Axel Laurance : « Je ne m’étais jamais mis dans cet état-là »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

L’équipe de France Juniors Femmes avait montré la voie en début de Championnat en réalisant une course pratiquement parfaite, jusqu’au sacre de Julie Bego. Leurs homologues masculins de la catégorie Espoirs ont suivi le même chemin ce samedi avec le triomphe d’Axel Laurance, qui aura passé une grande partie de la course aux avant-postes, dans un groupe de costauds, avant de s’isoler dans les 26 derniers kilomètres (voir classement). DirectVelo a recueilli la réaction du nouveau Champion du Monde Espoirs dans les rues de Glasgow.

DirectVelo : Tu es sacré Champion du Monde au terme d’une superbe course des Bleus !
Axel Laurance : Je crois que chaque coureur à l’entraînement se fait parfois des scénarios dans la tête. On a tous des rêves, des envies, de gagner sur les plus belles courses. Moi, à l’entraînement, ces derniers temps, je rêvais de ça, d’être Champion du Monde.

Et tu l’as fait !
J’ai vraiment changé mon état d’esprit ces derniers temps. Pendant longtemps, sur les Championnats de France par exemple, j’arrivais toujours sur place un peu nerveux. Quand tu te mets une pression monstre et que finalement, tu n’as pas les jambes, tu finis complètement dégoûté. Pierre-Yves (Chatelon) m’a appelé en juillet pour savoir si j’étais intéressé. Depuis, j’y pensais mais je ne voulais pas me mettre trop de pression. Et ça a plutôt bien marché, j’étais vraiment relâché avant la course.

Ton père nous a expliqué que tu avais suivi les conseils d’un certain Mathieu van der Poel avant ce Mondial. C’est pour ça que tu as attaqué sensiblement de la même façon qu’il l’avait fait dimanche dernier ?
C’est vrai mais par contre, je n’ai pas trop pensé à ça pendant la course. Il m’a conseillé avant la course, on a notamment parlé du matériel, de la pression des boyaux etc. Au moment où j’ai attaqué, je voyais que quatre coureurs étaient en train de revenir sur notre groupe. Mon père m’a crié sur le bord de la route qu’il ne fallait plus attendre. Alors j’y suis allé. J’ai vite fait le trou. C’était vraiment le plan initial : je voulais partir seul et ensuite me gérer à mon propre rythme. Cela dit, il restait près de 30 bornes et je me suis dit que ça allait quand même être long. Une fois devant, il n’y avait de toute façon plus de questions à se poser. J’ai tout donné pour ne pas avoir de regrets.

« IL NE FALLAIT PAS PANIQUER »

Bien avant cette attaque, Antoine Huby - qui t’accompagnait à l’avant - et toi-même avez eu des problèmes mécaniques qui auraient pu coûter cher !
Déjà, pour recontextualiser, il n’était pas vraiment prévu que nous soyons tous les deux devant. Pour les premiers gros coups de la journée, ce devait être à Noa (Isidore) et Enzo (Paleni) de jouer mais comme je ne les voyais pas et que j’avais peur que l’on se fasse avoir, j’ai accompagné. Et je me suis retrouvé devant comme ça. Puis il y a effectivement eu ces problèmes de vélo. Mon dérailleur ne fonctionnait pas. Mes vitesses passaient n’importe comment. Il ne fallait pas paniquer. On a réussi à bien gérer la situation.

Antoine a fait le choix de t’attendre pour te ramener dans le groupe de tête…
On se connait très bien depuis les Minimes, on s’est souvent fait la guerre en course. C’est un coureur qui n’hésite jamais à se mettre à la planche pour les autres. Il a vraiment assuré. Sur le coup, j’ai eu peur que Pierre-Yves ne puisse pas nous dépanner mais ça l’a fait. Antoine a ensuite chuté. C’était vraiment dommage mais il fallait que je reste concentré sur ma course à l’avant et c’est ce que j’ai fait. Si Antoine revenait, c’était tant mieux mais il ne fallait pas compter dessus. C’est triste pour lui mais on a fait la course que l’on devait faire à l’avant.

Une fois seul en tête, il a fallu s’arracher jusqu’au bout car tu n’as jamais eu une grande marge !
C’était très compliqué à gérer. Je devais prendre un minimum de risques mais avec tous ces virages et la pluie… J’étais quand même mieux devant que derrière. Sur ce genre de circuit, il vaut mieux avoir un coup d’avance que de retard, c’est évident. On n’a jamais eu à frotter dans le groupe de tête, encore moins tout seul bien sûr. C’était un avantage.

« C’EST VRAIMENT L’EFFORT INTENSE QUI M’A MIS DANS CET ÉTAT-LÀ »

Parle-nous de ces tout derniers kilomètres. On t’a vu totalement au bout du rouleau après l’arrivée, tu as vomi plusieurs fois juste après avoir coupé la ligne…
Ouais (rire). J’étais au bout du rouleau, c’est ça… J’avais les mollets et les cuisses qui piquaient… J’ai commencé à avoir envie de vomir à dix bornes de l’arrivée, j’avais des étoiles dans les yeux. Mais il fallait absolument tout mettre et ne rien lâcher. Mais c’était tellement dur… Je crois qu’il sera dur de revivre ça un jour. Je ne m’étais jamais mis dans cet état-là et ce sera dur de le refaire.

Est-ce le même type de problèmes que tu avais déjà eu, tout récemment, au Tour Alsace (lire ici) ?
Je suis très fragile du ventre. J’ai eu énormément de soucis il y a deux-trois ans et c’est revenu en juin. En Alsace, c’était n’importe quoi. J’avais dû m’arrêter pour faire la grosse commission pendant la course. Cette fois, je n’ai pas pris de risques en prenant des médocs depuis deux jours pour éviter ça. Donc cette fois, ça n’avait rien à voir. C’est vraiment l’effort intense qui m’a mis dans cet état. Et puis, peut-être aussi le fait d’avoir enchaîné les gels pendant la course…

Penses-tu pouvoir disputer une course avec le maillot arc-en-ciel en cette fin de saison ?
Je l’espère ! Normalement, je devrais notamment disputer une Classe 2 de quatre jours en Italie à la fin de l’été (le Tour du Frioul Vénétie Julienne, NDLR). C’est en Classe 2, je ne sais pas si j’aurai le droit de porter le maillot. Mais il faudrait que ça puisse se faire sur une course ou l’autre.




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