Eglantine Rayer : « Ça fait du bien de retrouver l’Eglantine d’avant »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Eglantine Rayer continue sa moisson. Après ses deux titres de Championne de France Juniors contre-la-montre, la Normande a remis le couvert ce mercredi en s’adjugeant le maillot bleu-blanc-rouge lors du chrono Espoirs. Jean-Philippe Yon, qui l’a suivie à chacun de ses titres nationaux, n'a pas manqué de sauter de la voiture pour la prendre dans ses bras après la ligne d’arrivée. L’habituelle sociétaire du Team dsm-firmenich Ladies exprime sa joie au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Encore un titre national !
Eglantine Rayer : Jamais deux sans trois ! Je ne sais pas si je serai là l'année prochaine donc je suis contente de pouvoir le prendre cette année. C'est une belle récompense pour Jean-Phi (Jean-Philippe Yon), qui me suivait dans la voiture. Tous mes titres, je les ai eus avec lui. Il m'a dit jamais deux sans trois, je n'y croyais pas trop car je suis quand même Espoir 1. Je n'étais pas préparée pour faire les Championnats de France de l'Avenir, donc je ne savais pas dans quel état j'étais. Dès le départ, j'ai senti que j'avais de bonnes jambes et c'est assez rare. Ça m'est arrivée deux fois, l'année dernière et cette année, je suis contente.

« JE N’AI PAS L’HABITUDE DE FAIRE AUX WATTS, J’Y VAIS AUX SENSATIONS »

Pour quelqu'un qui n'était pas très préparée pour le chrono, tu as mis un sacré écart !
Quand on m'a donné mes temps au premier inter, j'étais vraiment étonnée, dans le bon sens. Après, comme l'année dernière, j'avais de l'avance donc il m'a dit de ne pas prendre de risques dans les virages. Ça m'a arrangée, car c'était un peu technique, et finalement j'ai plus redouté le vent que ce qu'il était réellement. J'ai moins été baladée que je ne l'aurais cru. J'ai mis une roue plus petite à l'avant. Ce matin, j'étais angoissée, je voulais presque qu'ils l'annulent (rires). Je trouvais que ça soufflait vraiment mais sur le vélo, ça se passe mieux que prévu. Le circuit est bien protégé.

La dernière bosse a l'air bien difficile !
C'est une bonne arrivée de chrono de Championnat de France, comme ils savent le faire habituellement. Moi c'est le type d'effort que j'aime bien. Jean-Phi me disait 500 mètres, je ne voulais pas le croire car je n'avais pas vu la flamme rouge. Donc je pensais qu'il disait ça pour que je sois plus à bloc que prévu. Alors je voulais attendre (rires). Mais quand j'ai vu 300 mètres, je me suis dit "ah non". J'ai arrêté de regarder, je me suis mis à bloc, je me suis dit "tu fermes les yeux et tu te mets à fond". J'ai vraiment fini fort. J'aime bien pousser comme ça au bout, c'est le but du chrono.

Tu as adapté ta gestion entre la météo et le parcours ?
On n'a pas eu trop de pluie, si ce n'est au départ et je ne voyais pas grand-chose dans mes lunettes. Quant au vent, on l'avait souvent de dos ou de face. L'arrivée était rendue plus dure parce qu'il était de face. Et quand on l'avait de côté, il y avait des champs de maïs qui nous abritaient. Je n'ai pas trop adapté, j'avais un plan à suivre, mais... je n'ai pas trop l'habitude de faire avec (rires). On me donne un plan mais je n'ai pas l'habitude de faire aux watts, j'y vais aux sensations.

« JE SUIS CONTENTE DE RÉPONDRE COMME ÇA »

Vu tes références au chrono, as-tu envie de t'y intéresser plus ?
On me dit souvent que ça me va bien, mais je n'aime pas trop ça. Je ne me le cache pas, je le dis toujours. Je suis stressée avant, tu souffres pendant et il n'y a qu'après où c'est passé. J'avais moins la pression aujourd'hui, mais pourquoi pas s'y intéresser plus. Mais je ne choisis pas vraiment, c'est aussi mon équipe. Ils ne minimisent pas ça car on me prépare pour les classements généraux, c'est important d'être bon en chrono. Comme on le voit au Tour, si c'est à la fin... Je laisse faire comme ils veulent m'entraîner. J'en ai fait un au Tour de Suisse et j'étais contente de moi, on verra comment ça se passe pour la suite.

Tu arrives à prendre tes repères désormais ?
J'ai eu un petit temps d'adaptation cet hiver. Avec les Classiques, j'ai eu une infection au rein, ça a été difficile mentalement. Depuis avril, je me remets tranquillement, je retrouve la forme. J'ai eu pas mal de soucis de santé, j'ai dû passer sous antibio, j'ai enchaîné les rhumes, allergies etc. J'ai tout fait. Je vois le jour depuis avril et ça fait du bien de retrouver l'Églantine d'avant. J'avais peur de m'être perdue, de perdre celle que j'étais en Juniors. Tout le monde me disait “tu as ces résultats en Junior, mais en WorldTour ce n'est pas du tout pareil“. Tous les gens qui disaient qu'on ne m'avait pas trop vu cette année, que je ne courais pas trop, toutes les petites réflexions... Je suis contente de répondre comme ça. Ce n'est pas parce que je suis en WorldTour que je suis censée gagner. En Espoir 1, c'est quand même pas mal.

As-tu hésité à venir au Championnat de France ?
Moi, non. C'est plutôt mon équipe qui ne savait pas trop. Ça dépend de mon développement, si ça peut être bien pour ma saison... Ils auraient pu dire non, ils ont longtemps réfléchi et ils ont donné leur réponse il y a un mois. C'est bien de pouvoir courir un peu avec la Normandie et revoir mon ancien staff. C'est plus cool, moins carré. C'est rigolo parce qu'il y a des trucs où c'est moi qui suis carrée maintenant (rires). Et ils me disent que j'ai pris le boulard (rires). Il faut faire attention à tout soi-même, et j'aime bien parce que ça permet de garder les pieds sur terre.

Tu penses au doublé ?
Les Bretonnes sont treize ou quinze, nous deux (rires). J'ai pris mon déjeuner avec des amis, j'ai dit qu'on savait que la Bretagne gagnerait mais on ne sait pas qui. Il y a une revanche à prendre. En Normandie les Bretonnes ont gagné... Là, on verra comment ça se passe.

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