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Un « aboutissement » pour Bourg-en-Bresse

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Les derniers kilomètres du Tour du Gévaudan ont paru longs à Christian Milesi. Alors qu’il reste moins de cinq bornes, il passe un coup de téléphone à son collègue Vincent Garin, au volant de la voiture ce dimanche, pour savoir s’il pensait que Martin Tjotta allait s’imposer dans les rues de Mende. Puis au moment où il a eu la certitude que le Norvégien allait sortir en tête de la dernière courbe, il s’est transformé en vidéaste pour immortaliser l’instant. “On ne peut pas dire qu'on a dominé car à trois kilomètres de l’arrivée, on ne savait pas si on allait gagner. On aurait pu faire 3, 4 et 5e. Mais au final, c'est l'aboutissement d'un travail spécifique pour cette épreuve”, apprécie-t-il au micro de DirectVelo.

Sur la manche de la Coupe de France N1 aux 3000 mètres de dénivelé, Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme a placé trois coureurs dans le Top 5, quatre dans les 12 premiers et même cinq dans le Top 25 (voir classement). Tout sauf une surprise. Ces dernières années, la formation bressanne est devenue l’équipe pour laquelle les grimpeurs traversent la France pour disputer un maximum de courses à leur convenance. “Nous avons mis cette course dans la tête des coureurs depuis le début d’année, rapporte Christian Milesi. Il y avait une manche bien customisée pour nous. Nous avions le souhait d’y être fort. On a mis en place des choses pour la préparer, avec des reconnaissances. Ça s'est ressenti dans l'engouement, l’envie, la préparation… Pour l’équipe, c’est le terrain sur lequel on aime briller, celui sur lequel on aime se préparer”.

STEN VAN GUCHT, ÉQUIPIER DE LUXE

Finalement, le plus difficile a été de ne garder que six coureurs. “On a des déçus, comme Jacques (Lebreton). Il aurait été leader dans d’autres équipes”, imagine son coéquipier Victor Guernalec. Se passer du Jurassien n’a pas été aisé pour le staff bressan. “Ça m'embête, c’est dur pour lui mais dans le rôle de marqueurs de points, on avait déjà un peu de monde”, confie Christian Milesi. La jeunesse avait été préférée avec la sélection de l’Espoir 1 Yoan Morin. Mais malade, le Francilien a laissé sa place à l’expérimenté Sten Van Gucht. “On savait que Sten n’allait pas marquer de points”, dit Vincent Garin. Mais le Belge avait la mission de mettre ses coéquipiers sur orbite. “Il a vraiment fait le boulot d’équipier. C’est plaisant d’avoir un mec qui vient pour faire le boulot et qui le fait”, observe son directeur sportif. “Un gars comme Sten, quand tu vois le boulot qu'il a fait, tu te dis qu'on ne peut pas se louper. S’il n’est pas là, ça ne se passe peut-être pas pareil”, pense Baptiste Huyet.

Avec un tel effectif, les Bressans étaient très attendus. Ils sont venus en Lozère 48 heures avant la course pour reconnaître en deux temps l’intégralité du parcours. “Il y avait une sorte de pression mais elle était positive. Au briefing, Christian (Milesi) a dit : « on ne vous met pas la pression mais on est regardé. C'est une course pour nous »", confie Baptiste Huyet. “On a senti qu’il y avait de l’enjeu. Il n’y a pas beaucoup de manches de la Coupe de France N1 aussi difficiles et on sait ce que ça peut changer dans une carrière”, précise Christian Milesi.

Victor Guernalec et Baptiste Huyet avaient eux la mission de prendre une échappée. “Mais c'était compliqué. Je prends un coup à un moment, ça part un peu et finalement ça revient. C'était vraiment nerveux, c'était chaud”, dit Baptiste Huyet. Victor Guernalec a connu de son côté plus de réussite. “Je suis sorti dans un bon groupe mais on a été repris au sommet de la bosse puis tout s’est enchaîné… J'avais toujours un coup d’avance qui m’a évité de faire un gros effort au pied de la longue montée du kilomètre 90”. Au moment où le peloton explose, Bourg-en-Bresse se retrouve en surnombre. “Dans la Côte de Sauveterre, on est 25-30 et nous, on est encore cinq de l'équipe, fait remarquer Baptiste Huyet. Collectivement, c'était plus facile de jouer. Sur le plateau qui suit, on sort à une dizaine avec Martin, Victor et moi”.

« IL S'EST BALADÉ »

Martin Tjotta s’isole en tête dans la descente menant vers Balsièges. Il reste alors un peu moins de 40 kilomètres et le show Martin Tjotta débute. “On savait qu’il pouvait gagner, il s’est baladé, sourit Victor Guernalec. De notre côté, on n’avait plus qu’à suivre mais ce n’est jamais une tâche facile car on a peur que ça parte sans nous”. Le Norvégien n’aura jamais plus de 50 secondes d’avance sur onze puis six poursuivants - dont deux coéquipiers -, à partir de la montée Jalabert. “Il avait une quarantaine de secondes d’avance mais c’est tellement raide qu’il était tout proche. On ne savait pas ce qui pouvait se passer, surtout avec Rémi Capron qui est très explosif”, reconnaît le Breton. Le suspense restera entier jusqu'au bout. “C’était tendu et haletant”, résume Vincent Garin.

Le Norvégien a réussi à s’imposer avec onze secondes d’avance sur ses premiers poursuivants. Rémi Capron (VC Villefranche Beaujolais) n’a eu aucune difficulté à régler ses adversaires et notamment les deux Bressans, Victor Guernalec et Baptiste Huyet, qui n’avaient pourtant pas passé de relais depuis un bon moment. “On n’était pas forcément désigné pour la fin de course alors on avait laissé pas mal de cartouches. C’est dommage mais vu d’où je reviens, c’est déjà une petite victoire, surtout en Coupe de France et sur un parcours aussi dur”, relativise Victor Guernalec. “Honnêtement, je pense qu'on s'est mal démerdé dans le final. Un de nous deux aurait pu faire podium, estime Baptiste Huyet. Mais bon, on ne va pas se plaindre. Faire 1er, 4 et 5 en Coupe de France, c'est énorme !”.

Si la performance collective est belle, Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme aurait pu manquer la victoire sans un grand Martin Tjotta, le seul coureur bressan à avoir mis au fond en Élite depuis le début de saison. “Les mecs de l’ouest ne connaissaient peut-être pas trop Martin mais ceux du sud ou d’Auvergne-Rhône-Alpes savent qu’il a largement un niveau WorldTour. Il jouerait la gagne sur une Coupe de France pro, il n’y a aucun doute là-dessus. On sait qu’on peut toujours compter sur lui. Il a fait un numéro incroyable”, estime Victor Guernalec. “C'est un bon gars, il le mérite. Et il est impressionnant. Sans arrogance, à la pédale sur une journée, il peut être le plus fort en Élites. Derrière, Rémi (Capron) a été très fort aussi mais on avait le collectif à notre avantage”, juge Baptiste Huyet. “Ça nous positionne comme l’équipe qui n'est pas trop mal quand il y a du dénivelé”, conclut Christian Milesi.



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