Christophe Laporte : « On se disait que ça n'arriverait qu'une fois »

Crédit photo Arnaud Guillaume / DirectVelo

Crédit photo Arnaud Guillaume / DirectVelo

Les Jumbo-Visma ont été impériaux ce dimanche, sur Gand-Wevelgem. Christophe Laporte a remporté la Classique belge devant son coéquipier Wout van Aert (voir classement), après un contre-la-montre en duo de plus de 50 kilomètres. Cette situation s'était déjà produite lors de l'E3 Saxo Bank Classic la saison dernière à une différence près : l'ordre des deux coureurs, qui est inversé cette fois-ci. DirectVelo était présent lors de la conférence de presse du Varois de 30 ans, qui empoche ainsi la première Classique de sa carrière. 

DirectVelo : Quel est ton sentiment après ce succès ?
Christophe Laporte : Je suis un peu libéré mentalement. C'est ce que je recherchais en plus dans mon palmarès. Je suis très fier d'avoir mon nom au palmarès de cette course. Je pense aussi à ma famille. On fait beaucoup de sacrifices, chacun de notre côté, pour en arriver là. Je passe beaucoup de temps loin d'eux. Ce n'est pas toujours facile. C'est toujours bien quand les sacrifices paient. Ce sont des moments exceptionnels que je garderai dans ma mémoire jusqu'à la fin de ma vie. Je suis très fatigué mais aussi très heureux.

Il s'agit d'un doublé similaire à celui de l'E3 Saxo Bank Classic, accompli l'an dernier. Y en a-t-il un qui est plus beau que l'autre ?
Le plaisir est le même. J'étais 2e à l'E3 l'an passé, je n'étais pas 1er mais c'était comme une victoire pour moi, car nous sommes arrivés ensemble. Refaire ce doublé est quelque chose d'incroyable. C'est toujours bon d'inscrire son nom au palmarès d'une course comme Gand-Wevelgem. Je remercie Wout grandement pour m'avoir offert cette victoire aujourd'hui. C'est un rêve de gamin de gagner une Classique et une étape du Tour. J'ai gagné sur le Tour l'été dernier et j'avais déjà fait deux fois 2e sur une Classique. Là, je suis enfin vainqueur ! 

« ON AVAIT DÉJÀ EN TÊTE D'ACCÉLÉRER AU MONT KEMMEL » 

Vous franchissez donc la ligne d'arrivée ensemble. Quand avez-vous décidé du vainqueur ?
C'était à une dizaine de kilomètres de l'arrivée. C'est Wout qui a demandé si je voulais gagner. Avant, c'était compliqué. Il n'y a pas eu de grande discussion, ce n'était pas nécessaire. C'est vraiment incroyable. Il y a quelques jours, on se disait que ce qui était arrivé à l'E3, ça n'arriverait qu'une fois dans une carrière. Voilà que ça recommence aujourd'hui ! C'est exceptionnel et dur à réaliser sur le moment, arriver à deux avec un coéquipier ne procure pas la même adrénaline. C'est quelque chose que l'on peut particulièrement savourer.

Comment s'est dessinée la victoire ?
Il restait plus de 50 kilomètres lorsque nous nous sommes isolés en tête. On avait déjà en tête d'accélérer au Mont Kemmel, dès le deuxième passage. On l'a fait et on s'est retrouvés à deux. Après, il fallait tout donner et j'ai fait le maximum. C'était très long, en plus du froid qui provoquait quelques sensations bizarres. Je ne peux pas dire que je me sens à 100% mais je suis de mieux en mieux, en tout cas beaucoup mieux que vendredi. J'ai vraiment souffert dans le final. Je suis content de redresser un peu la barre aujourd'hui par rapport à vendredi, où je n'étais pas comme l'année passée. 

« DES RÊVES RÉALISÉS EN QUELQUES MOIS »

Que représente Wout van Aert pour toi ?
Wout, c'est maintenant un ami, ça fait un peu plus d'un an, désormais, qu'on se connaît et qu'on roule dans la même équipe. On a réalisé de grandes choses ensemble et j'aurais été très heureux qu'il passe en premier. C'est un grand champion, sur le vélo et en dehors. On l'a encore vu aujourd'hui mais il n'avait pas besoin de ça pour le prouver. Il était le plus fort, donc je lui dois cette victoire.

Cette victoire met en valeur ton choix de changer d'équipe il y a deux ans... 
J'ai fait un grand choix de carrière en changeant d'équipe, il s'est avéré être bon. Ce sont des rêves que j'ai réalisés en l'espace de quelques mois, grâce à l'équipe et à des coureurs comme Wout. Je les en remercie grandement. J'ai passé huit belles années chez Cofidis. Je ne pense pas y avoir perdu du temps. J'y ai beaucoup appris, notamment le travail de cycliste professionnel. Pour venir dans une équipe comme Jumbo-Visma, on a besoin d'un certain statut en étant déjà un assez bon coureur qui peut compter dans le final. Je pense que c'était le bon moment pour moi de partir. En tout cas, je n'ai pas de regrets. Je suis juste très heureux de mon choix. 

« WOUT RESTE LE GRAND LEADER »

Comment analyses-tu le niveau global de l'équipe ?
Si je n'étais pas dans l'équipe, ça m'aurait marqué ! On a un collectif exceptionnel, déjà sur les individualités. L'équipe a réussi à créer un groupe autour de nous. C'est ce qui fait qu'on arrive à faire de belles choses. Les deux gros objectifs arrivent avec le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Ce sont les deux plus difficiles à gagner. On va essayer de les remporter, mais ce ne sera pas chose simple, forcément. On a rempli tous les objectifs jusqu'à présent. On doit rester concentré sur les deux prochains week-ends.

Le Tour des Flandres aura lieu dimanche prochain. Ta victoire, aujourd'hui, change-t-elle ton statut ?
Wout reste le grand leader. Il y a toujours des opportunités qui sont là, ça reste des Classiques. C'est un avantage d'avoir plusieurs coureurs capables de gagner ou de faire un bon résultat dans l'équipe. C'est notre collectif, on doit jouer avec ça. C'est ce qu'on a réussi à faire jusqu'à présent. J'ai le sentiment de devoir beaucoup à l'équipe après une journée comme celle-ci. Je vais donner tout ce que je peux pour les deux week-ends qui arrivent.

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