Uno-X : Les deux dernières places pour le Tour se jouaient ce week-end

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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C’est un très grand moment que s’apprête à vivre le cyclisme scandinave. Après avoir vu exploser au plus haut niveau mondial de nombreux athlètes danois ou norvégiens ces dernières années, et alors que Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) se présentera en juillet prochain dans la peau du tenant du titre sur les routes de la « Grande Boucle », une équipe norvégienne, composée uniquement d’athlètes norvégiens et danois, va prendre le départ du Tour de France à Bilbao. Depuis l’annonce de cette sélection, très tôt dans l’année - le 4 janvier -, chacun des 28 coureurs de l’effectif 2023 espère être de la partie. Le verdict va finalement tomber ce mardi 20 juin, sous le coup de 13h. Pour huit heureux, et bien plus de déçus.

Bien sûr, certains ont déjà leur place quasi-assurée depuis de longues semaines. En premier lieu le capitaine de route Alexander Kristoff, déjà lauréat de quatre étapes par le passé sur la plus grande course du monde. La présence de Tobias Halland Johannessen, vainqueur du Tour de l’Avenir il y a deux ans et qui s’était imposé au Mont Bouquet sur une étape de l’Etoile de Bessèges en 2021, très souvent propulsé leader de l’équipe sur les courses par étapes, ne fait pas beaucoup de doute. Celle de Torstein Traeen, 10e du Tour des Alpes puis 8e du Critérium du Dauphiné ces dernières semaines, est tout bonnement assurée, comme celle de Soren Waerenskjold, vainqueur du chrono et 2e du Tour de Belgique le week-end dernier.

LE TOUR DE BELGIQUE ET LA ROUTE D’OCCITANIE POUR TRANCHER

Mais beaucoup jouaient encore leur ticket pour la grand-messe de cet été ces tout derniers jours, lors du Tour de Belgique ou durant la Route d’Occitanie. Il faut dire que le staff des jaune-et-rouge a l’embarras du choix, tant les candidats sérieux à une présence sur le Tour semblent nombreux. Outre les noms précédemment cités, Erlend Blikra, Fredrik Dversnes et Rasmus Tiller ont tous déjà levé les bras cette année, sans parler de nombreuses belles places d’honneur pour bien d’autres éléments du groupe.

Alors, c’est aussi et surtout la forme du moment qui va compter. Kurt-Asle Arvesen, qui a marqué l’histoire récente du cyclisme norvégien avec, notamment, une victoire d’étape sur le Tour en 2008, à Foix - maillot de Champion national sur le dos -, fait partie des directeurs sportifs décisionnaires quant à la sélection finale. Dimanche matin, au départ de la dernière étape de la Route d’Occitanie, à Saint-Gaudens (Ariège), l’ancien coureur a longtemps pianoté sur son téléphone, assis sur un banc, non loin du bus de sa formation. “Je suis justement en train d’envoyer les dernières informations au manager de l’équipe, je lui fais le compte-rendu de la journée d’hier (samedi)”, explique-t-il à DirectVelo lorsqu’on lui demande si les coureurs présents dans le sud-ouest de la France sont encore en train de jouer leur place pour le Tour. “On a déjà six noms en interne depuis un bon petit moment. Il reste deux places à pourvoir”. 48h plus tard, les dés sont donc désormais jetés. L’équipe ne courra plus jusqu’au départ du Tour, hormis lors des Championnats nationaux, et le staff d’Uno-X va donc annoncer sa sélection ce mardi après-midi.

L'HÉRITAGE DE THOR HUSHOVD

“On n’a pas beaucoup de coureurs qui ont déjà disputé le Tour dans l’équipe. Tout le monde est très excité à l’idée de performer là-bas. On vise surtout les mecs qui sont en grande forme actuellement. La question qui se pose pour les dernières places, c’est de savoir si l’on emmène plus de grimpeurs pour accompagner Torstein Traeen en montagne, ou si on prend plus de routiers-sprinteurs pour Alexander Kristoff”, expliquait le directeur sportif samedi dernier, en Occitanie. N’est-il pas difficile, à cette période de l’année, de garder une grande cohésion d’équipe alors que chacun espère prouver ce dont il est capable, avec l’envie de décrocher un résultat personnel ? “Non, tout s’est très bien passé, assure Kurt-Asle Arvesen. Nos athlètes savent ce qu’ils ont à faire, chacun a un boulot bien précis et on sait le remarquer. Ces gars sont tous danois ou norvégiens, ils ne sont pas que coéquipiers mais également amis dans la vie de tous les jours”.

Kurt-Asle Arvesen, pour sa part, est d’ores-et-déjà certain d’être sur le Tour depuis un long moment et n’aura pas eu besoin d’attendre une potentielle sélection. Homme fort du cyclisme norvégien - il est notamment passé par la CSC avant de finir sa carrière au Team Sky -, celui qui a désormais 48 ans est très fier de voir une équipe norvégienne au départ du Tour. “On a déjà eu quelques très bons coureurs norvégiens sur le Tour ces dernières décennies mais se rendre sur le Tour avec une équipe du pays, c’est autre chose et c’est la toute première fois”.

UNE GÉNÉRATION DE GRIMPEURS

Kurt-Asle Arvesen n'oublie pas de rendre hommage à un compatriote qui a marqué l'histoire du cyclisme dans son pays. "Tout a commencé avec Thor Hushovd et ses belles années au Crédit Agricole. Une grande chaîne de télé norvégienne s’est mise à diffuser le Tour et le reste à suivi. On a commencé à avoir quelques belles courses UCI en Norvège. À partir du moment où les gamins des petits villages peuvent voir passer des courses de vélo devant leurs yeux, ça change tout car ça donne envie à certains d’entre eux de se mettre au vélo. On essaie aussi d’aller recruter des jeunes talents dans le monde du football ou du ski de randonnée nordique pour les mettre au cyclisme".

Autre changement notable : beaucoup de jeunes Norvégiens démontrent d’excellentes qualités de grimpeurs désormais, ce qui n’était pas nécessairement le cas par le passé. On pense notamment à Tobias Foss, Tobias Halland Johannessen ou encore Johannes Staune-Mittet, qui vient tout juste de remporter le Tour d’Italie Espoirs. “C’est vrai que c’est nouveau. Avant, nous avions surtout de solides gaillards, des rouleurs puissants comme Thor Hushovd, Alexander Kristoff ou Edvald Boasson Hagen”. Modeste, il ne cite pas sa propre personne mais rentrait également dans ce registre de coureur puissant. “C’est bien, c’est prometteur pour l’avenir mais je ne suis pas certain qu’il faille y voir une tendance définitive. Grimpeurs, rouleurs, sprinteurs… Sur une poignée de coureurs, j’y vois surtout un côté aléatoire”, tempère tout de même le directeur sportif.

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