L’image est belle et le symbole est fort. Bien qu’il ne l’a que par procuration, Hugo Page peut se targuer de porter un maillot distinctif sur les routes d’une des épreuves les plus prestigieuses du calendrier mondial, et ce à 20 ans, pour sa première saison à ce niveau. Ce vendredi, au départ de Rives (Isère), l’Eurélien pouvait afficher un large sourire sur ce Critérium du Dauphiné (2.UWT). En vert, il avait alors tout pour voir la vie en rose. Un peu moins quelques heures plus tard, au moment de couper la ligne d’arrivée à Gap. Le coureur d’Intermarché-Wanty-Gobert a en effet été frappé par le Colombien Juan Sebastian Molano, lequel lui a porté un coup au visage dans le final, avant de remettre ça dans la préfecture des Hautes-Alpes, en plein cœur de la zone des bus. Le Sud-Américain a depuis été disqualifié.

DE BONNES FACULTÉS DE RÉCUPÉRATION

Cet épisode a forcément de quoi faire (provisoirement) perdre le sourire à Hugo Page, mais certainement pas sa satisfaction d’afficher un sacré niveau depuis le départ de l’épreuve. Avant de prendre deux châtaignes ce vendredi, les deux étapes ardéchoises avaient en effet parfaitement lancé l’Espoir 3 sur ce Critérium du Dauphiné. 4e à Beauchastel puis 8e à Brives-Charensac - mais 3e du sprint du peloton derrière l'échappée -, il a immédiatement marqué son territoire et a su se faire une place parmi les grands. “Je me surprends. Je savais que j’étais en forme, je l’avais vu ces derniers mois, mais je ne m’attendais quand même pas à ça. En tout cas, je suis content de montrer par mes résultats que je suis en condition”, se félicitait-il pour DirectVelo au départ de la sixième étape, au lendemain d’un nouveau Top 5 à Chaintré et avant de se frotter une fois encore aux sprinteurs à Gap (voir classements). “Ces étapes du Dauphiné sont, à chaque fois, difficiles, même quand ça arrive au sprint. C’est du niveau WorldTour donc forcément, ça roule très vite dans les bosses et ça écrème rapidement le peloton. C’est bien d’être capable de rester devant et de sprinter après des étapes dures”. Hugo Page se réjouit aussi de ses qualités de récupération, qu’il découvre à ce niveau. “Je vois que j’arrive encore à sprinter après cinq ou six jours de course, c’est intéressant pour l’avenir”.

Sans en faire de trop, il sait que ce Critérium du Dauphiné pourrait changer bien des choses. Ses objectifs comme son rôle dans l’équipe devraient évoluer à court et plus long termes. “Forcément, je pense que l’équipe va se rendre compte que je suis assez rapide et que je peux gagner des courses au niveau WorldTour. Je vais déjà essayer d’en gagner une en Classe 1. Peut-être que ça peut changer des choses pour la suite mais je veux quand même y aller étape par étape, en travaillant et en prenant mon temps”. Et dire que tout a débuté, cette année, sur un sprint qu’il n’aurait pas dû disputer (lire ici). “Mon entraîneur savait que j’étais rapide à l’entraînement. Il l’a vu en analysant les puissances développées. Au Tour d’Oman, j’ai eu ma chance et ça a lancé le truc. Je remercie l’équipe car toute la semaine, j’ai eu cette liberté de pouvoir sprinter sur ce Dauphiné. C’est formidable”.

GAGNER, LA PROCHAINE ÉTAPE

Samedi, Hugo Page ne pourra sans doute rien espérer de l’avant-dernière étape de la compétition. Pour revoir Hugo Page jouer les premiers rôles, il faudra patienter un petit peu. Mais il n’est plus certain de le voir passer à l’attaque si souvent qu’il ne l’avait fait jusque-là, en première partie de saison. “Je suis un attaquant, aussi. Mais c’est peut-être sur ce point-là que les choses pourraient changer après ce Dauphiné. Sur les précédentes courses, je bougeais avant le final car je n’étais pas forcément la carte maîtresse de l’équipe en cas de sprint. Mais maintenant, en courant intelligemment, je pourrai faire de bonnes choses sur d’autres courses, notamment les manches de Coupe de France”.

Avec la conviction qu’il est sur la bonne voie, et la satisfaction de voir que le travail paie. En attendant la suite qui pourrait bien n’être que plus belle. “Je veux devenir le plus complet et polyvalent possible. Je veux quand même, surtout, travailler mes points forts car je considère que c’est de cette façon que je peux espérer gagner des courses. Or, c’est justement le but de pouvoir gagner des courses assez rapidement, sur pas mal de terrains”. Alors oui, certes, Hugo Page a fait le « bad buzz » bien malgré lui ce vendredi. Mais ne nous y trompons pas ; celui qui collectionnait les succès chez les Juniors en 2019 (retracez tout son parcours ici) n’a pas attendu ce malheureux incident pour faire parler de lui cette semaine, et assurément se révéler aux yeux du grand public. En faisant parler la puissance de ses cuisses et de ses mollets.