Tony Gallopin : « Continuer de vivre dans cette adrénaline »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Après une très belle carrière de seize saisons chez les pros, Tony Gallopin a décidé de raccrocher et ne sera plus présent dans les pelotons en 2024. Mais pas question pour l’ancien vainqueur d’une étape du Tour de France, de la Clasica San Sebastian ou encore d’une étape de Paris-Nice de quitter le milieu puisqu’il sera toujours dans la bulle course cette année, mais désormais au volant d’une des voitures de la Lotto-Dstny, formation avec laquelle il avait évolué entre 2014 et 2017. DirectVelo fait le point avec le Francilien avant la reprise.

DirectVelo : Devenir directeur sportif était-il évident pour toi ?
Tony Gallopin : Non, ça s’est fait depuis un an seulement, même moins. Depuis les Ardennaises l’an passé précisément. D’autres le sentent tout de suite, je pense, mais ce n’était pas forcément mon cas, même si j’ai été dans une famille de directeurs sportifs. Mais ce n’était pas une évidence pour autant. D’ailleurs, si je vois que je m’ennuie et que ce n’est pas fait pour moi, je ferai autre chose. C’est simplement que je n’avais pas forcément besoin de rentrer, d’être à la maison. Au contraire, j’ai envie de mouvement, d’objectifs dans ma vie, de continuer de vivre dans cette adrénaline et cette action.

« L’ÉQUIPE EST EN PLEINE ÉVOLUTION »

Avec Lotto-Dstny, tu retrouves une formation qui a beaucoup compté pour toi !
J’ai eu d’autres contacts, des opportunités avec d’autres équipes. Mais j’ai aimé mon échange avec Stéphane (Heulot), son discours. J’aime la façon de faire et de courir de l’équipe, avec ce renouveau. L’équipe a beaucoup changé. Moi le premier, il y a trois-quatre ans, je me demandais quel chemin allait prendre l’équipe et finalement, je vois que c’est une belle réussite. L’équipe a beaucoup rajeuni et elle répond présent. C’est une équipe avec plein d’ambitions et de projets, des talents à développer.

On aurait pu t’imaginer passer de coureur à DS chez Lidl-Trek…
J’avais aussi un projet avec eux, l’équipe est en pleine évolution (avec la création de la réserve cette année, NDLR). Ces deux équipes, Trek et Lotto, ont été importantes pour moi, j’ai discuté avec les deux. Le choix a été difficile, je ne vais pas le cacher. Mais à la sortie du Tour de France, le discours de Stéphane m’a vraiment convaincu et finalement, j’ai pris ma décision assez vite, même si ce n’était pas simple. Chez Lotto, le staff a beaucoup changé mais je connais encore quelques membres de l’encadrement et des coureurs, Thomas (De Gendt) et Jasper (De Buyst).

Quels souvenirs gardes-tu de tes années de coureur chez Lotto ?
Ce sont mes plus belles années sur le vélo. Quand on regarde les photos qui retracent les moments les plus marquants de ma carrière, la plupart sont avec le maillot de la Lotto (notamment sa victoire d’étape à Oyonnax et le port du maillot jaune sur le Tour de France en 2014, NDLR).

« IL FAUT TROUVER LA BONNE BALANCE »

Quelle sera ta mission en 2024 ?
J’ai commencé à prendre mes marques dans l’équipe. Il faut être honnête, j’ai beaucoup de choses à apprendre. J’ai mon expérience de coureur, mais directeur sportif est un tout autre métier. Je vais être là pour accompagner les jeunes car c’est quelque chose que j’affectionne. J’ai mes idées, j’espère pouvoir apporter quelque chose à l’équipe.

De quelles idées parles-tu ?
Lors de mes derniers mois en compétition, sur le vélo, je me demandais souvent qu’est-ce que j’aimerais entendre à ce moment-là, qu’est-ce qu’il faudrait me dire ou ne pas me dire… Il faut trouver la bonne balance. On a des radios, il faut s’en servir, mais il faudra voir au cœur de l’action. Dans la voiture, on ne voit pas tout. Mais je ne vais pas développer mes idées maintenant. Il faut que j’apprenne le fonctionnement de l’équipe. En tant que coureur, il y a des choses qui m’auraient plu, que j’aurais parfois aimé avoir… Je les ai en tête. J’ai même tout noté sur un carnet ces derniers mois. Mais je n’arrive pas en voulant imposer des choses, en pensant que je vais révolutionner l’organisation d’une équipe qui marche très bien. Je vais devoir prendre de l’expérience auprès des autres directeurs sportifs.

As-tu un modèle dans le milieu des DS ?
J’ai côtoyé énormément de directeurs sportifs. Chacun a des qualités et des défauts. Bien sûr, je vais m’inspirer de certains qui m’ont suivi dans ma carrière mais je n’ai pas de modèles particuliers.

« LE TOUR (...) CE N’EST PAS UNE PRIORITÉ »

Pourrait-on te voir au volant d’une voiture de la Lotto-Dstny sur le Tour de France dès cette saison ?
Honnêtement, je ne sais pas. Je n’ai demandé aucune course, aucune priorité. Bien sûr, je connais très bien certaines courses de par mon expérience de coureur. Je pense par exemple à Paris-Nice, où j’imagine pouvoir apporter quelque chose. Le Tour, bien sûr que ce serait une superbe expérience, mais ce n’est pas une priorité.

Vas-tu te remettre au néerlandais ?
Là j’ai beaucoup perdu (rire). Après quatre ans là-bas, je commençais à comprendre. Je pouvais parler au moins le langage du vélo. Mais là, il va falloir s’y remettre même si la langue principale restera l’anglais.

Quelle serait une saison 2024 satisfaisante pour toi dans ce nouveau rôle ?
C’est difficile à dire. Les résultats sportifs sont importants, il y a des courses à gagner. Mais ce n’est pas le challenge N°1. Je n’ai pas envie de me focaliser sur ça. Je veux surtout m’éclater dans mon boulot et progresser avec les jeunes.

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