Romain Hardy : « Souligner le travail du collectif »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Il était pressenti pour être l’épouvantail de l’épreuve et il a parfaitement assumé ses responsabilités. Ce dimanche, Romain Hardy a remporté le Tour de l’Ardèche Méridionale, première manche de la Coupe de France N3 (voir classement). L’occasion d’offrir un joli succès à sa nouvelle formation de l’UC Briochine-Bleu Mercure pour son retour dans les pelotons amateurs après treize saisons chez les pros. DirectVelo était présent dans les rues d’Aubenas, à l’arrivée, pour recueillir la première réaction de l’athlète de 34 ans. Entretien.

DirectVelo : Il y a quelques jours, tu nous expliquais ne pas être spécialement enchanté de descendre jusqu’en Ardèche (lire ici) mais finalement, tu ne seras pas venu pour rien !
Romain Hardy : Ça me tenait à cœur de récompenser l’équipe après le gros travail qui a été fait par chacun. Jusqu’à présent, on n’avait pas forcément fait un très beau début de saison. J’étais bien motivé et je suis content d’apporter cette victoire au club.

Le début de course avait pourtant été difficile pour l’équipe…
On a pris la course à l’envers. Sur 25 gars qui se sont retrouvés à l’avant, on n’avait mis qu’un mec, un petit jeune qui sort des rangs Juniors (Elouan Dolédec, NDLR). J’ai senti qu’on était en train de s’enterrer en tête de peloton alors qu’on était parti depuis peu. Alors j’ai mis deux mecs à rouler avant même le pied du GPM. Il a fallu sacrifier deux coureurs mais c’était important. J’ai fait un gros effort dans la bosse pour rentrer devant. J’ai réussi à revenir avec (Julien) Souton. C’était primordial de rétablir la situation. Puis finalement, beaucoup de coureurs sont rentrés par la suite, ça m’a surpris. Je ne pensais pas que tout le peloton rentrerait. 

« ON A PU RENTRER DE JUSTESSE »

Le début de course laissait imaginer que ce serait un énorme “chantier”. Et pourtant… Comment l’expliques-tu ?
Il y avait beaucoup de vent. Je pense que ça a changé la course. Sans ce vent, il y aurait sans doute eu plus de sélection. Mais il faut faire avec les conditions du jour, ça fait partie du jeu. Toujours est-il que j’ai eu la chance d’avoir une bonne équipe. Dans le final, un groupe d’une petite dizaine est ressorti et on n’avait personne devant. J’ai remis à rouler tous les gars qu'il restait avec moi. On a pu rentrer de justesse, aux 500 mètres.

Après un final chaotique où il s’en est fallu de peu pour que l’échappée n’aille au bout…
Au dernier rond-point, dans l’échappée, certains sont passés à gauche et d’autres à droite, ce qui a visiblement désorganisé le groupe. Il fallait absolument passer à gauche, je le savais, on l’avait vu en repérant l’arrivée hier (samedi). Je pense que les échappés ont perdu cinq-six secondes sur le coup, ce qui a peut-être changé la fin de la course… Sinon, ça aurait été juste.

« BEAUCOUP N’AVAIENT PAS LA CAPACITÉ D’EN REMETTRE »

Lors de la présentation de l’équipe, tu avais expliqué vouloir retrouver le plaisir de jouer la gagne cette année, pour ton retour chez les Amateurs, avant sans doute de mettre un terme à ta carrière. Mission accomplie ce dimanche !
Pour le moment, je n’ai pas eu autant de plaisir que je l’attendais. Encore une fois, je suis vraiment épaté du niveau des mecs en Amateurs… Même en N3, franchement, ça tient bien. Bon, dans les bosses, j’ai senti que la différence pouvait se faire assez vite. Mais pour le reste, c’est vraiment pas mal. Quand on sait que beaucoup des mecs qui étaient dans le peloton aujourd’hui bossent à côté, c’est beau. De mon côté, je tiens vraiment à souligner le travail du collectif, c’est ce qui m’a fait le plus plaisir ici. Après tout ce qu’ils ont fait, je me devais de faire un gros sprint.

T’es-tu senti à l’aise lors du sprint final, ou manquais-tu de repères après des saisons entières sans en disputer un seul ?
C’est vrai que je n’ai pas dû faire un seul sprint depuis 2017, je crois… Mais là, ça allait. Dans les derniers kilomètres, j’ai senti que beaucoup n’avaient pas la capacité d’en remettre. Chez les pros, ça roule beaucoup plus vite sur les tout derniers kilomètres. J’ai même failli en mettre une dans le dernier faux-plat, aux 500 mètres. Mais on n’est pas arrivé assez lancés, ça s’est arrêté au pied, alors j’ai préféré attendre le sprint. J’ai temporisé jusqu’à ce que quelqu’un lance et quand c’est parti, j’ai sauté dans la roue et j’ai vite senti que ça allait le faire.

 

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