Ludwig Willems : « Pour Lotte, c'est la consécration »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Sélectionneur des filles depuis 2004, Ludwig Willems connaît un moment unique pour sa 20e année en tant que sélectionneur. Le Belge peut enfin goûter au titre mondial en Élites grâce à Lotte Kopecky (voir classement). "Quand tu peux vivre des émotions pareilles, pourquoi arrêter ?", répond-il à la question de DirectVelo sur le fait d'arrêter sur un temps fort. Il revient sur cette victoire au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Comment as-tu vécu cette journée ?
Ludwig Willems : Ça ne se voit pas sur mon visage, mais il y avait beaucoup de stress. Dès que la course commence et que tu es dans la voiture, tu ne peux plus faire grand-chose. Tu peux juste espérer qu'elles soient dans les meilleures conditions avant le départ, à savoir être sereines et créer l'environnement propice à la performance. À la fin, il y a évidemment beaucoup de joie.

« LOTTE L'A SENTI COMME ÇA »

Comment analyses-tu la course des Belges ?
Elle a très bien commencé avec Sanne Cant dans un groupe de huit. Sur la base des courses précédentes, nous avions compris qu'il y avait une grande chance qu'une fille joue la gagne en partant de loin. Cela s'est vérifié avec Elise Chabbey. Cela permettait aux autres d'être tranquilles dans le peloton. Julie Van de Velde et Justine Ghekiere ont bien aidé à ramener Lotte dans le peloton au moment du changement de vélo. Justine Ghekiere a encore très forte par la suite. L'équipe a fait en sorte de l'amener dans de bonnes conditions au moment des derniers circuits locaux. Lotte Kopecky a pu ensuite faire parler son talent.

Lotte Kopecky était très surveillée…
On le savait d'avance. Personne ne voulait rouler avec elle. Lotte devait juste faire en sorte que la course soit dure pour faire la différence dans le dernier tour. Elle devait épuiser ses adversaires parce que sinon elle se serait exposée à des attaques de concurrentes fraiches dans les deux derniers tours. Dans le dernier tour, quand elle rattrape Cécilie Uttrup Ludwig, c'était la compagne d'échappée parfaite. Elle savait qu'en roulant avec Lotte, elle avait une chance de terminer sur le podium. Elles ont directement embrayé et puis, elle la lâche. J'aurais personnellement attendu, mais c'est Lotte qui l'a senti comme ça. Elle avait compris que la Danoise était à la limite. Elle ne voulait pas laisser les autres revenir.

« C'EST LA CERISE SUR LE GÂTEAU »

Que signifie ce titre pour toi ?
C'est un sentiment incomparable. Je suis coach depuis 2004. De temps en temps, nous avons obtenu des titres de Champion d'Europe dans les catégories d'âges inférieures. Les dernières années, nous sommes à chaque fois dans le coup pour les médailles. En 2019, Julie De Wilde fait 2e au Championnat du Monde en Juniors. En 2020, Katrijn De Clercq et Marith Vanhove terminent sur le podium au Championnat d'Europe Juniors. L'an dernier, Febe Jooris décroche une médaille de bronze aux Championnats d'Europe et du Monde. Mais là, c'est la cerise sur le gâteau. Ce titre signifie beaucoup pour moi et pour Lotte, c'est la consécration. Elle rate la médaille olympique en 2021 et le titre mondial l'an dernier. Dans une carrière de sportif de haut niveau, tu n'as pas beaucoup de chances de décrocher le titre suprême. Je suis vraiment content qu'elle y soit arrivée.

Ce sacre est une forme d'aboutissement pour Belgian Cycling !
Nous avons commencé avec peu de moyens. Le cyclisme féminin belge s'est construit petit à petit. Il ne fallait pas s'attendre à des miracles durant les premières années. Nous avons donné la possibilité au cyclisme féminin belge de se développer. Je suis heureux que la fédération ait continué de nous soutenir. Je voudrais vraiment remercier Jos Smets, notre ancien directeur, qui a toujours été là dans les moments difficiles. Au final, on voit que ça en valait la peine.


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