Axel Merckx : « Je ne suis que l'assistant de l'assistant »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Axel Merckx était un spectateur attentif, ce jeudi, au Championnat du Monde à Glasgow. Le Belge était au volant de la voiture suiveuse américaine lors du contre-la-montre victorieux de Chloé Dygert, sa compagne. Le manager d'Hagens Berman-Axeon revient avec DirectVelo sur la performance de l'Américaine.

DirectVelo : Quel est ton apport dans cette victoire ?
Axel Merckx : Tout le mérite revient à elle après tous les pépins qu’elle a eus : la chute à Imola, la mononucléose, les problèmes de cœur avec l’intervention, les deux opérations à la jambe, la chute qui a hypothéqué son début de saison. Je suis juste ici pour lui faire compagnie. Elle a tout une équipe autour d’elle pour la soutenir, et un coach pour l’entraîner. Ici je ne suis que l’assistant de l’assistant… Je ne suis qu’un accompagnateur, un supporter.

Pourtant, tu étais dans la voiture derrière elle durant le chrono.
Professionnellement, j’ai un peu d’expérience aussi. C’était aussi à moi de parler dans la radio, à l'oreillette. Ce n’est pas comme si j’étais à l’arrivée, à boire des bières en attendant qu’elle arrive ! J’essaie d’apporter mon expérience. C'est plus un soutien moral que professionnel. Si tu as 25 capitaines qui lui disent ce qu’elle doit faire, ça ne marche pas. Le côté personnel et le sport se croisent forcément, d’une manière ou d’une autre. Je laisse la place à ses coaches. On s’entend tous très bien. Personne ne marche sur les pieds de l’autre. Il y a une bonne communication et je peux transmettre quand je vois qu’elle est préoccupée ou stressée. À partir de ce moment-là, c’est à eux de prendre des décisions.

« RAREMENT VU QUELQU'UN SE FAIRE MAL À CE POINT À L'ENTRAINEMENT »

Alors qu'elle a failli ne pas prendre le départ.
Elle a pris un refroidissement après les compétitions sur piste. Et encore ces derniers jours, mercredi matin, elle n’était pas sûre de courir aujourd’hui et elle est restée tout le jour dans sa chambre, dans son lit, jusqu’à ce jeudi matin. Elle a fait 30 minutes de rouleau pour voir si elle était capable de rouler. Si c’était la même chose qu’hier matin, elle n’aurait pas pris le départ aujourd’hui. On avait des doutes avant le départ vu qu'elle n'était pas à 100%.

Qu'est-ce qui la distingue des autres athlètes ?
J’ai rarement vu quelqu’un se faire mal à ce point-là à l’entrainement. En course, c’est une gagnante, qui se bat jusqu'au dernier moment. Elle a beaucoup de caractère que je retrouve chez mon père aussi. Pas de la même manière. Je ne veux pas la comparer avec mon père, ça n’a rien à voir. Mais à ce niveau-là, cette volonté de gagner est une chose qu’on voit très rarement. En tant qu’athlète, très peu de personnes seraient revenues après ce qu'elle a traversé. Sa force de caractère est incommensurable. Quand elle revient de l’entrainement, c’est comme si elle revenait d’une course. Son coach lui a indiqué certains exercices, et si elle ne fait pas exactement ce qui lui a été demandé, elle analyse ce qui n’a pas marché. On a tous des jours bons et moins bons, mais pour elle c’est un combat permanent.

« LA CONNAISSANT, ÇA M’ÉTONNERAIT QU'ELLE NE SOIT PAS AU DÉPART »

Ne doute-t-elle pas trop ?
Peut-être trop, parfois. Et je pense que c’est à cause de ça qu’elle a autant souffert de la mononucléose. Après sa chute à Imola, elle a été sélectionnée pour les Jeux Olympiques. La fierté qu’elle a pour défendre les couleurs de son pays est immense. Elle a vraiment tout forcé, tout fait, même avec la douleur, pour représenter son pays le mieux possible. Mais elle n’était pas là, et on l’a vu au résultat. Elle a réussi à faire une médaille avec la poursuite par équipes, mais elle était méconnaissable sur le reste. Je suis certain que ce soir elle va rentrer dans sa chambre et réanalyser tout ce qu’elle a fait, faire son auto-critique. Et elle repartira avec Paris dans la tête, car c’est l’objectif principal, même aujourd’hui. Son but aujourd’hui était de se qualifier pour les JO. Car la déception de Tokyo était telle qu’elle ne voulait pas rater Paris. Maintenant elle est automatiquement qualifiée, donc elle peut travailler sereinement en vue de ce rendez-vous.

Sera-t-elle présente dimanche lors de la course en ligne ?
Mercredi, on s’est dit qu’il était hors de question qu’elle fasse les deux courses. Maintenant, on va voir demain comment elle se réveille, comment son refroidissement évolue. La connaissant, ça m’étonnerait qu’elle ne soit pas au départ.

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