Entre champ de bataille et spectacle, le Mondial méritera d'être vécu

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Le départ du 90e Championnat du Monde Elites, une course de 271,1 km qui est la plus longue depuis Florence 2013, sera donné ce dimanche à 10h30, heure française (une heure plus tôt en Écosse) à Édimbourg. L'endroit précis est le parc Holyrood, situé entre le Parlement écossais et le palais Holyroodhouse. Après un court défilé local de 4,5 kilomètres, le peloton entamera tranquillement sa route en direction de Queensferry Crossing, un pont de liaison de 2,7 kilomètres traversant le Firth of Forth, l'estuaire où la mer du Nord rencontre la rivière Forth, reliant Édimbourg et Fife. C'est une opportunité pour ceux qui cherchent à se détacher du peloton dès le début de la course, car le tracé reste majoritairement du côté nord de l'embouchure du goulot, dans les Lowlands, sans présenter d'obstacles spectaculaires. En d'autres termes, cela permet à un groupe (pas dangereux) de prendre beaucoup de champ avec le peloton. Ce n'est qu'après environ cinquante kilomètres que le parcours traverse à nouveau le Clyde, cette fois via le pont de Clackmannanshire, marquant le début de la deuxième partie en ligne, plus exigeante.

Des paysages idylliques s'étendent en larges panoramas, agrémentés de bottes de paille et d'animaux paisibles tels que vaches, chevaux, moutons et chèvres broutant tranquillement. Cela constitue une véritable vitrine touristique vivante pour l'Écosse, enveloppée de brumes grises et d'un ciel sombre et pluvieux, conférant une atmosphère quelque peu mélancolique à l'ensemble. Après presque 70 kilomètres, la route s'élève légèrement pour la première fois, bien que les 4,4 kilomètres à une pente moyenne de 3,4% ne représentent pas un grand défi. Juste après Fintry, apparaît Crow Road, qui s'étend sur 5,8 kilomètres avec une pente moyenne de 4% et des pentes atteignant 9%. C'est de loin la montée la plus longue du parcours et elle nous conduit rapidement à 1 640 mètres des 3 570 mètres de dénivelé total. Cependant, pour des professionnels expérimentés et aguerris, cela reste relativement gérable, surtout avec le revêtement lisse et partiellement rénové de la route. "Ces bosses ne joueront aucun rôle. Elles sont trop loin de l'arrivée", assure Remco Evenepoel.

QUITTER UNE RUE POUR LA REPRENDRE 100 MÈTRES PLUS LOIN. EST-CE VRAIMENT NÉCESSAIRE ?

Au croisement de Byres Road et de Great George Street, après 119,8 kilomètres, l'approche en ligne droite se transforme en un circuit urbain technique, long de 14,3 kilomètres, à parcourir dix fois. Chaque boucle englobe une variation d'altitude positive de 193 mètres. Les passages à travers Kelvingrove Park sont particulièrement étroits. Ce n'est pas pour rien que Serge Pauwels, coach chez Belgian Cycling, aime utiliser l'expression de "cyclo-cross asphalté" pour résumer le circuit ou de critérium amélioré, selon Tiesj Benoot. Le parcours traverse les quartiers de Hillhead, Woodlands et Garnethill, conduisant vers le centre commercial et le quartier animé de la ville. Ici, le festival de virages - officiellement répertorié à 42, mais avec un peu d'efforts, on peut en compter une cinquantaine - atteint son apogée. "Il y a des points où on peut se demander si c'est vraiment nécessaire. Quitter une rue pour la reprendre 100 mètres plus loin, par exemple. À certains endroits, les barrières de sécurité empiètent également largement sur l'asphalte, ce qui enlève encore 30 à 40 centimètres d'espace supplémentaire", peste Remco Evenepoel.

Si les termes "montagnes russes" et "toboggan" doivent s'appliquer quelque part, c'est bien à cet endroit. Des montées et des descentes, d'un côté à l'autre. Rien d'extrêmement long, mais des raidards dont la succession peut semer le désordre, engendrer de la nervosité et causer des ennuis. "Ça me fait penser aux classiques de Québec et de Montréal, ce qui sera dur, ce sont les relances", compare Benoit Cosnefroy. Juste avant la ligne d'arrivée, il y a la désormais célèbre Montrose Street à grimper, une montée de 200 mètres. Cependant, un panneau au pied de la côte indique "13%", alors que le livre de route mentionne une pente moyenne de 7,7% et une pente maximale de 11,7%. Une fois au sommet, il reste encore 1,5 kilomètre jusqu'à la ligne d'arrivée, avec une descente menant aux 400 derniers mètres. En somme, gagner dix mètres dans la montée peut faire toute la différence. Reste à savoir dans quelle mesure la pluie (annoncée) va influencer le déroulement de la course. Entre "champ de bataille assuré" pour Benoit Cosnefroy et "spectacle garanti" pour Victor Campenaerts, il ne fait aucun doute que cette course méritera d'être vécue.

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