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Cyclo-sport - Damien Jeanjean : « Mes deux meilleurs résultats »

Crédit photo Noémie Morizet

Crédit photo Noémie Morizet

Damien Jeanjean continue de progresser. Déjà vainqueur de l’Aindinoise en 2022, le natif d’Agen s’impose cette année comme l’un des plus forts dans le paysage des cyclosportives françaises. Récent 2e de la Marmotte après un scénario cruel, le sociétaire du Team Matériel-vélo.com a prouvé, le week-end dernier, qu’il pouvait jouer les premiers rôles sur le plan international en terminant 3e de l’Étape du Tour. Damien Jeanjean s’est livré au micro de DirectVelo sur ses derniers résultats et sa vision du cyclisme.

DirectVelo : Que t’inspire ta saison pour le moment ?
Damien Jeanjean : En début de saison, les résultats étaient moyens. Je m’étais fait un programme d'entraînement pour avoir mon pic de forme vers la Marmotte et l’Étape du Tour, ça a plutôt bien marché. Ce sont mes deux meilleurs résultats depuis que je fais du vélo.

« JE DEVRAIS QUAND MÊME ÊTRE PREMIER »

Sur la Marmotte, tu prends la 2e place après avoir été annoncé 1er, quel était ton sentiment ?
En théorie, je devrais quand même être premier sur la Marmotte. Ils ont eu un problème de chronométrage et ils ne veulent pas l’avouer. Je le vois grâce aux segments Strava des portions qui ont été neutralisées. J’avais été considéré comme 1er, mais après en enlevant les portions neutralisées, j’étais finalement 7 secondes derrière Loïc Ruffaut. Je leur faisais confiance, j’ai voulu leur demander le détail des chronos, mais ils étaient un peu débordés et ils ne me l’ont pas donné. En rentrant chez moi, je vois que le troisième segment n’avait pas été pris en compte. Finalement, quand j’ai créé le segment de la traversée de la Grave, j’ai vu que Loïc Ruffaut avait 12 secondes de moins que nous et rien qu’avec ça je passais devant. En plus, le deuxième segment est complètement faux. On a mis plus de 30 minutes pour descendre le Col du Mollard et eux ils comptent 20 minutes. D’après les temps Strava, je devrais être 15 secondes devant et pas 7 secondes derrière, même si je pense qu’il était un peu plus fort que moi parce qu’il avait fait plus d’efforts que moi. Ils ne veulent pas revenir en arrière, mais normalement je devrais avoir gagné cette course. C’est dommage parce que c’était mon meilleur résultat. La Marmotte, c’est une course qui me correspond plus. Je préfère les cols longs.

Le week-end dernier tu termines 3e de l’Étape du Tour, tu étais satisfait…
L’Étape du Tour, je me suis fait un peu violence dans les premières montées parce que je savais que ça allait rouler fort comme les ascensions ne faisaient que 6 kilomètres. Il y en a toujours qui veulent appuyer un peu plus, quitte à craquer après. Ça n’a pas manqué. Sur le Col du Feu, des coureurs ont mis un gros tempo et j’ai hésité à suivre parce que ce n’est pas mon fort. Après, je me suis dit « si je loupe le train, ça ne peut jamais revenir » et c’est ce qui s’est passé. Dans ces conditions-là, c’était mieux que je reste dans le groupe. Je pense que j’ai fait le bon choix.  Étant donné que le profil ne me correspondait pas forcément, je voulais faire mieux que l’année dernière où j’avais pris la 9e place, mais l'année passée le profil me correspondait mieux. Je me suis dit « déjà si je maintiens le Top 10 ça sera bien ». Mon gros objectif c’était plutôt le Top 5, le podium je n’y pensais pas forcément d’autant plus avec les coureurs qui étaient là comme Stefan Kirchmair ou encore Loïc Ruffaut. Finalement, il n’y en a aucun des deux devant moi à la fin, ce sont deux autres. À l’Étape du Tour, il y a toujours des gens forts, que l’on n’avait pas forcément anticipé. Là, il y a Dimitri (Bussard), qui fait partie de mon équipe donc je le connaissais, mais il avait craqué sur la Marmotte. Quand il est en forme, il est très fort. Puis, le premier (Artus Jaladeau, NDLR), personnellement je ne le connaissais pas du tout donc je ne m’y attendais vraiment pas. Finalement, vu comment ça s’est passé et étant donné le niveau qu’ont les deux premiers, je pense que c’est très bien et que je ne pouvais pas faire beaucoup mieux. Je suis content de ma place.

