Paul Magnier : « J’ai senti qu’ils me faisaient confiance »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Pour une première année Espoir, et accessoirement une première chez les professionnels, Paul Magnier a déjà envoyé des signaux positifs pour l’avenir, en témoigne sa 2e place d'étape au Tour du Limousin, entre autres. À tel point que cet hiver, il a rejoint la Soudal Quick-Step, directement au sein de la WorldTeam. Malgré tout, celui qui portait les couleurs de Trinity Racing en 2023 aura de nombreuses opportunités d’avoir le leadership dans l’équipe réserve, comme à Liège-Bastogne-Liège U23, au Tour de Bretagne ou encore au Baby Giro. Avant de découvrir le plus haut niveau mondial, Paul Magnier est revenu avec DirectVelo sur son ascension qui a mené à son arrivée dans la structure belge.

DirectVelo : Comment s’est passée ton approche avec la Soudal Quick-Step ?
Paul Magnier : Mes premiers contacts avec Quick-Step remontent à mon année Junior 2, avant le Valromey. J’ai fait ensuite les stages avec eux en décembre et en janvier. Mais je n’ai pas signé tout de suite, parce que j’avais des questionnements entre équipe de développement ou WorldTour. Ensuite, j’ai été malade donc ça a tout retardé. Je me suis dit que j’allais faire un an de développement puis deux ans de WorldTour, et finalement, j’ai pensé que je pouvais aller directement en WorldTour. J’avais déjà signé pour 2025 et 2026 et pour 2024, ça s’est signé mi-novembre.

Qu’est ce qui t’a fait choisir la Soudal Quick-step, plutôt qu’une autre équipe ?
J’avais été contacté par plusieurs équipes de développement, mais j’étais allé chez Trinity parce que c’était la seule qui me permettait un vrai programme route et VTT. Je connaissais la Quick-Step puisque j’étais donc allé en stage avec eux. Et c’est la seule équipe qui a continué à me faire confiance pendant ma mononucléose. Toutes les semaines, j’avais un appel, voire même des messages de Julian (Alaphilippe). Ça m’a fait chaud au cœur et j’ai senti qu’ils me faisaient confiance. Et malgré le début de saison moyen que j’ai fait, ils voulaient quand même me signer. Ça a joué dans mon choix.

« J’AI PRIS CONSCIENCE DE CERTAINES CHOSES »

Tu as pu voir l’intérieur de l’équipe, lors de stages où tu as été convié…
J’adore quand tout est carré, quand tout est professionnel. Et en stage, j’ai vu que c’était le cas. Et je peux compter sur l'expérience de toute l’équipe, du staff. Ils savent gagner des grandes courses. C’est vraiment un honneur de rejoindre cette équipe, ils ont une énorme histoire dans le cyclisme. 

Qu’est ce que t’ont apporté les stages avec eux ?
Le stage avec eux m’a permis de voir où j’en étais physiquement. Et j’ai aussi vu comment ils travaillaient. Ce n’est pas le même budget et pas le même niveau de professionnalisme. J’ai pris conscience de certaines choses. Sur le plan relationnel, ça m’a permis de commencer à m’intégrer. J’étais déjà allé les voir sur certaines courses et certains coureurs m’avaient reconnu, c’était top. Et maintenant qu’on a fait le team building, ils me connaissent tous. Je n’ai pas eu trop de problèmes pour m’intégrer, je parle plutôt bien anglais. Ils sont tous supers sympas. Ce sont des Belges, ils parlent beaucoup (rires). 

Tu rejoins une des plus grandes équipes du WorldTour, composée de plusieurs stars, comment se passe ton intégration ?
Ça va être spécial de courir avec Julian ou même Remco (Evenepoel), dont j’admire le travail. Ça va me faire bizarre de rouler avec des grandes stars qu’on regarde à la télé. Après, Julian, Antoine (Huby) et moi, on s’est super bien entendu dès le début. On n'a pas totalement le même profil de coureur mais on s’entend bien entre nous.

