. J’ai senti, ces derniers temps, que ça commençait à aller mieux même si ça ne s’est pas trop vu sur les résultats. Je pense que j’aurais pu faire mieux en 2022 et retrouver un bon niveau. Quitter les pros maintenant, c’est difficile à accepter, mais il va bien falloir passer à autre chose”.

« UNE CARRIÈRE HONORABLE »

Après onze saisons chez les pros, le Provençal va donc mettre fin à sa carrière sportive. Contraint et forcé. Ce week-end, il va disputer les deux dernières compétitions de sa carrière : le Grand Prix du Morbihan et les Boucles de l’Aulne. Non sans émotion, sans doute. “Mais je préfère ne pas y penser. Pour le moment, je ne me suis pas trop projeté. Je ne me rends pas trop compte de ce qu’il va se passer ce week-end mais ça risque vraiment de me faire bizarre”. Et pour cause : Julien Antomarchi a débuté la compétition en 2001. Le haut niveau, il le fréquente depuis près de vingt ans, lui qui a notamment participé au Tour de l’Avenir en 2005 et qui commençait déjà à gagner en Classe 2, en Italie ou sur le Tour de la Somme, dès 2006. “Tout ça paraît très loin”, rigole-t-il.

Son principal fait d’armes remonte à dix ans en arrière. C’était en 2011, lors du Tour du Haut-Var, quand il a remporté la seconde étape de l’épreuve devant Thomas Voeckler, ce dernier remportant le classement général. Il s’agissait alors du tout premier succès du VC La Pomme Marseille chez les pros, quelques semaines après son accession à la troisième division mondiale. “Cette victoire montrait qu’on avait le niveau pour être là. Pourtant, quelques semaines plus tôt, on ne savait même pas si on allait vraiment aller au bout du projet. Je me souviens que la veille du Grand Prix La Marseillaise, on n’était pas sûr que ce soit bon”. L’équipe s’était alors fait enregistrer sous licence lettonne. “C’était un drôle de truc mais Fred (Frédéric Rostaing, ancien manager historique de l’équipe Delko, NDLR) s’était battu bec et ongles pour l’équipe, comme il l’a fait pendant plus de vingt ans”.

« FINIR SUR UNE BONNE NOTE »

Outre ce grand souvenir sur les routes varoises, Julien Antomarchi - qui a précisément grandi dans le quartier de La Pomme, ensuite logiquement devenu son club de cœur et de formation - se souvient aussi de beaucoup de frustrations, au moment de rembobiner la cassette du film de sa carrière. “Il y a toujours des regrets, même si j’ai fait une carrière honorable. Il m’a manqué un peu de réussite à des moments clés. Je pense au Championnat de France, bien sûr, en premier lieu”. Il cite également une étape des 4 Jours de Dunkerque 2015, où Alexis Gougeard l’avait coiffé sur le fil à Saint-Omer. “Je pouvais gagner mais ça s’était mal goupillé, encore une fois”.

Des regrets, il en a aussi de ne jamais avoir pu disputer un Grand Tour ou d'épreuves par étapes du calendrier WorldTour. En 2016, un an après avoir quitté La Pomme pour Roubaix, il a failli retrouver son équipe de toujours, qui montait alors en Continental Pro avec l’arrivée de Philippe Lannes et des garages Delko. “Mais ça ne s’est pas fait, finalement. C’est la vie…”. Julien Antomarchi n’est pas nostalgique. Il espère simplement que l’on se souviendra, notamment, de son altruisme. “J’ai rarement couru pour moi, mis à part quand j’avais coché un très gros objectif. Et encore, si un gars était meilleur que moi, je me sacrifiais pour lui même si c’était initialement un objectif personnel. Je n’ai jamais été embêté à l’idée de bosser pour les autres. J’ai toujours privilégié l’intérêt de l’équipe”. Et Julien Antomarchi le promet : il agira encore de la sorte une dernière fois ce week-end. “J’espère finir sur une bonne note, en aidant l’équipe du mieux possible, comme je l’ai toujours fait”. Dans les prochaines semaines, il se lancera totalement dans sa nouvelle vie, lui qui va travailler dans un magasin de cycles, non loin de la maison, sur ses terres provençales.

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