L’emploi du temps très chargé de Matys Grisel

Crédit photo Gus Sev / AG2R Citroën U19 Team

Crédit photo Gus Sev / AG2R Citroën U19 Team

Vainqueur du Trophée Madiot et brillant tout au long de ses deux dernières saisons, chez les Cadets - 4e puis 6e lors de ses deux Championnats de France sur route de la catégorie -, Matys Grisel n’a visiblement pas été déstabilisé pour ses débuts dans les rangs Juniors. Le Picard, né à Creil et résident de Thury-sous-Clermont, s’est directement frotté au haut niveau international en participant à Kuurne-Bruxelles-Kuurne, avant de terminer au pied du podium sur les Boucles de Seine-et-Marne (voir classement). Puis, dimanche dernier, il a participé au Grand Prix André Noyelle, comprenez le Gand-Wevelgem Juniors, avec le comité des Hauts-de-France. Et il s’y est senti parmi les plus forts. “Je suis content car ça s’est super bien passé. En début de course, j’ai d’abord voulu observer, sans en faire de trop. Je suis resté dans les roues. Je préférais rester prudent car je ne connaissais pas le niveau de mes adversaires. Mais dans la deuxième montée du Kemmel, j’étais dans les dix premiers en haut alors qu’il y avait pas mal de cassures. C’était une belle surprise”.

L’Oisien n’a malheureusement pas pu profiter de cette situation puisque le peloton s’est vite recomposé et qu’un groupe de quatre s’en est ensuite allé pour se disputer la victoire. “J’ai quand même voulu gratter une place à l’arrivée comme ça allait se jouer au sprint dans le peloton pour un Top 5. Mais il y a eu une grosse chute et je suis tombé”. Plus de peur que de mal, malgré tout, pour le Junior 1ère année, qui est très vite remonté sur sa machine. Un réflexe de cyclocrossman pour celui qui évolue aussi dans les sous-bois l’hiver. “Presque tout le monde est tombé, c’était impressionnant. Du coup, même en ayant chuté, j’ai quand même pu couper la ligne dans les vingt premiers”, rappelle et se réjouit celui qui échoue précisément aux portes du Top 15 (voir classement). 

ACCOMPAGNÉ PAR AG2R CITROËN

Même s’il est déjà dans le coup, Matys Grisel admet être quand même surpris par le niveau des courses Juniors. “Franchement, je ne pensais pas que ce serait aussi dur ! Dans la préparation des sprints, j’ai été impressionné par la façon dont ça frotte. Et ça roule beaucoup plus vite. Mais c’est très bien, ça me va car c’est de cette façon-là que je vais pouvoir progresser”. Ses expériences à Kuurne puis à Gand étaient aussi l’occasion de se familiariser avec ce type d’épreuves. “Franchement, ça me plaît bien, ces Flandriennes ! Mais idéalement, il faudrait que ça monte un peu plus car j’aime les petites montées sèches de deux ou trois kilomètres”.

S’il se décrit avant tout comme un puncheur, Matys Grisel assure se sentir également à l’aise lors des sprints en petit comité. “Je suis assez polyvalent”. Ce week-end, un nouveau rendez-vous d’importance l’attend puisqu’il va disputer la première des cinq manches de la Coupe de France Juniors (voir le programme), sur ses terres des Hauts-de-France, à l’occasion de la Pévèle. “Ce sera un nouveau test intéressant d’autant que je suis en confiance en ce moment, notamment grâce au bon programme de préparation d’Alexandre Pacot”. S’il tient à préciser le nom de son entraîneur, c’est parce que Matys Grisel est accompagné par la structure Juniors d’AG2R Citroën cette année. “J’y ai déjà appris beaucoup de choses. En Cadets, je n’accordais pas autant d’importance à tous les détails que je découvre aujourd’hui, sur la façon de bien bichonner mon vélo ou de faire attention à la nutrition. On a vraiment de la chance quand on est suivi par une telle structure”. Avec la formation savoyarde, il espère être prochainement sélectionné pour Paris-Roubaix, et pourrait disputer d’autres épreuves telles que les 3 jours d’Axel, plus tard dans la saison.

BOULANGERIE, BOUCHERIE, CHASSE ET PÊCHE

Matys Grisel a découvert le cyclisme à 6 ans, d’abord via le VTT. Mais il a rapidement basculé sur la route. “Mon père pratiquait déjà, en UFOLEP. À mes 8 ans, il m’a poussé à faire de la route. Je me souviens que je n’en avais pas trop envie mais finalement, dès les premières sorties, j’ai tout de suite accroché”. Et il n’a pas perdu de temps pour performer. En parallèle de sa pratique du cyclisme, l’athlète de 16 ans est apprenti et travaille dans une boulangerie, à plein temps. “Dès le collège, j’ai senti que l’école, ce n’était pas fait pour moi alors j’ai préféré travailler”. Le voilà donc déjà au travail, à 35h par semaine. Et lorsqu'il doit se rendre en compétition, il fait des journées de neuf ou dix heures pour compenser les heures de travail qui n'ont pas été effectuées. “Ce n’est pas évident avec le vélo en parallèle car je me lève tous les jours à 4h du matin, comme je commence à 5h. Et quand je rentre du boulot, je vais rouler l’après-midi. J’ai aussi, quand même, encore une semaine de cours par mois”. S’il travaille actuellement en boulangerie, c’est en boucherie qu’il travaillera dans quelques mois, dans le magasin de son père. “J’ai toujours voulu bosser avec mon père”.

Le coureur licencié au CC Nogent-sur-Oise essaie d’adapter son emploi du temps en se couchant très tôt le soir mais n’a clairement pas le temps de s’ennuyer. En effet, le garçon a plusieurs passions et ressent le besoin de varier les activités au maximum. “Je suis à fond dans la pêche et la chasse, aussi, depuis des années. Je pêche avec mon meilleur pote et je chasse avec mon père”. Une vie pleine qui pourrait encore s’enrichir d’une nouvelle expérience dans les mois à venir. S’il continue de performer, Matys Grisel connaîtra peut-être le bonheur de découvrir l’équipe de France. “Je l’espère mais j’ai encore le temps”. Il ne fait que débuter sa saison de J1 mais l’avenir s’annonce prometteur.

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