Manifestation au Mondial : « Je n'ai pas su me remettre dans le bain »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

La consternation était de mise après 80 kilomètres de course. La manifestation écologiste orchestrée par le groupe "This is Rigged" a engendré une interruption de près de 50 minutes de la compétition. Ce collectif s'engage résolument à mettre un terme à tous les nouveaux projets liés aux combustibles fossiles en Écosse. Difficile d'anticiper une telle action pour l'Union Cycliste Internationale. "Quand on voit qu'ils peuvent frapper dans des endroits fermés comme un match de tennis ou de foot, comment les arrêter sur une course cycliste de 271 kilomètres ?", indique le responsable de la communication Christophe Marchadier au micro de DirectVelo. "Ce n'est pas la première fois que des militants climatiques ciblent des événements sportifs en Grande-Bretagne. Plus récemment, les activistes de "Just Stop Oil" ont ciblé le Championnat Open de Golf au Royaume-Uni et trois manifestants ont envahi l'un des terrains de tennis à Wimbledon. En avril, des images ont fait le tour du monde montrant un homme lançant de la poudre orange sur une table de snooker lors du Championnat du Monde. Nous étions sur nos gardes, mais comment les contrecarrer ?", rappelle-t-il.

Un arrêt inattendu face auquel le peloton était impuissant. "On savait juste que des guignols s'étaient collés sur la route", souligne Florian Sénéchal. À part revêtir des vestes et échanger des propos avec les camarades, il n'y avait guère d'autre choses à faire. "Tu n'entends ou ne vois pas grand chose. Tu es arrêté au milieu des gars. Nous savions ce qui se passait, mais nous pouvions rien n'y faire. Le directeur sportif est vite arrivé pour donner des vestes. C'est tellement irrespectueux de nous arrêter comme ça", s'indigne Stefan Bissegger. Le futur champion du Monde Mathieu van der Poel en a profité pour sonner chez l'habitant pour satisfaire un besoin naturel. "Je suis entré dans une maison. L'interruption était assez longue et j'ai dû aller aux toilettes. Je ne pense pas être le seul à avoir fait ça de cette façon. Merci quand même aux personnes qui nous ont reçus." Peu d'informations filtraient, si ce n'est l'annonce que "dans dix minutes, le départ serait de nouveau donné", précise l'Algérien Youcef Reguigui.

UNE PAUSE QUI A COUPÉ CERTAINES JAMBES

Si les coureurs n'avaient pas grand chose à dire sur cette pause forcée, ils n'étaient pas ravis d'avoir été lâchés rapidement dans la nature. "Ils ont redonné le départ dans une descente technique. C'est parti à fond. On a eu de la chance qu'il n'y ait pas eu de chute", indique Florian Sénéchal. Toby Perry ne comprend pas pourquoi les commissaires n'ont pas neutralisé la course pendant quelques minutes supplémentaires. "Il y avait une voiture mal garée sur le bord de la route. Du coup, le peloton était étiré tout de suite. On aurait dit un départ de VTT, c'est n'importe quoi. Pourquoi ne pas être resté derrière la voiture du directeur de course ? C'était dangereux."

Finalement, cet arrêt a coupé les jambes de certains, à l'image de Florian Sénéchal. "J'ai eu froid après une heure d'arrêt. J'avais des bonnes sensations au départ. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je n'ai pas su me remettre dans le bain. J'ai vite été à fond et j'ai crampé. J'ai vu beaucoup de bons coureurs exploser tôt". Cette interruption a-t-elle eu un vrai impact ou un prétexte parfait pour expliquer une mauvaise performance chez certains ? Sans doute un peu des deux.

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