Thomas Voeckler : « Ne pas tout envoyer balader »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Il n’y a pas eu de nouvelle médaille pour la bande de Thomas Voeckler. Après le doublé de Julian Alaphilippe puis la breloque en argent de  Christophe Laporte, il faut descendre à la 15e place du classement du Championnat du Monde Elites Hommes pour trouver la trace du premier tricolore sur l'édition 2023, Valentin Madouas (voir classement). L'équipe de France a été débordée sur le circuit de Glasgow après avoir été privée de son leader, Christophe Laporte, à plus de 100 kilomètres de l'arrivée en raison d’un problème mécanique. Thomas Voeckler est revenu sur cette course compliquée au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Ce n'est pas le Championnat du Monde espéré pour la France…
Thomas Voeckler : C'était une course de dingue mais on s'y attendait. On savait que les gars allaient finir comme ils pouvaient, hormis les premiers. De toute façon, il suffit de voir qui est devant. Il n'y a pas de hasard. En fait de course, on n'a eu que la crevaison de Christophe (Laporte) mais c'était le coureur protégé. En plus, il a crevé au moment où Mathieu Van Der Poel a fait la première sélection. De toute façon, sur un tel circuit, avec des pépins mécaniques c'est quasiment impossible de rentrer. Il était vraiment dans une bonne journée mais c’est comme ça. On est déçu, si c'était à refaire, on partirait de la même manière. Il faut accepter d'avoir des jours où ça ne marche pas et aujourd'hui, ça n'a pas marché.

« ÇA TOMBE SUR LUI, C’EST MALHEUREUX »

Ça aurait été différent si Christophe Laporte n'avait pas crevé ?
On ne sait pas ce qu'aurait pu faire Christophe. C'était notre meilleure carte. Il aurait eu un peu de soutien avec Valentin (Madouas). Je ne peux pas dire qu'il aurait fini avec Van Der Poel mais ce que je sais, c'est qu'il était très bien. On l'a vu avant sa crevaison. Mais bon c'est un fait de course… Ça tombe sur lui, c'est malheureux. Bien sûr qu'on est déçu mais il ne faut pas tout remettre en question. Valentin (Madouas) finit 15e à sept minutes ! On a doublé Remco (Evenepoel) qui était complètement en fringale. Aujourd'hui, c'était une épreuve de survie. C'est vrai qu'à la télé on voit les mecs de devant et c'est magnifique, mais sur l'ensemble des coureurs au départ il y a beaucoup de déçus et on en fait partie.

C'était un circuit qui pouvait faire perdre la tête au sens propre comme au figuré ?
J'aurais aimé que les gars soient tous dans les 20 premiers du peloton, mais ce n'est pas possible. Je savais très bien que ça n'allait pas se passer comme dans un rêve. Les gars ont fait du mieux possible, je n'ai pas de reproche à leur faire. Je ne vais pas accuser la malchance non plus. Ce n'est juste pas une bonne journée, il faut l'accepter aussi. Ça fait partie du vélo. On essaie de tout faire pour ramener des médailles, mais il y a des jours comme ça. On a deux coureurs à l'arrivée, comme beaucoup de nations, et ce n'est pas pour ça que je ne suis pas fier d'eux. On n'est pas en train de fêter le titre mais la vie continue. On attend la prochaine échéance et on va repartir au combat.

« IL FAUT SAVOIR L'ACCEPTER »

Tu t'attendais à ce que les Danois et les Italiens roulent si fort, si loin de l'arrivée ?
C'est ce qu'il fallait faire mais il faut avoir une équipe pour le faire. Rémi (Cavagna) aurait pu le faire mais il avait mal au ventre. Je pense que le rythme effréné a eu raison de lui. C'est aussi peut-être une erreur de casting pour moi aussi. J'aurais pensé qu'il aurait peut-être les moyens de remonter mais en l'occurrence, il avait des maux de ventre. C'est sûr que ce qu'a fait le Danemark, on aurait aimé le faire. Bien sûr que c'est bien de sacrifier deux mecs pour mettre les autres dans le confort. Eux ont pu le faire...

On sent qu'il n'y a pas vraiment de regrets...
Non. Si c'était à refaire, je prendrais les mêmes mecs et on repartirait avec la même façon de courir. Sincèrement, on a fait comme on a pu. Quand tu doubles les mecs ou que tu vois les images télé, tu ne vas pas leur dire qu'ils doivent remonter, qu'ils sont trop loin dans le peloton. Je connais un peu le vélo, ils le savent très bien. Des regrets, on en a seulement contre le coup du sort. Je maintiens que Christophe, avec son niveau et son état de forme, aurait été là. Mais c'est comme ça, c'est le vélo. Il faut savoir l'accepter et ne pas tout envoyer balader. Ce n'est pas une bonne journée. On en a eu des belles, on en aura d'autres des belles, mais on en aura aussi des moins bonnes. 

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