 « EN ELITES, C'ÉTAIT UN PEU TROP D’UN COUP »

Tu es arrivé au vélo sur le tard à 25 ans, pourquoi ?
J’ai toujours adoré le vélo parce qu’avec mes parents agriculteurs lorsque l’on moissonnait, il y avait le Tour de France en même temps. Le moment de détente était de regarder le Tour de France. Mes parents n’ont jamais voulu que je fasse du vélo parce qu’ils craignaient que je me dope et en plus on n’avait pas forcément les moyens d’acheter un bon vélo. J’ai fait de la course à pied à partir de 10 ans. Puis, j’ai eu une fracture de la rotule, ils n’ont pas voulu opérer parce que j’étais jeune. Pendant 3-4 ans, je n’ai pas fait de sport. J’ai repris le sport en faisant un peu de tennis au lycée puis de la course à pied lors de mes études supérieures parce que le sport était obligatoire. On a commencé par le demi-fond, ça m’a relancé un peu dans la course à pied. J’ai fait de la course à pied pendant toutes mes études. Finalement, c’est lorsque j’ai eu un salaire que je me suis dit « ça y est je peux m’acheter un vélo ». J’ai vu que j’avais des facultés, dans ce sport-là. Très rapidement, au bout d’un an et demi, il y a un gars de Bourg-en-Bresse qui m’a contacté pour que je rejoigne le club. Ça s’est fait en milieu d’année et j’ai fait des courses en 1-2-3 et Élites tout de suite, mais je pense que la marche était trop haute. Avant, j’étais dans un club FSGT, où je gagnais un peu tout. En Élites, c’était un peu trop d’un coup. J’aime bien les efforts constants et là quand ça attaque, ça démarre fort et je n’ai pas l’habitude. Cet aspect, plus le fait qu’on ne faisait que de me dire qu’il fallait que j’arrête de courir, ça m’a un peu démotivé et derrière je me suis lancé dans le triathlon.

Tu cours de toute même encore en FFC ?
L’année dernière, j’ai fait une course en FFC, le Grand Prix du Faucigny. Je n’en ai fait qu’une parce que les courses en circuit ne me tentent pas. Là c’était en une course en ligne, c’est pour ça que j’ai voulu y participer. Cette année, je me suis un peu plus pris au jeu et j’ai disputé quelques courses en Open 2 avec mon club. C’était cool au moins car ça me faisait du rythme. Les courses en circuit, les montées sont assez courtes donc c’est dur de faire des différences. Je fais plus la différence sur des montées longues, un peu à l’usure alors que sur une montée courte, il y en a plein qui suivent. Je n’ai jamais fait de bons résultats, mais pour l'entraînement en début de saison, c’est très bien. Après, j’ai bien aimé les courses par étapes comme le GP de Sisteron et Issoire. J’aime bien parce que tout ne se joue pas sur une course et il y a des maillots à gagner. Même si on ne fait pas un bon classement, on peut aller chercher le maillot à pois donc c’est sympa et il y a un esprit plus club.

TENTÉ PAR LE GRAVEL

Quelle est la suite de ton programme ?
Ce samedi, je serai au départ de l’Aindinoise. J’ai hésité à y aller parce que je n’ai pas trop eu le temps de récupérer depuis l’Étape du Tour et je n’ai pas beaucoup dormi ces derniers temps. Je ne savais pas trop si c’était une bonne idée d’y aller d’autant plus que la semaine d’après, il y a les Championnats de France Master. Enchaîner comme ça, je ne sais pas si c’est vraiment bien. Ce n’est pas très loin de chez moi donc je me dis que c’est dommage de ne pas y aller. En plus, c’est le lendemain du passage du Tour donc ça peut être cool. Je vais essayer de défendre mon titre. De toute façon, si je n’essaie pas…

Quels sont tes prochains objectifs ?
Il y a les Championnats de France Master, le Championnat du Monde Gran Fondo et après je vais peut-être faire une fin de saison Gravel. Je suis bien tenté par le Gravel. J’adore faire du VTT, mais je ne suis pas assez technique. Là où j’ai le plus de mal c’est le passage d’obstacles, mais en Gravel il n’y en a pas. C’est de la technique quand même, mais ça ne me dérange pas. Ça sera une découverte, mais je pense que je pourrais être pas mal en Gravel.

Comment imagines-tu ton futur dans le cyclisme ?
Je pense que les cyclos et le Gravel peuvent se faire en même temps. Après, il faut que je vois ce que donne ma première expérience en Gravel. Si ça se passe très mal peut-être que ça me donnera moins envie de continuer. J’aime beaucoup le VTT parce que c’est plus dans la nature, plus d’adrénaline et du coup, je pense que le Gravel est un bon compromis entre le vélo de route et le VTT, donc ça m’étonnerait que ça ne me plaise pas. Après, dans tous les cas je vais continuer à faire des cyclos.

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