« UN GOÛT AMER DU DÉBUT DE SAISON »

Le fait de savoir dès début 2023 que tu irais chez eux l’année prochaine t’a permis de courir libéré ?
Au début de saison, je savais déjà que j’irais là-bas l’année prochaine mais ça n’a pas changé grand-chose parce que j’avais envie de faire des résultats. Je ne voulais pas arriver en WorldTour sans résultats. Je voulais montrer de quoi j’étais capable, et je me suis mis la pression tout seul. 

Tu avais quand même la pression donc… 
Oui, c’est d'ailleurs la pression que je me suis mis tout seul qui a sûrement fait que j’ai attrapé la mononucléose. J’ai roulé comme un fou, comparé à ce que je faisais en Junior, les charges que je me suis mises en Espoir 1 n’avaient rien à voir. J’ai fait des erreurs. Par exemple, entre les stages, je continuais à fond, alors que j’aurais dû me reposer. C’est une erreur de jeunesse, mais même mon coach me disait de me calmer, mais je ne l’écoutais pas trop. Mais bon, ça m’a permis d’apprendre, je ne recommencerai plus. Et je préfère que ça arrive maintenant plutôt qu’en WorldTour, où les attentes sont différentes.

Avec du recul, comment juges- tu cette saison 2023 ?
Je garde un goût amer du début de saison mais bon, la maladie ne se contrôle pas vraiment et je tire une bonne leçon de la période. Après un mois sans vélo, j’ai réussi à revenir à un très bon niveau rapidement. Ça me rassure sur le fait qu’avec de la motivation et de l’ambition, je peux revenir. C’est bon à savoir pour les années futures. En début de saison, j’avais trouvé que la marche de Junior à Espoir était énorme mais finalement, c’était surtout parce que j’étais malade. Avec du recul, je me rends compte qu’avec le bon entraînement, le bon entourage, ça peut passer. J’ai aussi décidé de mettre l’école de côté pour l’instant. Ça a pas mal joué parce que ça permet de garder plus de fraîcheur. Mais ce n’est pas facile d’arrêter alors que je n’étais pas vraiment professionnel. J’essaie de toujours garder quelque chose de scolaire, rien que pour voir autre chose que le vélo. Cette année, je me suis inscrit à l’université en STAPS, on verra bien comment ça se passe. Je ne me mets pas la pression sur le scolaire, je garde toute ma motivation pour le vélo.

« JE PRÉFÈRE LAISSER FAIRE LES CHOSES » 

Sais-tu déjà quel type de coureur tu es ? 
Pour l’instant je me découvre un peu mais je me dirais bien puncheur et sprinteur en petit groupe. Mais j’aimerais bien grimper un peu mieux. En fin de saison, je voulais faire un beau résultat sur le Lombardie U23 mais j’étais un peu malade alors ça ne s’est pas passé comme prévu. En Junior, je ne grimpais pas si mal, mais j’aimerais bien faire de même en WorldTour. Cette année, je n’ai pas trop eu l’occasion de faire de gros résultats en montagne. Ça se passe bien à l'entraînement, mais c’est toujours différent en course. Je verrai bien l’année prochaine. 

Tu es également assez rapide, est-ce que ça te donne des idées pour plus tard ?
Je sens ce côté puncheur, qui vient sûrement du VTT. Dès que la course est compliquée, je tire mon épingle du jeu. Mais bon, en sprint massif, après une journée facile, je n’ai pas encore le placement et la puissance nécessaire pour être présent. Mais j’y travaille. Et je préfère laisser faire les choses. Je n’ai pas fini de grandir donc j’attends et je verrai comment ça se passe, et j’en parlerai avec mon entraîneur. Mais je suis encore jeune, pour l’instant, je préfère me laisser les portes ouvertes. Ce que j’aimerais être, c’est un coureur de Classique, sur les courses bien longues et difficiles. Et je suis dans la bonne équipe pour ça. Ils ont les coureurs et le calendrier pour ce genre de courses.

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