« Tout le monde a galéré » chez les Espoirs françaises

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Tous les ingrédients sont réunis pour parler d’une journée cauchemar. Rien n’allait dans le sens de l’équipe de France Espoirs Femmes, ce vendredi, au Championnat d’Europe du VAM-berg. Les problèmes ont commencé très vite, après quelques minutes. Églantine Rayer goûte le bitume une première fois. "J’étais bien placée au départ mais j’ai chuté dès le km 3. Mon guidon était cassé, j’ai essayé de repartir mais mon dérailleur était pété aussi. J’ai changé de vélo mais j’avais super mal au dos". Au-delà des séquelles de la chute, l’habituelle sociétaire du Team dsm-firmenich sait dans quelle journée galère elle s’embarque. "À partir de là, j’ai eu super peur, je n’arrivais plus à remonter alors je suis restée derrière, en queue de peloton, tout le long, regrette-t-elle, en laissant ses larmes couler. C’est chiant parce que j’étais en forme… J’ai essayé de faire le saut mais j’étais seule, et trop loin, alors ça n’a pas marché".

Comme un problème n’arrive jamais seule, Maëva Squiban ne met pas longtemps à rejoindre sa coéquipière dans les galères. "J’ai changé de vélo au bout de quinze-vingt bornes. Il y a ensuite eu une chute et bien sûr, c’était pour moi… J’ai tapé le genou notamment. J’ai galéré pour rentrer. Puis j’ai crevé sur les pavés pendant le deuxième tour de circuit. Je suis encore rentrée mais à force de faire des efforts… Je n’étais pas très à l’aise sur le vélo et au bout d’un moment, ça n’est plus passé. C’était une journée galère. Tout le monde a galéré, ce n’était pas notre jour". Et sa future coéquipière d’Arkéa-B&B Hôtels ajoute aussi sa pierre à l’édifice des problèmes. "Églantine est tombée après trois bornes, moi dix bornes avant d’entrer sur le circuit. Je suis déçue, j’avais de bonnes jambes. J’aurais bien aimé aider un peu plus l’équipe. Mais j’ai fait tellement d’efforts inutiles à cause des chutes…".

LÉA CURINIER, LE GROS COUP DUR

Finalement, il ne reste que Léa Curinier et Cédrine Kerbaol qui peuvent rester au chaud en évitant les incidents. Dommage pour Églantine Rayer, qui espérait bien mieux au vu du parcours. "J’aimais beaucoup les trois bosses, c’est vraiment ce qui me correspond. Mais en étant derrière, je n’ai rien pu faire. C’est frustrant car l’équipe me faisait confiance, je suis déçue pour les filles, pour tout le monde. Je n’ai pas su répondre présent". Dans un bon jour, Marie-Morgane Le Deunff n’abdique pas et revient. À chaque galère, la Bretonne est comme un sparadrap collé au peloton. "C’est vachement technique, il faut bien négocier les virages, c’est en file indienne. Ça me correspond donc c’était cool. Mais je tombe quand ça monte, sur la partie où il faut être placée. J’étais vraiment bien, alors même quand ça casse je suis dans le bon groupe. Je suis frustrée mais ce n’est que mon premier Championnat d’Europe Espoirs".

Mais une fois de plus, un nouveau problème attend les Bleues. En grande forme, toujours placée dans les premières positions et même offensive dans les ascensions, Léa Curinier doit quitter ses coéquipières. "Dans le virage avant la bosse, j’ai perdu la roue avant. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, peut-être que j’ai pris un gravillon. Je me suis retrouvée à plat ventre et la course s’est arrêtée là pour moi. En me relevant j’ai tout de suite eu mal au crâne et je ne sentais pas trop ma main. J’ai tenté de repartir, mais c’était fini pour rentrer. C’est juste frustrant car les sensations étaient là". Difficile pour elle aussi de retenir ses larmes. La coureuse du Team dsm-firmenich va devoir passer des examens pour être fixée sur ce qu’elle a. "J’ai un peu le petit doigt qui a pris, peut-être une fracture. Il y a une entorse mais il faut voir s’il y a quelque chose de cassé derrière. Sinon ça va".

« ON NE PEUT PAS AVOIR DE REGRETS »

Le problème pour l’équipe de France, c’est que Marie-Morgane Le Deunff et Cédrine Kerbaol avaient donné de leur personne pour rentrer sur Zoe Backstedt. "C’est un peu frustrant d’être tombée. Ce n’était pas forcément moi la carte maitresse, mais le parcours me correspondait. Ça faisait penser au cyclo-cross. J’étais toujours bien placée, j’ai testé mes sensations en attaquant une fois dans la bosse et j’étais vraiment bien". D’ailleurs, Marie-Morgane Le Deunff a encore une fois laissé le peloton filer pour attendre Léa Curinier. "Je l’ai attendue mais je n’aurais pas dû. J’aurais dû rester concentrée sur Cédrine, la deuxième carte. Je perds une minute, je rentre dans les voitures le tour d’après, au pied de la bosse. Mais quand c’est monté pour l’arrivée j’étais cuite, je n’ai pas pu y aller. Je suis déçue d’avoir fait le yo-yo toute la course, car j’aurais aimé aider plus".

D’un côté, l’équipe de France ne peut pas s’en vouloir. Car avec une telle liste de problèmes, il n’y avait pas beaucoup mieux à faire. "On ne peut pas avoir de regrets, on a eu plein de problèmes pendant la course, déplore Marie-Morgane Le Deunff. On a fait comme on pouvait". Léa Curinier résume la journée des Bleues. "Certaines n’étaient pas très bien, d’autres sont tombées et ont eu du mal à se placer, donc je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais il va falloir débriefer". Finalement, Cédrine Kerbaol, première Française, s’en tire avec un anecdotique Top 30 (voir classement). Mais une fois les larmes séchées et le film de la course refait en boucles, l’équipe de France Espoirs Femmes aura tout le loisir de mettre de côté cette aventure néerlandaise qui a viré à la catastrophe.

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